Alors qu’il était ministre de l’Habitat, au début des années 2000, Abdelmadjid Tebboune avait annoncé l’intention des pouvoirs publics d’établir le fichier national du logement. On s’en rappelle, le projet avait, à l’époque, rencontré une farouche résistance de la part d’élus de l’Assemblée populaire nationale.
Les pouvoirs publics avaient, peu de temps après, annoncé le début de l’opération avant de déclarer par la suite que le fichier national du logement est établi. En 2012, Abdelmadjid Tebboune revient à la tête du ministère de l’Habitat et de l’Urbanisme et a déclaré, il y a quelques jours, son intention de créer le fichier national du logement, en particulier celui à caractère social. Qu’en est-il exactement ?
Cela supposerait-il que l’annonce faite il y a environ une dizaine d’années selon laquelle le fichier national du logement était établi est une fausse déclaration ? L’hypothèse n’est pas à écarter par une source proche du département ministériel de Abdelmadjid Tebboune, selon laquelle «sur les 8 millions d’unités d’habitations collectives et individuelles que compte le pays, seulement 2 millions sont enregistrées au fichier national».
«Tous les logements attribués, en particulier ceux à caractère social, ne sont actuellement pas enregistrés au fichier national», ajoute cette source. Une situation qui n’est pas faite pour lutter contre la disparité dans l’attribution de ce genre de logements.
L’Algérie, qui comptait à l’indépendance du pays 900 000 unités, a réalisé, depuis l’année 1962, 6,2 millions d’unités, sans que le problème du logement ne soit pour autant éradiqué. Ce n’est, selon notre source, pas seulement le fichier national du logement qui n’est pas entièrement établi, mais aussi les données des domaines «qui ne sont pas totalement actualisées» par rapport à la situation d’avant 1962 et celle d’après.
1 MILLION DE PROPRIÉTAIRES DE VILLAS NON IDENTIFIÉS
A cette situation s’ajoute une autre, en ce qui concerne l’absence de données chez les pouvoirs publics. Il s’agit des constructions individuelles non achevées et/ou non régularisées. L’opération de régularisation lancée par les pouvoirs publics en 2008 ne semble pas avoir connu un grand succès puisque l’appel aux concernés a été relancé il y a quelques semaines par le gouvernement de Abdelmalek Sellal.
Les pouvoirs publics invitent, une nouvelle fois, en fixant cette fois un délai, les propriétaires de constructions, achevées ou non, à déposer des dossiers de régularisation au niveau des Assemblées populaires communales (APC) concernées. La réalité est qu’on ne se bouscule pas aux portes des APC pour cette opération.
L’opération concerne, rappelle-t-on, les constructions appartenant à des particuliers érigées sans permis de construire ou en infraction au permis de construire dont ils disposent, ou, également, en infraction à la loi d’urbanisme. Notre source estime à 1 million le nombre de constructions individuelles, au niveau national, achevées ou non, appartenant à des particuliers non identifiés par l’Etat en l’absence de dossiers de régularisation.
Selon cette source, cette situation est liée au fichier national du logement. «En effet, nombre de propriétaires de villas en construction bâties sur des terrains qui leur ont été attribués dans le cadre social évitent de déposer des demandes de régularisation pour ne pas être identifiés s’ils ont, auparavant, bénéficié de logements sociaux», explique notre source. «C’est la crainte du fichier national du logement qui, pourtant, n’existe qu’en partie», selon la source.
70 000 NOUVELLES VILLAS CHAQUE ANNÉE
Ce sont 70 000 villas qui sont construites chaque année en Algérie, ajoute notre source. Les normes de construction ne sont pas toujours respectées, notamment celles liées aux espaces verts, selon la source. «Alger qui comptait 900 hectares d’espaces verts dans les années 1990 dispose, actuellement, de 7% d’espaces verts, alors que les normes internationales exigent au minimum 10%», explique notre source.
«Les normes veulent également que pour chaque habitant, il y ait 10 m2 d’espaces verts, tandis qu’à Alger chaque habitant dispose, en moyenne, de moins d’un mètre carré», ajoute-t-on de même source.
Une situation pas très agréable avec le renforcement du parc automobile et le dégagement de volumes de plus en plus importants de plomb. Une opération a lieu actuellement ayant pour but de classer les espaces verts conformément à l’arrêté du 15 mai 2007, selon la source, selon laquelle «la tâche est des plus ardues».
Mounir Abi