Au moment où salafistes et laïcs tunisiens se livrent un duel sans merci sur tous les plans, Lotfi Kallel, l’imam d’une mosquée du quartier Montplaisir de Tunis a été poignardé à mort dimanche alors qu’il se rendait pour diriger la prière de l’aube, soulevant moult interrogations.
L’assassinat dimanche d’un prédicateur tunisien alors qu’il allait effectuer la prière d’El Fejr (l’aube), intervient dans un contexte particulier pour la Tunisie, guettée par le salafisme, dont les adeptes se font de plus en plus présents sur la scène.
S’agit-il d’un simple fait divers, comme veut bien le croire le ministère tunisien de l’Intérieur, qui a diligenté une enquête pour élucider ce crime ? Le porte-parole du ministère de l’Intérieur, Khaled Tarouche, a déclaré : “Jusqu’à nouvel ordre, nous traitons cette affaire de meurtre comme étant une question, certes grave, mais relevant du droit commun et j’espère que les investigations aboutiront dans les meilleurs délais pour identifier et arrêter les coupables”.
En tout état de cause, les circonstances de cette mort soulèvent beaucoup de questionnements.
En effet, Lotfi Kallel a été attaqué près de chez lui dans le quartier moderne de Tunis, Montplaisir, par des inconnus à bord d’une voiture, a indiqué son fils Abdelghafour, qui a précisé que la victime avait été poignardée à quatre reprises.
Sous le choc, il a avoué ne pas comprendre les raisons de cet assassinat en ajoutant : “Nous ne réalisons pas encore ce qui s’est passé et nous ne savons pas pourquoi mon père a été tué surtout qu’il est très aimé dans notre quartier”.
Selon les premières indications, la victime est un homme âgé de près de 55 ans et qu’il est décédé à son arrivée à l’hôpital suite à un coup à l’arme blanche qui l’a atteint à l’épaule. Le prédicateur était proche de la mouvance du tabligh, un mouvement missionnaire musulman rigoriste, selon des sites tunisiens.
Sa sœur confirme son appartenance à la Jamaât Daâoua Wa Tabligh, un groupe qui se consacre à la prédication et à la diffusion de la foi islamique, relativement toléré sous le règne de Ben Ali.
Elle a également indiqué que la victime était connue des services tunisiens et qu’il avait un cousin, Ali Trabelsi, qui fut à la tête des gouvernorats de Siliana et Ariana, sous Ben Ali.
D’après les témoignages rapportés par de nombreux sites internet tunisiens, il s’agirait d’un crime prémédité car les assassins connaissaient les habitudes de leur victime.
Il faut maintenant attendre les conclusions de l’enquête policière pour bien être fixé sur les tenants et les aboutissants de cet homicide, qui semble avoir les allures d’un assassinat à dessein, parce qu’il n’existe pour l’instant aucun mobile pouvant faire croire qu’il s’agit d’un crime crapuleux.
Affaire à suivre, d’autant plus que le contexte marqué par la guéguerre politico-médiatique à laquelle se livrent islamistes et laïcs en Tunisie laisse supposer beaucoup de choses.
M T