Il est chargé de mener les consultations autour de la révision de la constitution, Ouyahia : la double peine !

Il est chargé de mener les consultations autour de la révision de la constitution, Ouyahia : la double peine !

Déjà que le projet de révision constitutionnelle n’inspire pas grand monde dans la classe politique nationale, le choix du président de la République de l’homme qui en conduira les consultations, ne semble pas faire l’unanimité.

Pour un projet qu’Abdelaziz Bouteflika a promis «consensuel», les différents partis politiques contactés ne captent pas les signaux d’une réelle volonté de changement. D’un autre côté, les partis voient en Ahmed Ouyahia un enfant du système qui incarne le statu quo.

SOFIANE DJILALI, PRÉSIDENT DE JIL JADID : «Ce n’est pas le personnage qu’il faut»

«Dans le cadre des règles du jeu politique ce n’est pas ce genre de personnage qu’il faut pour conduire de telles consultations. Ce n’est pas aussi un homme qui a été fortement impliqué dans les 15 ans de règne d’Abdelaziz Bouteflika. Il faut rappeler qu’Ahmed Ouyahia a eu à prendre part à la révision de la Constitution de 2008, laquelle a été d’une grande régression à tous les niveaux et particulièrement sur le plan démocratique. Maintenant qu’il s’agit de lui ou de quelqu’un d’autre, une telle opération ne devrait pas se faire à travers un homme mais plutôt en associant l’ensemble des institutions ».

ZINEDDINE TEBBAL, PORTE-PAROLE DU MSP : «Ouyahia ne reflète pas le consensus»

La personne choisie pour conduire les consultations, qu’est Ahmed Ouyahia, ne reflète pas l’idée d’une révision constitutionnelle consensuelle telle que présentée par le pouvoir.

Ça devrait être une personnalité qui a la confiance de tous les courants politiques du pays, et non pas quelqu’un qui a eu à occuper plusieurs fois le poste de chef de gouvernement sous le règne d’Abdelaziz Bouteflika. C’est un mauvais départ et le président de la République avait largement le choix au lieu d’opter pour celui qui a été pendant longtemps à la tête d’un parti politique au pouvoir, en l’occurrence le RND. C’est aussi un mauvais signe pour les citoyens car il faut dire que beaucoup ne le portent pas dans leur coeur. C’est lui qui avait d’ailleurs dit : je suis l’homme des sales besognes».

ATMANE MAZOUZ, SECRÉTAIRE NATIONAL CHARGÉ DE LA COMMUNICATION AU RCD : «C’est le pire des signaux»

Pour parasiter toute initiative et pervertir tout processus d’élaboration de projet salutaire à la Nation, le régime a trouvé le fils et l’intendant de la famille en Ahmed Ouyahia.

Qui appeler de mieux pour exécuter une autre arnaque si ce n’est le pire catalyseur de méfiance et de défiance ? Confier le projet de la révision de la Constitution à Ouyahia est le pire des signaux qui augure d’une Constitution à l’opposé des attentes des Algériens. Donner une Constitution au pays est un acte d’une extrême importance qui ne peut être pris en charge par un personnage qui ignore le respect de l’arbitrage citoyen, les valeurs démocratiques et hostile à toute vision qui garantira au pays l’harmonie, la transparence et la justice.

Encore une fois, nous assisterons à une opération dominée par l’opacité et les luttes de clans et qui débouchera sur le dévoiement d’un dossier essentiel à la renaissance algérienne comme souhaité par la majorité des Algériens et de l’opposition. Avec Ouyahia, la démarche et la conclusion sont connues d’avance : il fera défiler les clientèles et les affidés du régime avant que les segments occultes et le chef de l’Etat n’achèvent le travail en tripatouillant une copie digne des républiques bananières».

ABDELKADER BOUDJOURAS, PORTE-PAROLE DU FNA : «Ce n’est qu’un exécuteur»

«Ahmed Ouyahia n’est qu’un commis de l’Etat, chargé de mission par Abdelaziz Bouteflika qui veut savoir à travers ces consultations, ce que pensent les partis politiques de la prochaine révision de la Constitution. Que ce soit donc, l’actuel chef de cabinet à la présidence ou quelqu’un d’autre, la personnalité choisie pour l’opération ne revêt pas d’importance. C’est l’intention première du pouvoir qui nous intéresse par-dessus tout. Comme le changement ne vient jamais de la main du pouvoir lui-même, nous ne nous attendons pas à grand-chose».

DJELOUL DJOUDI, PORTE-PAROLE DU PT : «Sans jugement»

«C’est le choix du président de la République que de diriger les consultations sur la révision de la Constitution par Ahmed Ouyahia. Il est donc chargé d’une mission et nous n’avons pas de jugement de valeur particulier à faire sur lui. A plus forte raison que nous ne savons pas encore de quelle manière vont se dérouler les consultations en question».

AHD 54 ET LE FFS : Silence… pour le moment

Contacté, le porte-parole d’Ahd 54, Toufik Benallou, a signifié qu’il n’a pas de déclarations particulières à faire pour le moment, en attendant la prochaine conférence de presse que compte organiser le président de son parti Fawzi Rebaïne, dans une semaine. La question des consultations pour la révision de la Constitution conduites par Ahmed Ouyahia y sera abordée, promet-il. De son côté, le secrétaire national chargé de la communication au FFS, Youcef Aouchiche, est resté injoignable.

Propos recueillis par Mehdi Mehenni