Le FLN est un parti «unique»
Le vieux parti, qui pesait depuis l’indépendance sur la décision politique, risque de voir son rôle de premier plan s’effacer cette fois-ci.
Le FLN va boucler, dans quelques jours, son deuxième mois sans secrétaire général. Il se cherche depuis le 31 janvier 2013, date de la destitution de l’ex-secrétaire général, un homme de consensus, mais sans le trouver.
La situation est d’autant plus dramatique que ce parti contrôle la majorité des institutions de la République. L’ex-parti unique donne l’image la plus dégradante qui soit de la classe politique nationale.
Le FLN manque-t-il à ce point d’hommes pour naviguer à vue ou la situation qu’il traverse est-elle voulue?
En tout état de cause, c’est une posture inconfortable que vit le parti à un peu plus d’une année de l’élection présidentielle de 2014.
Si la destitution de Belkhadem a été rendue possible pour l’empêcher de se présenter à cette élection au nom du FLN, lui qui n’a jamais caché son ambition qui mesure d’ailleurs plus que lui, il demeure que la vacance du poste a trop duré. Et jusqu’à preuve du contraire, les différentes parties au coeur de la crise n’arrivent toujours pas à dégager une date pour la tenue d’une session extraordinaire du comité central pour élire un nouveau secrétaire général.
Ce qui s’apparente, selon certains observateurs, que l’on voudrait réduire l’ex-parti unique à un comité de soutien à un candidat qui serait choisi par le système pour l’élection présidentielle.
La même chose s’applique au RND, deuxième parti du pouvoir, qui navigue, lui aussi, dans une crise qui n’arrive pas au bout de tunnel. De ce point de vue, les observateurs avancent que la vacance du poste de SG du FLN durera jusqu’à l’échéance de 2014.
La crise que traversent les deux partis du pouvoir est un signe que le chef de l’Etat, Abdelaziz Bouteflika, ne compte pas briguer un quatrième mandat. Dans le cas contraire, il ne trouvera certainement pas meilleurs soutiens et meilleurs «chantres» pour animer sa campagne que Belkhadem et Ouyahia.
C’est que les cercles de décision veulent une autre personne pour la succession. La multiplication des sorties sur le terrain du Premier ministre, Abdelmalek Sellal, qui, dit-on, n’appartient à aucun parti politique, est une manière de baliser la piste à ce dernier. La majorité des partis politiques sont réduits à la gestion de crises organiques pour ne pas obstruer cette marche qu’on veut faire emprunter à l’Histoire. L’imprécision et l’indécision de Bouteflika a bloqué toute la classe politique et la majorité des partis attendent sa décision pour prendre position.
Le FLN, qui pesait depuis l’indépendance sur la décision politique, risque de voir son rôle de premier plan s’effacer cette fois-ci, pour se voir confiné dans le rôle d’un simple comité de soutien au candidat du système.
Preuve en est, le secrétaire général du parti n’a plus aucun enjeu de taille pour l’avenir immédiat du parti. Les animateurs des différentes tendances qui se disputent ce poste se disent d’ailleurs non pressés pour élire le nouveau secrétaire général.
Dans une déclaration faite ce 20 mars à l’APS, Abderrahmane Belayat, chargé de la gestion des affaires du parti en sa qualité de membre du bureau politique le plus âgé, a indiqué qu’ «une élection tempérée est mieux qu’une élection précipitée».
Il ajoute qu’ «il est impossible pour l’instant de tenir une session extraordinaire du comité central pour élire le nouveau secrétaire général sans avoir préalablement réuni les conditions de réussite et écarter tout ce qui est de nature à aggraver les différends entre les frères».
Le FLN a donc tout le temps pour mener les tractations sans se soucier de l’image qu’il donne à l’opinion.