Tayeb Louh, ministre du Travail, de l’Emploi et de la Sécurité sociale, a vivement critiqué la situation de l’emploi et les méthodes de recrutement opérées dans les régions du Sud, ce qui a provoqué des mouvements de protestation organisés par les jeunes chômeurs. M. Louh a estimé que le problème de chômage dans le Sud dépasse les prérogatives de son département, qui tentera, tout de même, de faire des propositions de solutions au Premier ministère.
«Je ne suis pas d’accord avec ce qui se passe dans ces régions», a-t-il dit lors d’une conférence de presse tenue hier en marge de la rencontre annuelle avec les directeurs de wilaya au siège de son ministère à Alger. «Le taux de recrutement de la main-d’œuvre locale, pourtant exigé par l’Etat, n’est pas respecté par les entreprises du secteur énergétique. Pourtant, le problème de chômage dans ces wilayas disposant de potentialités énormes peut facilement être réglé», a-t-il affirmé, rappelant que le Premier ministre a donné des instructions dans ce sens aux autorités locales lors de son dernier regroupement organisé à Ouargla.
Tayeb Louh affirme que le problème «ne réside pas dans les agences locales de l’emploi qui orientent les jeunes lorsque les entreprises expriment leurs besoins en termes de postes d’emploi» mais il est au «niveau de ces entreprises qui avancent divers prétextes comme des conditions et des critères draconiens pour le recrutement, imposant le test avant recrutement ou évoquant la nécessité d’une formation spécifique pour certains postes». Cet état de fait, a dit le ministre, a fait que «la majorité des propositions de recrutement des jeunes sont rejetées par ces entreprises».
La formation,une priorité
Comme première mesure, le ministre a mis en place un programme de formation des jeunes dans tous les domaines qui connaissent un déficit de main-d’œuvre. L’autre problème évoqué par le ministre concerne «la disparité salariale exercée dans le Sud entre les entreprises pétrolières». «Ce problème a dépassé toutes les normes et le seuil de l’intolérable», a dit le ministre. La situation est devenue, selon lui, «insoutenable».
Tout en affirmant que le rôle de l’Inspection du travail dans ce domaine se limite au contrôle de l’application du SNMG, le ministre affirme qu’il soumettra «une proposition au Premier ministre, Abdelmalek Sellal, pour corriger cette situation inacceptable». Toujours pour résorber le chômage dans le Sud, le ministre a exhorté les directeurs de l’emploi de wilaya à «orienter les jeunes chômeurs vers la création de micro-entreprises dans le cadre de l’Ansej et de la Cnac dans les domaines qui connaissent une carence en main-d’œuvre»,
affirmant que les données actuelles dont dispose le gouvernement évoquent «un déficit dans le domaine du BTPH et un manque de moyens dans le secteur de l’agriculture». Pour lui, les directeurs de wilaya sont tenus de lancer «des initiatives, de coordonner les efforts entre les différents intervenants et de travailler en étroite collaboration avec les walis pour l’élaboration d’une politique locale de l’emploi», car selon lui, «le problème du chômage est local et non pas national».
La main-d’œuvre étrangère a nettement diminué en Algérie en 2012 puisqu’elle est estimée à moins de 46 000 travailleurs venant de Chine, des Philippines, d’Egypte et de Syrie. A propos du plan quinquennal de lutte contre le chômage, le ministre a indiqué qu’entre 2010 et 2012, pas moins de 2 200 000 insertions ont été faites dans le cadre des dispositifs publics d’emploi. 70% des placements de l’Anem ont été faits dans le secteur économique privé alors 30% sont dans le secteur économique public. En termes de secteur, le BTPH a inséré 36,52%, l’industrie 32,33% et les services 26,67%. En ce qui concerne l’insertion professionnelle, l’Etat a pu placer 1 175 000 jeunes.
Le nombre des universitaires ayant bénéficié de ce dispositif s’élève à 445 108 alors que le nombre des femmes est de l’ordre de 559 443. A propos de dispositifs de création des micros entreprises (Ansej – Cnac), le ministre parle de la création de 192 041 micro-entreprises durant la même période dont 100 613 en 2012. Selon lui, le taux de mortalité des entreprises ne dépasse pas les 3% et que le taux des entreprises ayant des difficultés de payement et dont leur cas est posé actuellement au niveau du fonds de garantie ne dépasse pas les 5%.
N. B.