Il annonce juste son intention de constitution d’un dossier administratif La démarche prudente de Ali Benflis

Il annonce juste son intention de constitution d’un dossier administratif La démarche prudente de Ali Benflis

L’ancien chef de gouvernement et président du parti Talaie El Hourriyet, Ali Benflis, a rendu publique, hier dimanche, sa première réaction officielle, à la convocation du corps électoral pour la présidentielle, pour le jeudi 18 avril prochain. Benflis, qui s’est fermement opposé au report de la présidentielle, comme avait initialement prévu le pouvoir en décembre dernier, a préféré, toutefois, procéder par à-coups, et ne rien trancher définitivement s’agissant de sa propre candidature.

Kamel Amarni – Alger (Le Soir) – Dans un court communiqué rendu public dans la journée d’hier, l’ancien chef de gouvernement a, en fait, exprimé une position extrêmement mesurée. Dans cette déclaration, chaque mot est bien pesé pour, in fine, ne rien trancher ni écarter de manière définitive. On y lit, en effet que, «prenant acte de la publication au Journal Officiel du décret présidentiel numéro 19/08 du 17 janvier 2019 portant convocation du corps électoral pour l’élection présidentielle fixée au jeudi 18 avril 2019, et conformément à la législation en vigueur en matière d’élection présidentielle, j’ai adressé, ce jour, dimanche 20 janvier 2019, à Monsieur le Ministre de l’Intérieur, des Collectivités locales et de l’Aménagement du territoire, une lettre annonçant mon intention de constituer un dossier de candidature à l’élection à la présidence de la République». A relever, déjà, que Benflis parle, ici, «d’intention de constituer un dossier de candidature» et non pas d’une candidature en bonne et due forme. D’ailleurs, il ajoutera immédiatement après cet autre paragraphe très nuancé : «En accomplissant cette formalité pour le retrait des formulaires de souscription individuelle, il est, cependant, à préciser que la question de la participation à cette élection sera tranchée lors d’une prochaine session du comité central du parti, conformément aux statuts du parti et au règlement intérieur du comité central». Dans l’entourage de l’ancien chef de gouvernement, on confirme, effectivement, que «la question de la candidature ne sera pas tranchée de sitôt. Elle fera l’objet d’un examen minutieux de la situation politique générale du pays et de son évolution dans les jours et les semaines à venir. Le bureau politique du parti préparera un rapport détaillé dans ce sens, qu’il présentera lors d’une session extraordinaire du comité central.

On prévoit de tenir cette dernière en présence de la presse pour prendre l’opinion publique à témoin». Pour notre source, la candidature ou pas de Ali Benflis «dépendra de cette évolution de la situation politique en question, en l’occurrence, s’agira-t-il d’une élection régulière et transparente ? Qui se tiendra avec quels candidats ? Notamment, celle du chef de l’Etat et de quelle manière interviendrait-elle, etc.». Ali Benflis, qui reste, pour rappel, le seul ancien chef de gouvernement à avoir une présence permanente sur le terrain, en créant un parti politique, cumule, par ailleurs, une grande expérience. Tant en termes de mode de fonctionnement du système, que des grands rendez-vous électoraux. Directeur de campagne de Abdelaziz Bouteflika en 1999, Ali Benflis a eu, également, à mener son ancien parti, le FLN, durant deux grandes élections, les législatives et les locales de 2002. En sa qualité de secrétaire général du FLN mais aussi de chef du gouvernement qui organisait ces mêmes élections. L’homme a eu, enfin, à se porter deux fois candidats aux élections présidentielles, en 2004 et en 2014, deux occasions où Bouteflika et le pouvoir avaient en face un sérieux et véritable rival qui les obligera à sérieusement «mouiller le maillot» pour lui barrer la route d’El-Mouradia. En tout cas, tout ce capital le place en meilleure position que tout le reste du personnel politique dans l’opposition, pour bien évaluer la situation avant de se lancer dans la course. D’où la précaution de ne rien anticiper, ni négliger. A savoir, se préparer, déjà, sur les plans administratif et logistique, avec, notamment, ce dossier de candidature, la collecte des signatures et la confection d’un programme électoral tout en maintenant le suspense sur la décision finale et officielle.

K. A.