Même s’il n’a pas voulu évoquer son avenir en conférence de presse préférant annoncer sa décision au président de la FAF en premier, le comportement de Saâdane depuis le début de la préparation à Crans-Montana laissait croire qu’il passait ses derniers jours en équipe d’Algérie.
Bizarrement, les critiques ne lui faisaient plus mal, lui l’homme sensible qui réagissait à la moindre critique de la presse. Il était même très ouvert avec les journalistes avec lesquels il lui arrivait de partager des plaisanteries. A la fin du stage Saâdane et pour le plaisir des membres de la délégation, il a dansé et piqué une tête dans l’eau chaude de la piscine.
64 ans, c’est le moment de la pré-retraite
Ce quatrième passage de Saâdane à la tête de la sélection algérienne a été nerveusement très éprouvant. Immixtion de toutes parts dans les affaires techniques, révolte des joueurs à chacun de ses choix et… ingratitude. C’est cela qui a fait le plus mal au Cheïkh. Des joueurs qu’il a sortis du néant ont osé lui manquer de respect, des remplaçants éternellement insatisfaits et des observateurs qui ont vite oublié que c’est un grâce à Rabah Saâdane que les Verts se sont retrouvés dans la cour des grands, 24 ans après. A 64 ans, c’est le moment de la pré-retraire voire d’une retraire définitive d’un milieu qui n’a jamais rien pardonné à l’homme.
«Une fois la Coupe du monde terminée, je ne remettrai plus jamais les pieds en Equipe nationale, même si ma mère ressuscitait», avait-il confié à ses proches dès les premiers jours de la Coupe du monde. C’était à cause de l’affaire Mansouri, l’affaire de trop pour Saâdane.
«J’annoncerai ma décision à Raouraoua d’abord»
Tout le monde s’attendait logiquement à la démission de Saâdane en conférence de presse, mais respectueux jusqu’au bout, ce dernier annoncera sa décision à son responsable hiérarchique : le président de la FAF.
«La décision est dans ma tête, mais je préfère la communiquer à M. Raouraoua», a-t-il déclaré au parterre de journalistes aux aguets. Toutefois, il ne faut pas s’attendre à un retournement de situation extraordinaire dans les jours à venir. Saâdane est bel et bien démissionnaire et il l’a fait savoir à maintes reprises même subtilement. A chaque fois qu’il parlait de l’avenir de l’Equipe nationale, il disait : «Je veux laisser des traces à celui qui aura la tâche de qualifier l’équipe à la prochaine CAN», répétait-il.
A la fin du match Algérie – Etats –Unis, Rabah Saâdane est allé saluer et féliciter tous ses joueurs un par un, comme pour prendre congé d’eux. Le soir, il devait annoncer sa démission à Raouraoua.
Certains joueurs étaient émus, d’autres un peu tristes de devoir quitter un entraîneur qu’ils ont appris à apprécier comme un père, d’autres par contre continuaient à faire la tête pour les mêmes raisons. Mais maintenant que c’est fini, Saâdane n’en avait cure. Pour lui, tous ses joueurs étaient ses enfants et il était prêt à passer l’éponge. S’il ne l’a pas déjà fait.
C’est peut-être cela son unique tort ces trois dernières années. Malgré tout et pour tout le bonheur qu’il a procuré au peuple algérien, Saâdane mérite de sortir par la grande porte et couler une retraite paisible. Au revoir Cheïkh et merci !
