Il débarque en visite-surprise au Caire : Les leçons de démocratie de John Kerry aux Egyptiens

Il débarque en visite-surprise au Caire : Les leçons de démocratie de John Kerry aux Egyptiens
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Sans crier gare, le chef de la diplomatie américaine a effectué une brève visite hier au Caire, où il s’est permis de donner des leçons de démocratie au nouveau raïs égyptien, tout en tendant de l’autre main un chèque de 572 millions de dollars, représentant une partie de l’aide militaire US.

Les Etats-Unis mettent-ils l’Egypte au même niveau que l’Afghanistan et l’Iran, où ses hauts responsables débarquent sans aviser en raison de la situation sécuritaire prévalant dans ces deux pays ? La question mérite d’être posée au vu de l’arrivée impromptue hier du secrétaire d’Etat John Kerry dans la capitale égyptienne. En effet, le chef de la diplomatie US a passé quelques heures au Caire sans que cette visite soit annoncée auparavant. Affirmant que “les Etats-Unis étaient très intéressés par l’idée de travailler en collaboration étroite avec le nouveau gouvernement pour que la transition se déroule de la façon la plus rapide et la plus fluide possible” ; John Kerry a cependant estimé que la transition en Egypte connaissait un “moment critique”.

Au cours de ses entretiens avec son homologue égyptien Sameh Choukri, le secrétaire d’Etat américain a évoqué “les défis énormes” qui attendent l’Egypte dans sa transition vers la démocratie. A l’occasion de cette visite, des responsables américains ont annoncé que Washington avait débloqué 572 millions de dollars d’aide à l’Egypte, il y a une dizaine de jours, après avoir obtenu le feu vert du Congrès. Cette tranche représente un tiers de la substantielle aide américaine à son grand allié arabe –1,5 milliard de dollars, dont quelque 1,3 en aide militaire– qui avait été gelée en octobre, l’administration américaine la conditionnant à la mise en place de réformes démocratiques après la destitution et l’arrestation en juillet 2013 de Mohamed Morsi, premier chef de l’Etat élu démocratiquement au pays.

Pour rappel, des responsables américains avaient annoncé, en avril, que la reprise de l’aide était prévue, notamment la livraison de 10 hélicoptères Apache pour appuyer l’armée égyptienne qui fait face à des attaques revendiquées par des insurgés djihadistes quasi-quotidiennement dans la péninsule désertique du Sinaï. Mais les 10 hélicoptères sont toujours aux Etats-Unis, ont précisé hier ces responsables. Ceci étant, Washington a régulièrement fait état de ses craintes au sujet de la répression de l’opposition, notamment pro-morsi, et des “tactiques” du gouvernement qui, selon les Etats-Unis, “divisent” la société égyptienne. Par ailleurs, des responsables américains ont souligné que Washington “reconnaissait que l’Egypte traversait une transition très difficile”. Ils ont ajouté que “les Etats-Unis souhaitent fortement que cette transition soit un succès”.

Un autre responsable US a cependant affirmé : “Nous sommes inquiets de voir que certaines tactiques utilisées pour régler les questions de sécurité divisent la société, les autorités radicalisent d’une certaine manière un pan de la société égyptienne, ce qui n’est pas tenable pour la stabilité globale”. “Nos relations sont anciennes (…) et reposent sur plusieurs piliers. Elles traversent un passage difficile en ce moment, c’est exact, et nous avons de vraies craintes sur le climat politique en Egypte”, a-t-il souligné, tout en citant notamment “l’absence d’un espace pour l’opposition, les procès de masse et les condamnations à mort”. Il y a lieu de noter que cette visite intervient au lendemain de la confirmation de 183 condamnations à mort par un tribunal du centre de l’Egypte, dont celle du chef de la confrérie des Frères musulmans, le guide suprême Mohamed Badie.

M. T.