Il a réaffirmé son opposition à l’OMC en égratignant au passage Amara Benyounès et Abdeslem Bouchouareb qui font de la question leur priorité.
C’est avec un franc-parler et une certaine assurance que le secrétaire général de l’Union générale des travailleurs algériens, (Ugta), Abdelmadjid Sidi Saïd, a réaffirmé son opposition quant à l’adhésion de l’Algérie à l’Organisation mondiale du commerce (OMC), en indiquant que le sujet n’est plus d’actualité, en visant directement et sans les nommer, le ministre du Commerce Amara Benyounès et celui de l’Industrie et des Mines, Abdeslem Bouchouareb.
En effet, l’invité de Mme Louisa Hanoune (PT) à l’université d’été organisée par son parti, a fait savoir hier que «la question de l’adhésion à l’OMC n’est plus d’actualité» et qu’ «il n’est pas question de discuter de cette adhésion».Une façon bien à lui de dire «je ne veux plus entendre parler de cette question». Il a évoqué dans ce sens «le fonds de commerce» qu’utilisent certains qui indiquent «avoir été chargés par le président» ou encore «instruits par le président», ces pratiques selon l’inamovible Sidi Saïd «sont du bluff», car pour lui «on ne met pas le paravent du président pour faire passer la pilule». Par ailleurs, le patron de la Centrale syndicale a indiqué: «Il vaut mieux s’occuper de la régulation des marchés, la disponibilité des produits, ainsi que l’amélioration du pouvoir d’achat des citoyens.»
Une sorte d’allusion faite au ministre du Commerce et celui de l’Industrie qui font de l’adhésion à l’OMC leur priorité au détriment des réelles préoccupations des citoyens, qui eux, selon M.Sidi Saïd, «ne veulent rien savoir et se désintéressent de la question». Il estime que «Bouteflika a pour préoccupation le développement socio-économique du pays et non pas l’adhésion à l’OMC».
Le patron de l’Ugta a rappelé avoir déclaré par le passé que l’adhésion n’était pas une priorité et qu’un débat intellectuel et national devrait s’ouvrir sur cette question, mais de là à «en faire une sorte de parano et une obsession» est, selon Sidi Saïd, inacceptable. Pour lui, le discours de certains selon lequel «si on ne va pas à l’OMC, on va mourir de faim et de pauvreté», la réponse est toute prête chez le patron de l’Ugta: «Il faut savoir que si on adhère à l’OMC, on va s’appauvrir également.» Sidi Saïd a signalé avoir «explicité économiquement et socialement les dangers de cette adhésion».
Continuant sur sa lancée, et ne mâchant pas ses mots, il dira que «les charlatans de l’OMC et de l’Union européenne sont des charlatans pour eux-mêmes». Rappelant l’expérience algérienne avec le Fonds monétaire international (FMI), il dira «on n’a aucune envie de replonger dans une organisation mondiale qui sert les intérêts des puissances qui la gèrent». Pour lui, il ne s’agit pas d’une «position radicale» mais bel et bien d’une position «juste, celle de protéger l’économie nationale». Evoquant les Accords d’association avec l’Union européenne (UE), et ses résultats qui selon lui ne se résument qu’en importations, M.Sidi Saïd révélera que les 60 milliards de dollars d’importation par an protégent et sauvegarde 4 millions de postes d’emplois en dehors de nos frontières, à savoir dans l’Union européenne.
A cet effet, il a fait savoir que «la bataille de la production nationale est une bataille nationale» ajoutant à l’adresse de l’assistance: «Nous devons nous mobiliser pour consolider cette indépendance politique par une indépendance économique.» Continuant son discours avec une touche de délivrance, Sidi Saïd a signalé à propos des importations qu’une «dynamique psychologique subliminale» a été créée chez le consommateur algérien à qui on fait croire que les produits importés sont meilleurs que ceux produits localement.
Le patron de l’Ugta a souligné par la suite «la nécessité de la réouverture du segment textile» qui peut, selon lui, «jouer un rôle dans la relance industrielle». Il a déploré l’absence de normes douanières en soulignant: «On n’a pas de cahier de normes et cela concerne tous les domaines.» Pour le SG de la Centrale syndicale «l’enjeu aujourd’hui est d’établir des normes nationales». Par ailleurs, sur le plan international, et plus particulièrement les derniers évènements survenus dans la bande de Ghaza, où près de 410 Palestiniens, majoritairement civils ont été tués depuis le début de l’offensive israélienne, le 08 juillet dernier, Sidi Saïd condamnera fermement ces agissements en indiquant qu’il s’agit clairement de «l’extermination de tout un peuple» et cela avec la bénédiction des grandes puissances, à commencer par «la France qui interdit les manifestations».
Pour lui, il n’est plus question d’idéologie, mais d’intérêt. Argumentant, il expliquera que les grandes puissances utilisent des toiles de fond pour nuire à l’Islam. Il évoquera dans ce contexte les pays qui mettent en avant les djihadistes. «On est en train de construire une nébuleuse autour du terrorisme pour nuire à l’Islam» a-t-il signalé.
Le patron de l’Ugta a relevé «le silence radio» des syndicats européens qui «défendent les valeurs syndicales», ainsi que le mutisme du Monde arabe face à ce génocide. Il s’agit pour lui d’un schéma de recolonisation qui est en train de se reconstituer.