Chakib Khelil planifie sa réponse médiatique
Chakib Khelil qui en connaît un bout sur «la communication de masse», aurait choisi lui-même ses quotidiens pour effacer certaines rumeurs et replacer certaines vérités.
48 heures seulement après l’annonce du lancement du mandat d’arrêt par la justice algérienne, contre lui et contre sa famille, l’ex-ministre de l’Energie Chakib Khelil organise sa défense et planifie une stratégie de communication bien calculée.
En effet, l’ex-patron de la Sonatrach et patron de l’énergie a choisi volontairement quatre journaux arabophones pour publier sa riposte médiatique: El-Khabar, Echourouk, El-Bilad et El Fadjr. Chakib Khelil a volontairement évité de donner son «point de vue» et «sa réaction» pour la presse francophone, beaucoup plus critique et incisive envers lui. De plus, l’ex-patron de la puissante compagnie nationale des hydrocarbures sait pertinemment que le lectorat arabophone est beaucoup plus important et que par conséquent, il est sûr que son «message» et sa «riposte» seront largement lus et repris. Même si l’ex-ministre se défend d’avoir choisi ses journaux, en affirmant avoir été contacté par téléphone, il est clair que Chakib Khelil qui en connaît un bout sur «la communication de masse», (premier module enseigné dans les universités américaines), ait choisi lui-même ses quotidiens pour effacer certaines rumeurs et replacer certaines vérités.
L’une des principales rumeurs que Chakib Khelil a tenu à effacer c’est sa nationalité américaine. Il a déclaré sans détours qu’il ne porte pas la nationalité américaine, qu’il est innocent de toutes les accusations qu’on a attribué à lui et sa famille et s’étonne même que sa famille soit impliquée dans cette affaire indiquant qu’elle n’a rien à voir avec son activité ministérielle.
Dans sa réplique médiatique, l’ancien ministre se pose même en victime et se dit prêt à se présenter devant la justice algérienne, mais à condition que le procès se déroule dans des règles «saines». Il se défend d’avoir triché et veillé à ce que tout se déroulât dans la transparence et rappelle qu’il a été derrière la création de la publication le Baosem, le fameux bulletin des annonces officielles du secteur de l’énergie et des mines. Chakib Khelil, qui nie toute relation avec Farid Bedjaoui, l’autre accusé principal dans l’affaire Sonatrach 2, a ouvertement démenti les propos tenus par le procureur général de la cour d’Alger, Belkacem Zeghmati, selon lesquels il avait été convoqué par la justice algérienne avant de répondre par écrit qu’il ne pouvait se rendre en Algérie pour des raisons de santé, affirmant qu’il est aux Etats-Unis, vit normalement et qu’il ne souffre d’aucun problème de santé.
Mais Khelil avoue plus loin, avoir reçu effectivement une convocation le 20 mai dernier à laquelle il avait répondu qu’il était prêt à coopérer avec la justice, mais qu’il ne pouvait répondre à cette convocation, car il était malade. «Quand j’ai reçu la convocation, j’ai directement répondu par courrier DHL et je m’attendais à recevoir une deuxième convocation. Mais j’ai été surpris par le développement des choses.» Il affirme avoir adressé une réponse à la police judicaire d’Oran et avoir même envoyé un accusé à l’actuel ministre de l’Énergie et des Mines, Youcef Yousfi.
En décryptant ses quatre entrevues, on remarquera que l’ex-patron de l’Energie et des Mines a apporté les mêmes réponses à chaque fois.
Pour de nombreux observateurs, Monsieur Khelil se présente en «victime» et souhaite se disculper contre les accusations qui lui sont attribuées dans une affaire qui a déjà soulevé des remous dans le pays.
Tous les observateurs savent que l’ex-ministre de l’Energie a toujours menti dans les dossiers sensibles du pays, notamment quand il a essayé de faire voter la loi sur les hydrocarbures pour que l’Algérie se dessaisisse de sa richesse pétrolière auprès des pays occidentaux.
L’homme qui est connu comme un «bonimenteur», a toujours bénéficié du soutien et de la protection des plus hauts cadres de l’Etat et compte dans son carnet d’adresses, les noms de plusieurs personnalités internationales parmi eux de riches pétroliers texans, dont Dick Cheney, l’ancien vice-président des Etats-Unis sous George W. Bush et avec lequel Chakib Khelil avait été impliqué déjà dans Brown Roots & Condor (BRC), une compagnie pétrolière dont 51% des parts étaient détenues par Sonatrach et 49% par la compagnie américaine Haliburton, dont l’un des actionnaires est Dick Cheney.
Sa réaction médiatique n’est qu’un pied de nez à ses détracteurs, sachant bien que sa nationalité américaine est une protection pour lui et sa famille et surtout un obstacle sérieux pour son extradition vers l’Algérie comme ce fut le cas pour Moumen Khalifa, dans le dossier Khalifa.