IL AVAIT APPELÉ À UNE TRÊVE LES JOURS DE L’AÏD EL ADHA, Que vaut la parole donnée à Lakhdar Brahimi ?

IL AVAIT APPELÉ À UNE TRÊVE LES JOURS DE L’AÏD EL ADHA,  Que vaut la parole donnée à Lakhdar Brahimi ?

La défaite de la «guerre des Six jours» de juin 1967 contre Israël a laissé chez les Arabes un sentiment impérissable d’humiliation. Les conséquences de cette catastrophe, dont les Palestiniens paient encore le prix fort, ont été suivies d’une série de tragédies dont les affrontements fratricides entre l’armée jordanienne et la milice palestinienne des camps de réfugiés situés aux abords d’Amman.

La Ligue arabe avait confié à l’Algérie de mettre un terme à ce que l’on désignait alors par le triste Septembre noir de 1971. Kaïd Ahmed, patron du FLN, avait conduit la médiation algérienne et imposé le cessez-le-feu aux deux parties de ce conflit armé sans merci.

A son retour à Alger, il avait dans sa serviette le document paraphé à cette fin par les belligérants qu’il présenta, durant le compte rendu de sa mission, au président Houari Boumediène. «Ils sont d’accord», lui dit Kaïd Ahmed. «Si Slimane, tu as fait ton devoir, mais j’ai l’impression que tu ne connais pas les Levantins. Devant toi, ils s’embrassent mais une fois parti, il est certain qu’ils renieront leurs engagements», lui répondit Boumediène.

Le lendemain même du retour de la délégation algérienne, les affrontements avaient repris de plus belle à Amman. Kaïd Ahmed convoque un meeting populaire au stade des Annassers pour rendre compte, avec sa dose d´humour habituelle sur fond de grande déception, de ce que lui avait dit Boumediène, avant d’ajouter : «Oui, nos frères arabes sont en train de nous dribbler… Encore mieux que ne l´aurait fait Lalmas sur ce terrain de foot.»

Que vaut donc la parole donnée par les parties arabes impliquées dans la crise syrienne à Lakhdar Brahimi, le représentant de l’ONU pour la Syrie, lui promettant aide et soutien sans réserve à la recherche d’une solution de sortie de crise dans ce pays arabe qui a fait, en 19 mois, des dizaines de milliers de morts et deux millions de déplacés. Le chevronné diplomate algérien avait, officiellement, obtenu la confiance de toutes les parties au conflit et de celles qui en tirent les ficelles, dès l’annonce de sa nomination pour cette «mission impossible».

Ces promesses ne se traduiront pas sur le terrain. Il n’obtiendra pas l’appui indispensable dont il avait besoin pour mener à bien sa mission. Un cas concret. Les parties en conflit, le régime syrien et ses adversaires, l’ont assuré qu’elles observeraient le cessez-le-feu test dont il leur avait difficilement arraché le principe.

Leurs soutiens extérieurs ont publié, elles, communiqué sur communiqué officiels se félicitant de l’initiative du représentant onusien. Bilan, les jours des fêtes de l’Aïd El Adha près de 150 morts et davantage de blessés au cours d´échanges de bombardements, dont chacun a rejeté la responsabilité sur l’autre.

Ces affrontements sanglants pour avoir été d’une rare violence auraient-ils pu avoir lieu si les «parrains» des parties en conflit, en majorité des Etats étrangers de la région et occidentaux, n’avaient pas laissé faire ? Les armes continuent à circuler en Syrie et le financement de la mort des Syriens par les Syriens se poursuit toujours à travers des circuits incontrôlés.

Ce n´est pas la première fois au cours de sa longue carrière de médiateur dans les conflits les plus meurtriers que M. Brahimi constate que la parole donnée ne vaut rien. Il y a une seule raison à cela : l’absence sincère des pêcheurs en eaux troubles et des trafiquants d’armes de voir ce «pays phare» dudit «Printemps arabe» se réconcilier avec lui-même et son peuple retrouver son unité d’antan.

Cette absence de volonté politique des puissances étrangères intéressées ou, voire même impliquées directement dans la crise syrienne, de donner un coup de pouce indispensable à la médiation de l’ONU, explique l’échec du cessez-le feu qui aurait pu être ce premier pas vers l’ouverture du processus de négociations mettant fin à cette guerre.

Hania A.