Il déçoit au sein de sa famille politique et invite l’opposition à le rejoindre: Le pari osé de Saâdani

Il déçoit au sein de sa famille politique et invite l’opposition à le rejoindre: Le pari osé de Saâdani

La seule issue de secours reste sa proche famille politique et, miracle de la politique, le RND devient une véritable bouée de sauvetage pour le projet du secrétaire général du FLN.

Le secrétaire général du FLN, Amar Saâdani, a essuyé un niet catégorique des partis de l’opposition toutes tendances confondues. L’appel qu’il a lancé à ces partis pour rejoindre son initiative de constituer un front national de soutien au président de la République n’a pas été entendu. Mieux encore, il a été très mal perçu. Il est en effet inconcevable que des partis politiques qui ne demandent ni plus ni moins que le départ du régime en place puissent rejoindre une alliance politique dont le but est de renforcer justement le même système. Où cherchera-t-il alors cette adhésion à son imitative? Au sein des dizaines de partis-sigles qui n’ont aucun ancrage en politique? Parmi les universitaires et les intellectuels? Ambitieux et mu par un appétit politique remarquable, le patron du FLN ne veut pas se contenter de merles là où il y a des grives. Le 22 octobre dernier, il a appelé à la rescousse l’instance de coordination de son parti, une nouvelle structure constituée d’une trentaine de membres. A ce noyau dur, M.Saâdani a attelé les ministres-FLN, les responsables des structures de son parti à l’APN, les P-DG des entreprises publiques aux couleurs du parti, ainsi que des membres du comité central. Une composante qui fiat de l’ombre à un gouvernement qui risque de gêner sérieusement l’action de l’Exécutif lui aussi engagé dans la concrétisation et l’application du programme du président de la République. Il y a du cafouillage et des tiraillements dans cette initiative-projet pas très bien ficelée. Mal inspiré, Amar Saâdani a osé un pari perdu d’avance. La seule issue de secours reste sa proche famille politique et, miracle de la politique, le RND devient du coup, une véritable bouée de sauvetage pour le projet du secrétaire général du FLN. Ahmed Ouyahia a eu à s’exprimer sur cette initiative qu’il a d’ailleurs diplomatiquement rejetée. Saâdani relancera-t-il encore une fois Ahmed Ouyahia? C’est une forte probabilité surtout que l’idée d’un retour vers l’ancienne formule de l’Alliance présidentielle, telle qu’annoncée par Ouyahia, n’est pas exclue. C’est même le sens de la realpolitik qui l’exige mais que M.Saâdani semble perdre totalement de vue. Sur son chemin, il commet d’ailleurs, une triple erreur. La première est d’avoir invité l’opposition à rejoindre son initiative: coup d’épée dans l’eau. La seconde, c’est quand il a affirmé que le fait de «s’opposer au président est en soi, une opposition à la volonté populaire»: drôle de conception de la vie politique. Et enfin, la troisième erreur, est de n’avoir pas su convaincre même au sein de sa famille politique et principalement le RND. En se lançant en solo dans sa démarche, le secrétaire général du FLN a reproduit exactement les mêmes griefs qu’il reprochait à l’opposition, à savoir le flou qui entoure l’initiative, le manque de perspicacité sans compter l’éternelle question de leadership se résumant au: qui va présider quoi? De l’initiative de la Cldt, à celle du pôle du changement, à «la feuille blanche» du FFS, ont été en réalité des opportunités qui invitaient l’Algérie à un regard sur elle-même. C’est l’une des rares fois ou des Algériens ont mis au placard leurs différends idéologiques pour discuter en tant que politiques adultes et responsables. Pour une fois, il n’était pas question d’un partage d’une autorité, il ne s’agissait pas de la captation de la rente. Les acteurs appelaient à la réflexion et au dialogue autour des grands chantiers de l’heure et Dieu sait qu’ils sont nombreux. Ces initiatives torpillées ont été des occasions ratées pour le pays, alors qu’elles auraient pu constituer un véritable socle pour un nouveau départ.Si elles avaient rencontré l’attention et l’écoute qu’elles méritaient, elles auraient évité bien des pertes de temps, préjudiciables en ces moments de crise. Que de temps perdu, que d’occasions ratées!