«Nous, les chefs d’Etat et de gouvernement des Etats membres de l’Union africaine, sommes gravement préoccupés par le développement d’actes terroristes dans le monde, y compris en Afrique, et par les risques croissants des liens entre le terrorisme, le mercenariat et les armes de destruction massive, le trafic de drogue, la corruption, la criminalité transnationale, le blanchiment d’argent et la prolifération illicite des armes légères», lit-on sur le protocole à la convention de l’OUA (devenue Union africaine) sur la prévention et la lutte contre le terrorisme.
L’Union africaine (UA), qui est l’ex-OUA, a maintenu la lutte contre le terrorisme et tous ses corollaires, dont le blanchiment d’argent et le mercenariat. L’Algérie a, il y a quelques mois, organisé une conférence sur le mercenariat, attirant l’attention sur ce fléau qui tend, de par le monde, à être instrumentalisé et même institutionnalisé, et dont le terrorisme ne peut qu’en tirer profit.
La conférence était une occasion pour rappeler les souffrances endurées par le continent africain à cause de ces pratiques (mercenariat) qui ont énormément coûté en vies humaines, que ce soit en Côte d’Ivoire, en Irak ou ailleurs.
L’alerte est, aujourd’hui, toujours valable d’autant plus que le Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC), devenu Aqmi, et les groupuscules qui lui sont affiliés disposent de mannes financières considérables provenant des paiements de rançons en contrepartie de la libération d’otages et d’importants lots d’armes et de munitions volés des casernes militaires libyennes. L’organisation terroriste pourrait donc, facilement, se payer les «prestations de services» de mercenaires, prêts à tout pour de l’argent.
Les mercenaires ne sont pas forcément africains, comme le prouvent différents conflits armés ayant eu lieu en Afrique et auxquels ont participé des mercenaires venus de certains pays d’Europe, notamment de France. Ce sont des mercenaires français qui se comptaient par dizaines et qui ont participé à la guerre civile qui a ravagé, il y a plusieurs années, la Côte d’Ivoire.
Le journal français Libération, qui qualifiait les mercenaires français de «chiens de guerre», avait cité que ceux-ci étaient payés jusqu’à près de 7000 dollars par mois. «La somme n’était pas suffisamment importante pour que les mercenaires risquent leurs vies», avait commenté le journal, qui explique, par là, que les mercenaires se limitaient, surtout, à l’entraînement d’éléments engagés dans la guerre civile et la maintenance de matériel militaire.
Les pays dits du champ, engagés dans la lutte contre le terrorisme et le crime organisé et transfrontalier, dans la bande sahélo-saharienne, prennent la menace au sérieux, d’où leur participation à la conférence d’Alger sur le mercenariat qui a eu lieu en plein conflit armé en Libye. En Irak, le mercenariat est, carrément, industrialisé à travers la création de sociétés proposant de telles offres de services. Les mercenaires perçoivent jusqu’à 11 000 dollars, dans ce pays, pour combattre aux côtés des forces de la coalition ou assurer la sécurité de sites.
Le nombre d’employés de sociétés privées activant en Irak a atteint 7000, au moment où les troupes américaines, dans ce pays, se réduisaient en nombre. Parmi les mercenaires et recruteurs, on trouve, souvent, des anciens de l’armée française. C’est le cas de cet officier d’infanterie français, qui recrutait dans des locaux à Londres, parmi la Légion, des commandos ou des paras.
La société de sécurité, qui recrute au nom de commanditaires souvent américains ou britanniques, leur propose une mission de 45 jours, rémunérée 7000 livres (10 200 euros), afin de protéger des sites sensibles en Irak, avait-il été rapporté. Il a même été rapporté que la DGSE (services secrets français) avait rédigé des rapports sur le sujet, à la mi-novembre 2005, informant que «37 ressortissants français seraient actuellement employés par sept sociétés de sécurité privées en Irak».
Par Mounir Abi