Il assure qu’il n’y aura pas de 11 janvier bis ,Medelci : une victoire des partis islamiques «ne constituerait pas un événement»

Il assure qu’il n’y aura pas de 11 janvier bis ,Medelci : une victoire des partis islamiques «ne constituerait pas un événement»

Le ministre des Affaires étrangères, Mourad Medelci, qui animait une conférence-débat, vendredi à Washington, organisé par le Think tank américain Center for Strategic and International Studies (CSIS) a déclaré qu’une éventuelle victoire des partis islamistes dans les prochaines élections législatives « ne constituerait pas un évènement ».

Cette conférence-débat consacrée à l’Algérie et aux transformations politiques en cours en Afrique du Nord tenu en présence de membres de ce centre de réflexion, de représentants du département d’Etat, d’universitaires américains, de représentants d’organisations non gouvernementales américaines et de la presse internationale a été l’occasion pour le chef de la diplomatie algérienne de rappeler que «l’islamisme est déjà une réalité en Algérie», relevant que les partis de cette obédience sont présents au Parlement depuis une vingtaine d’années ainsi qu’au gouvernement depuis plus d’une décennie.

Mourad Medelci explique que contrairement à l’Algérie où les partis islamiques font déjà partie de la vie politique depuis plusieurs années, les organisations politiques islamiques qui sont sorties victorieuses des récentes élections parlementaires dans des pays de la région, étaient, dans un passé récent, «interdites et non reconnues dans ces mêmes pays et étaient privées de toute action politique.»

Une ligne rouge

à ne pas franchir

L’armée algérienne n’interviendrait pas pour interrompre le processus, en cas d’une victoire de ces partis, a assuré Mourad Medelci soulignant que l’armée algérienne «est une armée républicaine qui respecte les règles du jeu de la Constitution algérienne». Pour le chef de la diplomatie algérienne «l’islamisme en Algérie n’est pas une perspective car il y est déjà et que le système politique algérien a déjà, depuis plusieurs années, intégré et admis de donner la place aux islamistes». Cependant, il a tenu à préciser que la loi sur la réconciliation nationale instaurée suite à la tragédie nationale créée par le terrorisme «a tracé une ligne rouge» qui a été prise en compte par la nouvelle loi sur les partis qui interdit le retour de toute personne responsable de l’exploitation de la religion ayant conduit à la tragédie nationale de fonder un parti politique ou de participer à sa création. Après avoir fait une rétrospective politique et économique sur l’Algérie, le chef de la diplomatie algérienne a souligné que les nouvelles réformes engagées sont consacrées par six lois organiques, promulguées jeudi et dont il a donné un bref aperçu, et la prochaine révision de la Constitution prévue pour le 2e semestre 2012. L’Algérie, a-t-il souligné, s’est tracée trois objectifs fondamentaux : le renforcement du champ démocratique, l’amélioration de l’environnement économique pour stimuler l’investissement local et étranger et la diversification de l’économie. Au cours de cette conférence-débat, les participants ont également interrogé le ministre sur la vision de l’Algérie vis-à-vis des bouleversements politiques qu’ont connus plusieurs pays arabes, la question syrienne, les relations entre l’Algérie et le Maroc et les réformes économiques. Abordant la situation en Libye et sur la contribution que pourrait apporter l’Algérie à ce pays voisin pour y rétablir durablement la paix, il confie qu’avec ce pays, l’Algérie ambitionne de construire le Maghreb où un nouveau système politique est en train de se mettre en place, notant que si la coopération ne sera pas de nature financière étant donné que la Libye est un pays riche, «elle peut être très importante sur le plan politique», qualifiant les événements connus par ce pays comme un véritable «séisme» qui ne va pas être sans conséquence à l’avenir.

Relations avec le Maroc :

quasi normalisées

Selon lui, la réconciliation entre les Libyens était impérative et que l’Algérie, de par son expérience en la matière, pourrait apporter sa contribution si la partie libyenne le demandait. Concernant l’édification de l’Union du Maghreb Arabe (UMA), il estime que «la volonté est présente dans les pays du Maghreb à construire et à donner sa chance à cet espace régional afin de mieux intégrer leurs économies et mieux coordonner leurs actions avec les pays tiers», affirmant que les relations entre l’Algérie et le Maroc sont « quasi-normalisées». Il assure que les deux pays veulent avoir «des relations normales et, pourquoi pas, privilégiées dans le futur», soulignant que depuis une année, un système de coopération bilatérale a été mis en place dans des domaines sensibles, citant notamment les accords passés concernant l’énergie, l’agriculture, les ressources en eau, l’éducation et la jeunesse et les sports. Dans ce sens, il confie que l’Algérie et le Maroc «sont inscrits dans une perspective d’amélioration de leurs rapports», soulignant qu’une coopération sécuritaire dans la région était prévue entre l’Algérie et le Maroc. Il estime que la sécurité était «fondamentale» car tous les pays ne peuvent rien faire s’ils n’arrivent pas à lutter contre le terrorisme, précisant cependant qu’ il y a d’autres aspects dangereux tels que le trafic de drogue et celui des armes qui alimente également l’insécurité. Sur la situation en Syrie, le chef de la diplomatie algérienne rejette le fait que la mission d’observateurs de la Ligue arabe en Syrie puisse être considérée comme une forme d’ingérence, le ministre a estimé que la situation dans ce pays arabe était telle qu’une médiation était nécessaire. «Il était de la responsabilité de la Ligue arabe dont la Syrie est membre fondateur, d’entreprendre le rôle de médiateur pour éviter, justement, l’ingérence», a-t-il soutenu relevant qu’il y a «quelques chances que la solution soit arabe.» Il est à souligner que le Think tank CSIS, basé à Washington, conduit des études politiques et des analyses stratégiques sur de nombreux sujets en relation avec la politique, l’économie, la sécurité, la finance, la technologie et l’énergie. Parmi les membres de son conseil d’administration figurent notamment Henry Kissinger, ex-secrétaire d’Etat américain et Zbigniew Brzezinski, l’ancien conseiller national à la sécurité de l’ex-président américain Jimmy Carter.

Par : Sadek Belhocine