Le king du raï controversé
La très probable venue du roi du Raï, Cheb Khaled, à Bouira pour un concert, ne fait pas que des heureux.
La prochaine et très probable venue du roi du raï, cheb Khaled, à Bouira pour un concert, ne fait pas que des heureux. Il se produira en compagnie de Allaoua vers la fin du mois de décembre. Le thème est sur toutes les lèvres. Entre partisans et opposés à ce concert, les avis diffèrent. Un concert du King reste un événement dans une wilaya qui connaît une réelle inertie sur le plan de l’animation culturelle.
Certes, il y a une année et à l’occasion de l’édition expérimentale du festival de Tikjda, des figures emblématiques comme Aït Menguellet, Benzina, Cheb Anouar… et avant eux Zahouania, Allaoua… avaient fait des passages réussis et remarqués dans cette wilaya. La venue de Khaled s’apparente pour ses adeptes à un joli cadeau de fin d’année. Le concert où sera présent le rossignol de la chanson kabyle, Allaoua, est prévu pour la célébration de la fin de l’année 2011. Pour les détracteurs, l’argument tenu met en exergue le lieu et le cachet. En effet, selon des indiscrétions, les organisateurs auraient choisi le stade Opow pour contenir la scène et accueillir les spectateurs. Même si l’enceinte offre les meilleures conditions pour pareil événement, les sportifs eux se demandent pourquoi l’utilisation de cette structure leur est refusée. Depuis maintenant plusieurs mois, la pratique des compétitions officielles sur le stade gazonné est interdite aux équipes locales pour cause de travaux. Ce refus est motivé aussi par l’existence d’un stade recouvert en tartan au centre-ville qui est occupé depuis sa réception 7 jours sur 7, de 8 heures du matin jusqu’à 19 heures. Le hic est que le bureau d’études et l’entreprise chargée d’installer la toiture ne sont plus là. Le responsable du bureau d’études tunisien serait sous le coupe d’une condamnation pour avoir été un proche du président déchu à l’occasion de la révolution qui a ébranlé le pays voisin. L’autre thèse avancée par les opposants à cette soirée concerne le cachet. Une rumeur parle de 6 milliards de centimes. Même si le montant n’est pas déboursé par le Trésor public mais serait versé par les organisateurs qui loueront la structure et compteront sur la recette, le prix suscite des spéculations diverses. Comment donner à un artiste une somme aussi importante qui représente le double pour ne pas dire plus de ce qui est réservé et attribué au mouvement associatif dans le cadre des subventions annuelles? Un troisième argument est mis en avant par les opposants. Est-ce qu’une ville comme Bouira, habituée à la quiétude, dispose des moyens nécessaires pour assurer la sécurité des spectateurs et surtout aux citoyens résidant aux alentours du stade? Les bagarres qui ont succédé à un match de Coupe d’Algérie, il y a deux ans, entre les supporters de l’USM Blida et ceux de Bordj Bou Arréridj et qui ont débordé pour atteindre le quartier populaire des 1100 Logements, sont toujours dans les mémoires. La date et l’occasion de la venue sont saisie par une mouvance qui gravite autour des mosquées pour mettre en valeur le caractère religieux de Noël et du Nouvel An qui, selon les défenseurs de ce point de vue, est propre aux chrétiens. Entre les deux camps, une faible frange défend le principe de la liberté personnelle. Tout en acceptant l’idée de la venue de Khaled pour le réveillon, ces personnes demandent d’autres concerts pour célébrer avec la même amplitude Yennayer et le Nouvel An de l’Hégire. Entre les partisans et les opposants, c’est peut-être les abstentionnistes qui ont le plus raison quant à l’utilité et les impacts de cet événement. Pour notre part, nous espérons que tout se passera bien pour que Bouira renoue avec l’activité culturelle qui lui manque tant depuis maintenant une bonne année.