L’histoire n’a pas facilité la tâche à Chadli. De nombreux évènements ont précipité son départ
A peine a-t-il commencé à construire un nouvel édifice institutionnel que Chadli a été écarté du pouvoir.
Chadli Bendjedid remet sa démission le 11 janvier 1992. Il clôt ainsi son exercice au sommet de l’Etat qui a débuté à la fin des années 1970 après le décès de Houari Boumediene. L’homme a quitté le pouvoir dans un contexte mouvementé.
Auparavant, il y avait des élections législatives mais le deuxième tour n’a jamais eu lieu. Avant que les Algériens ne prennent connaissance de la décision de Chadli d’écourter son règne au palais d’El Mouradia, il avait pris le soin de dissoudre l’Assemblée nationale laissant, de ce fait, un vide au sein des institutions de l’Etat. Abdelaziz Belkhadem était à la tête de l’APN. Il perd ainsi l’occasion de prendre les destinées de l’Etat. C’est alors le Haut Conseil de sécurité qui entre en scène.
La démission de Chadli ouvre aussi la voie à des spéculations sur un rôle supposé de l’armée qui l’aurait poussé à prendre cette décision. En réalité, la dissolution de l’APN a été prononcée dès le début du mois de janvier mais son annonce n’a été faite que le jour où le président a remis sa lettre de démission au Conseil constitutionnel, présidé alors par Abdelmalek Benhabylès. Dans ses mémoires, le général Khaled Nezzar a reconnu que l’armée a «aidé» le président à quitter ses fonctions. Les constitutionnalistes ne sont pas sûrs que cette démarche est vraiment constitutionnelle car le président avait le devoir de veiller sur la bonne marche des institutions et à la sécurité du pays. Depuis son départ d’El Mouradia, le président s’est muré dans le silence. Il n’a accordé que peu d’entretiens à des médias algériens et étrangers pour répondre à des attaques concernant sa personne.
Ses Mémoires étaient attendues pour novembre avec l’espoir caressé par les observateurs de trouver des réponses à leurs questions sur les événements de cette année de 1991 et le début de 1992. L’histoire n’a pas facilité la tâche à Chadli. De nombreux évènements ont précipité son départ.
Il y avait d’abord toute l’opposition en exil ou à l’intérieur du pays qui s’est liguée contre sa politique et qui demandait des réformes. Des émeutes ont d’ailleurs eu lieu à Tizi Ouzou, Sétif et Alger pour porter cette revendication. Il y eut également la chute du prix du baril du pétrole et la chute du mur de Berlin qui sont tous des indices qui faisaient que le modèle de gouvernement hérité de 1962 n’était plus tenable. La révision de la Constitution intervient en 1989 pour ouvrir la voie au multipartisme et à des élections pluralistes. C’est le FIS qui remporte de nombreux sièges au premier tour des élections de 1991. Mais le pouvoir ne pouvait pas être partagé. Les élus de l’ex-FIS ne sont pas contents de l’arrêt du processus électoral. Les plus extrémistes créent alors des maquis. Une décennie sanglante s’ensuit. Le rôle de Chadli dans l’agrément de l’ex-FIS a toujours été un motif d’interrogation qui n’a jamais trouvé de réponse.
A peine a-t-il commencé à construire un nouvel édifice institutionnel qu’il a été écarté du pouvoir.