Amar Saâdani, secrétaire général du FLN
Le parti de Saâdani ne court pas après la construction d’un consensus à définir, mais veut trouver un maximum d’adhésions au projet présidentiel.
Le front de soutien au programme du président de la République et la révision de la Constitution constituent les deux grands chantiers du pouvoir au plan politique. Le FLN, désigné en qualité de chef de projet, s’active à donner vie à l’ambition présidentielle de clore le processus de réforme engagé en avril 2011 à travers l’établissement d’une base partisane suffisamment large pour accompagner la démarche présidentielle et lui conférer la crédibilité nécessaire, à même de convaincre l’opinion nationale sur sa pertinence. Même si au plan de la méthode, la démarche du pouvoir ne brille pas par une innovation particulière, elle reste néanmoins «efficace» au sens où elle dégagera, pour la consommation externe, une image de large consensus autour de l’initiative présidentielle. C’est dire donc que les deux projets sont liés l’un à l’autre et l’on voit mal le pouvoir se hasarder à rendre publique la révision constitutionnelle, sans avoir auparavant, travaillé à sa réussite.
Ainsi, la sortie de Amar Saâdani, en réponse à la proposition d’Ouyahia qui consistait à réveiller l’alliance présidentielle, ne relevait pas d’une simple volonté de montrer les muscles du FLN, mais poursuivait l’objectif d’empêcher toute autre initiative susceptible de brouiller l’écran de contrôle du vieux parti. La fin de non-recevoir adressée par Saâdani à la proposition de consensus du FFS trouve sa justification également dans le «mégaprojet» du FLN de fédérer tout ce qui peut l’être comme formation politique autour d’un même objectif qui n’est pas forcément celui du plus vieux parti d’opposition. En effet, le parti de Saâdani ne court pas après la construction d’un consensus à définir collégialement, mais veut trouver un maximum d’adhésions au projet présidentiel. Ce dernier n’est pas seulement politique, puisqu’il concerne également d’autres institutions de la République, on en a pour preuve, les changements structurels opérés au sein de l’ANP. Mais il n’en demeure pas moins que le pendant politique du projet présidentiel est, au moins, aussi important que le reste du chantier ouvert par le chef de l’Etat. Il est d’autant plus important que le chef de l’Etat ne peut pas décider de changement dans ce «compartiment» en recourant à des décrets présidentiels de mise à la retraite ou autres promotions. La scène politique est autrement plus complexe et la réussite d’un projet dépend surtout de sa popularité auprès des acteurs politiques prioritairement, et au sein de la société, ensuite. Il va de soi que les Algériens apprécieront l’opportunité du changement et la pertinence des propositions présidentielles dans le discours des politiques.
Aussi, les trois prochains mois seront-ils déterminants dans l’action politique des partis au pouvoir qui devront avoir une force de conviction suffisamment efficace pour drainer un maximum de sigles derrière la «locomotive» FLN et présenter, ainsi, une majorité providentielle qui soit à la hauteur de l’ambition du chef de l’Etat. Faut-il souligner, à ce propos, que le président de la République qui a régulièrement évoqué le sujet de la révision constitutionnelle semble en faire une oeuvre politique majeure qui lui survivrait et lui ouvrirait grandes les portes de l’Histoire de l’Algérie. Cet aspect des choses, bien que marginal, aux yeux de certains observateurs, constitue un pan très important dans la démarche du FLN qui entend donner de son président l’image du père de la nation et, partant, beaucoup de cadres du vieux parti ont prioritairement le souci de porter le projet de la nouvelle Constitution, comme ils l’ont fait avec la réconciliation nationale, portée aux nues par le personnel du pouvoir et dont, justement un rapport global sur sa mise en oeuvre sera remis au chef de l’Etat. Les rédacteurs dudit rapport soutiennent d’ores et déjà que la grande réussite de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale, approuvée par référendum est qu’il n’y a pas eu de vendetta.

Après le succès de la réconciliation nationale, pourquoi pas une dernière grande victoire d’une nouvelle Constitution qui mettrait l’Algérie véritablement sur la voie de la démocratie effective, d’autant qu’elle sera promulguée et appliquée par la génération de l’indépendance. La fin de règne de la génération de la guerre de Libération nationale et de la légitimité révolutionnaire coïncide avec une volonté coriace de créer une deuxième République. Celle-ci sera peut être mise en place par un personnel politique pas forcément populaire, mais semble promettre le chef de l’Etat, ce sera au peuple de le changer s’il l’estime incompétent.