Intervenu devant les journalistes lors d’une rencontre organisée, hier mardi, avec le bureau politique de son parti, Abdelmadjid Menasra, président du Front du changement (FC), a décortiqué la situation économique.
Sur la crise qui profile à l’horizon, comme cela a été largement apporté par le commun des opinions sur la scène nationale, le transfuge du Hamas a commenté la prochaine Tripartie prévue le 15 octobre à Biskra. Tout en appelant à un dialogue consensuel, pour «sauver le pays d’une débâcle économique», il a exposé le plan «salvateur» proposé par sa formation politique en vue de transcender la crise. Menasra, à travers cette sortie inaugurale à sa rentrée partisane, a quelque peu critiqué la vision du gouvernement. Selon lui, le chef de l’Exécutif national a «exclu» une bonne partie des partenaires sociaux et politiques dans la recherche des solutions à la crise. En effet, après les décisions prises à l’aune de la chute des prix du pétrole qui a/et continue à impacter les ressources de l’État, le chef du FC a invité Abdelmalek Sellal (sans le citer, ndlr) à impliquer les partis politiques de l’opposition et les Syndicats autonomes dans la prochaine rencontre de l’Exécutif avec la Centrale syndicale et le Patronat. Pour rappel, la 17e Tripartite, prévue pour la première fois en dehors de la capitale, Alger, aura à traiter essentiellement de la production nationale. Contexte économique oblige, cette réunion se penchera sur la problématique de l’acte d’investir qui passe par le prisme de l’amélioration du climat des affaires. Aussi, abordera-t-elle les conditions générales du climat social et celles des travailleurs. Menasra a interpellé Sellal au sujet des partenaires qui forment habituellement la Tripartie, en appelant de substituer cette rencontre par une Quadripartite associant, un fait nouveau, les acteurs politiques en plus qu’elle soit élargie à d’autres syndicats autonomes des travailleurs. Voilà ce qui pourrait être une bouée de sauvetage à l’économie nationale, selon le conférencier. «Déjà, à l’état normal des choses, je m’étais toujours demandé pourquoi le gouvernement organise seulement une Tripartite. Alors, que dire de la situation économique dans les moments difficiles, telle qu’elle se présente notamment aujourd’hui?», s’est interrogé le membre de la Coordination de l’opposition.
Or, selon Menasra, la crise impose la participation de tous les acteurs nationaux pour aboutir à une vision consensuelle qui sortira le pays de cette débâcle. D’ailleurs, plus loin, le responsable, issu de l’ex-formation politique du défunt Mahfoudh Nahnah, n’arrive pas à expliquer le fait que le gouvernement «refuse», selon lui, d’impliquer les partenaires politiques, encore plus ceux de l’opposition, dans un dialogue autour de la déchéance économique. «Le gouvernement doit écouter les parties qui reconnaissent la crise et non pas ceux qui voile la face», allusion faite à Abdelmadjid Sidi-Saïd, secrétaire général de l’UGTA, à qui Menasra reproche un manque de représentativité. «Il n’est pas le seul représentant des syndicats activant à l’échelle nationale».
Traditionnellement organisée par le gouvernement, comme chef de file, avec l’UGTA et le Patronat, le leader du FC voit déjà une réunion aboutissant à des décisions «unilatérales, et allant dans un seul sens». Or, une réunion avec les quatre partenaires (Gouvernement, Syndicats, Organisations patronales et partis politiques, ndlr) sera soldée par des décisions pour l’élaboration d’un programme consensuel pour prémunir le pays d’une débâcle économique. Par ailleurs, le président du FC a proposé au gouvernement le plan de son parti, à travers sept points, qu’il considère salvateurs à une issue à la crise économique. En effet, il a demandé au chef de l’Exécutif national d’«assainir» la situation des dépenses de l’État, en luttant contre la gabegie, sous toutes ses formes, par l’établissement d’un bilan mensuel de l’action du gouvernement. Selon le même responsable, les phénomènes de corruption, de gabegie et de fuite de responsabilité sont derrière la perte sèche de 30% des revenus du Trésor public, qu’il conviendrait de récupérer pour rétablir les équilibres financiers.
Sans des décisions en ce sens, l’austérité et/ou la rationalisation des dépenses ne sont qu’un vain mot, a-t-il laissé entendre. Pour la relance du secteur productif, quoi de mieux que de débureaucratiser l’administration, abroger la règle 49/51 et l’encouragement de l’épargne, afin de financer les projets d’investissement. Pour le reste des propositions, Menasra soutient les mesures du gouvernement sur le placement de l’argent de l’informel dans le circuit bancaire, la réduction des dépenses de l’État «inutiles», ainsi que la sensibilisation des citoyens autour de la rationalisation des dépenses des foyers.
Farid Guellil