Le Premier ministre, Ahmed Ouyahia a déclaré mercredi 22 décembre que les révélations faites par Wikileaks à propos de l’Algérie le dépassent en assurant le pays n’est nullement gênée par le contenu de ses câbles diplomatiques américains largement repris par la presse nationale et internationale. Pourtant ces télégrammes ne sont pas tendres à l’égard des responsables algériens. Compte rendu.
Interrogé en marge de son discours de politique générale prononcé mercredi devant les sénateurs du Conseil de la Nation, Ahmed Ouyahia a affirmé que « Wikileaks me dépasse. C’est un monde vaste, un continent, et en Algérie il n’y a pas dans ces révélations ce qui nous gêne ». Le premier ministre a rappelé son passé d’ambassadeur (au Mali en 1992, NDLR) pour expliquer que la rédaction et l’élaboration des câbles font partie des activités des diplomates. « Les ambassadeurs (américains, NDLR) ont fait leur travail, mais il revient à nos compatriotes de protéger leur pays », dans une allusion à tous ceux qui font des déclarations dans les chancelleries étrangères.
Depuis le début de leurs publications, les télégrammes diplomatiques de l’ambassade US en Algérie décrivent un pays à la dérive, des dirigeants en manque de vision et de stratégie et un peuple malheureux. Dans deux des 20 télégrammes qui ont été déjà rendus publics, l’ambassadeur américain et son homologue français estiment que la corruption a atteint de tels sommets en Algérie qu’elle touche jusqu’aux frères du président Bouteflika .
A propos de l’opération militaire que mènent actuellement les services de sécurité contre les maquis terroristes de Sidi Ali Bounab, en Kabylie, Ahmed Ouyahia a assuré que celle-ci « se poursuit toujours», toutefois, il a refusé de fournir un quelconque bilan. «Le bilan de l’opération vous sera fourni par les services concernés», a-t-il dit. Comme nous l’avions indiqué, l’armée mène une opération en Kabylie depuis le 9 décembre dernier, mais aucune source officielle civile ou militaire n’a souhaité en fournir le moindre détail.
Interrogé sur l’octroi d’agréments pour de nouveaux partis politiques, Ouyahia a répondu que cela se fera « lorsque leurs dossiers seront conformes ». Plusieurs responsables politiques algériens, notamment l’ancien Premier ministre Sid Ahmed Ghozali, l’ex- ministre des Affaires étrangères, Ahmed Taleb Ibrahim ainsi que l’ex-ministre Amara Benyounes ont déposé des demandes d’agrément auprès du ministère de l’Intérieur, mais ce dernier leur a toujours opposé une fin de non-recevoir.
Questionné par les journalistes sur le scandale de corruption qui a empoté en janvier 2010 l’état-major de la Sonatrach, le Premier ministre a indiqué que « la justice est en train de faire son travail ».
A propos de la circulation de faux billets de banque, il a relevé que cette question qui « n’est pas une particularité algérienne », selon lui « est publique depuis 2006 », rappelant que des « réseaux de trafic ont été démantelés ici et à l’étranger en collaboration avec Interpol ». Il a assuré que la lutte contre ce fléau se poursuit avec la collaboration d’Interpol, soulignant : « Nous finirons par maîtriser ce phénomène». Au sujet du manque de liquidités au niveau des bureaux de Poste, il a indiqué que la demande des billets pour le mois qui a précédé l’Aïd el-Adha a été multipliée par 500 dans certaines wilayas, appelant à l’usage du chèque et des cartes interbancaires pour toutes les opérations financières.