Ce mouvement prévu pour demain en pleine reprise scolaire suscite des interrogations
Le mouvement de protestation des enseignants du Sud est la première action de ce syndicat après son retour du Forum social mondial organisé en Tunisie.
Au moment où les chômeurs semblent s’inscrire dans la démarche concertée initiée par le gouvernement, le Conseil des lycées d’Algérie appelle à un débrayage de trois jours des enseignants du sud du pays.
Ce mouvement prévu pour demain en pleine reprise scolaire suscite des interrogations. Pourquoi limiter le mot d’ordre de grève au sud du pays? Les préoccupations de ces enseignants ne sont-elles pas portées par le Cnapest, le Snapest le Snte et autres syndicats du secteur dans le cadre des mouvements de grève ayant touché tous les établissements du pays? Pourquoi l’organisation de M. Idir Achour veut-elle à tout prix distinguer le Sud du Nord du pays? Reconnaissant d’ailleurs le caractère non représentatif du CLA, le porte parole de ce syndicat affirme que cette grève va paralyser 30% des effectifs des lycées du Sud. «Nous représentons près de 30% des effectifs du Sud, ce qui équivaut à quelque 700 enseignants», a souligné M. Achour.
Néanmoins, le CLA explique avoir pris cette décision en coordination avec d’autres organisations syndicales de la Fonction publique dans les wilayas du Sud. La raison de la grogne des enseignants du Sud est le fait d’«une très grave injustice», a soutenu M. Achour, dont le mouvement de protestation des enseignants du Sud est la première action après son retour du Forum social mondial organisé en Tunisie. Un forum qui apparemment semble avoir inspiré le CLA. A noter que le CLA revendique «la révision de la prime de zone qui devrait être calculée sur le nouveau salaire de base et non sur celui de 1989», explique-t-il. «Il y a aussi celle du poste spécifique, calculée actuellement sur le salaire de base de 2001», ajoute M. Achour qui précise qu’il revendique des augmentations avec effet rétroactif depuis le mois de janvier 2008. Dans un communiqué, le CLA dénonce également le mépris des autorités publiques qui, dit-il, ignorent complètement les droits des enseignants. Voilà donc que le vent du Sud souffle encore en touchant cette fois-ci, non seulement les chômeurs, mais des travailleurs d’un secteur névralgique, à savoir l’éducation. Cependant, l’initiative du CLA ne fait pas l’unanimité.
Ses désormais ex-partenaires de l’intersyndicale de l’éducation ne s’inscrivent pas dans une optique revendicative «régionaliste». Le Conseil national des professeurs de l’enseignement secondaire et technique (Cnapest) de Nouar Larbi, un autre syndicat de l’enseignement, dénonce la grève lancée par le CLA. Dans un communiqué, ce syndicat s’inquiète des conséquences de cette grève qu’il qualifie de dangereux dépassement.
«L’appel de certains syndicats à la grève ne fait que consacrer la promotion de l’existence d’un «Nordistan» et d’un «Sudistan» en Algérie. Cela, au moment où il faut garder l’unité nationale pour arracher nos droits», mentionne le Cnapest dans le même communiqué. Toutefois, le Cnapest estime que ces dépassements dans ce moment crucial que vit le Sud algérien, sont le résultat de la passivité des autorités face aux revendications des enseignants du Sud. «Notre syndicat avait mis en garde les autorités contre les dépassements que pourrait provoquer leur mutisme face aux requêtes des enseignants du Sud. Nous leur avions demandé de répondre aux doléances socioprofessionnelles des gens du Sud en s’éloignant des méthodes d’oppression et tentatives de discrétisation de ces mouvements de protestation», soutient le Cnapest. Avec la protestation des enseignants, cette région autrement sensible et stratégique, qui est le Sud, se retrouve encore une fois menacée.
La balle est dans le camp du ministère de l’Education nationale qui doit régler définitivement les revendications en suspens des enseignants, non seulement du Sud, mais de tout le territoire national