Ces derniers étaient appelés hier à disséquer l’économie algérienne, confrontée à une baise sévère des revenus pétroliers, et faire des recommandations pour parer aux effets de la crise.
Intervenant lors de la table ronde organisée, hier, par le Conseil national économique et social (Cnes) sous le thème “Du défi de la résilience à l’exigence de l’émergence de l’économie nationale : l’avis des experts”, le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, a estimé que la crise actuelle constitue aussi une opportunité pour l’Algérie afin d’opérer un cap vers une économie portée par le travail et la création des richesses. Il a ainsi appelé les Algériens à changer leur rapport au travail. “Ce n’est pas une question d’argent, mais de mentalités. Il faut faire une révolution dans les mentalités. Il faut travailler plus, il faut que les gens apprennent à dire je vais travailler, et non je vais au travail”, a-t-il déclaré. Sellal a aussi esquissé les contours de cette révolution mentale.
“Nous devons rationaliser l’utilisation des ressources et aux citoyens de ne plus gaspiller l’eau, ni le pain ni l’énergie. Que le fonctionnaire se mette en tête qu’il est au service du citoyen et qu’il n’est pas son tuteur. Que les banques comprennent que leur rôle est d’aller chercher des clients pour pouvoir mobiliser leurs épargnes…”, a-t-il indiqué. Le Premier ministre, qui, par ailleurs, a rassuré les Algériens que l’État ne reviendra pas sur le modèle socioéconomique, croit en le potentiel du pays pour surmonter la crise. “Autant je suis pessimiste dans l’analyse, autant je suis optimiste dans l’action”, a-t-il dit.
Il a ainsi souligné au collège d’experts réunis par le Cnes pour formuler des recommandations en vue d’aider le gouvernement à concevoir des solutions, qu’il est à la recherche de correctifs et non pas de préconisations qui remettent en cause les acquis sociaux. “Nous n’avons pas de positions dogmatiques ou figées mais nous maintenons le cap pour construire un État fort qui organise une société libre et solidaire avec les démunis”, a-t-il noté. Et d’ajouter : “La justice sociale est partie intégrante du combat des Algériens, nous ne pouvons pas les heurter, il faut aller doucement.” Quant aux engagements du gouvernement à court terme et notamment ceux pris dans le cadre de la loi de finances complémentaires pour 2015 ou ceux pour 2016, Sellal dit qu’ils sont largement réalisables. “Nous avons réalisé une croissance de 6% hors hydrocarbures en 2014 et l’objectif de 7% est à notre portée. Il y a une dynamique qui se met en place. Je donne l’exemple de l’acier et du ciment. Nous ne disposions que d’un seul complexe à Annaba, et ils seront trois dans peu de temps, deux à capitaux mixtes et un à capitaux privés étrangers. Pour le ciment, nous pourrons couvrir les besoins du marché national à l’horizon 2018.” Et pour faire face à la chute des recettes budgétaires, Sellal a évoqué la bancarisation de l’argent qui circule dans la sphère informelle de l’économie qui pourrait être mobilisé, selon lui, pour financer et le budget de l’État et les secteurs de l’économie formelle.
L.H.