Il dénonce la mafia et le procureur de faire main basse sur la ville, il est mis aux arrêts. Mouhib Khatib, président de l’APC de Zéralda, à 29 kms à l’ouest d’Alger, a été interpellé dans la soirée du mercredi 07 juillet devant le siège de la mairie, a appris DNA auprès de sa famille. Celle-ci indique que le maire a été arrêté par la police sous l’ordre du procureur général du tribunal de Blida. Le maire accuse le procureur d’avoir monté une cabale judiciaire contre lui.
Mouhir Khatib, élu sous l’étiquette d’indépendant en décembre 2007, a passé jeudi matin une visite chez le médecin après une nuit de garde-à-vue au commissariat de Châteauneuf, sur les hauteurs d’Alger.
Le maire de Zeralda se trouve encore dans l’après-midi du jeudi au tribunal de Hadjout, à l’ouest d’Alger.
Sa femme et ses enfants craignent que le magistrat n’ordonne une mise sous mandat de dépôt.
Selon nos informations, les auditions qui ont duré toute la nuit au commissariat de Chateauneuf, concernaient la fermeture d’un cabaret sis au Centre commercial de Zeralda ainsi que la récupération des espaces occupés d’une manière illicite ordonnée par le président de l’APC.
Depuis plusieurs années, ce dernier affirme mener une guerre contre des potentats locaux qui se sont accaparés des biens dans sa commune.
Dans une récente vidéo d’une quinzaine de minutes mise en ligne sur le réseau Youtube, le maire de Zéralda accuse certains hommes d’affaires d’avoir fait main basse sur le centre d’affaires de sa commune.
Dans cette même vidéo, Mouhir Khatib interpelle directement le procureur général de Blida, Abdelli Mohamed, en l’accusant d’avoir monté une capable contre lui. Il l’accuse également d’avoir accaparés des biens ainsi que son frère et d’avoir couvert un réseau de prostitution.
Dans cette vidéo le maire de Zeralda raconte les péripéties de cette cabale judiciaire.
Le 20 avril 2008, il dépose plainte pour mauvaise gestion dans les affaires du centre commercial de Zéralda, gestion qui remonte à l’année 1994.
Le 19 février 2008, il reçoit, explique-t-il, un rapport de la Cour des comptes qui évoque « la passivité de la tutelle et la mauvaise gestion et un changement de vocation du centre des Affaires ».
Cet établissement censé abriter un hôtel, des bureaux d’affaires, une salle de conférence, a été transformé, selon le maire, « en cabarets, en salles des fêtes, en bars, en chambres de passe dans l’hôtel ». Même le parking a été converti en « 60 magasins informels sans registres du commerce », causant ainsi de graves préjudices financiers à la mairie.
Mouhir Khatib raconte encore. Le13 janvier 2010, le procureur général de Chéraga adresse un rapport au procureur de Blida, Abdelli Mohamed, l’informant que la section de recherches de la gendarmerie d’Alger a diligenté le 9 novembre 2008 une enquête contre le centre des Affaires suite à la plainte déposée par le maire.
Mais voila. De statut de plaignant, ce dernier se retrouve dans le box des accusés. C’est ainsi que le 12 mai 2011, il est jugé au tribunal de Blida « pour dilapidation des biens de l’Etat » sur la base de l’article 29 du code pénal.
«Je voudrais savoir, Monsieur le procureur général de Blida, Abdelli Mohamed, qu’est ce que vous pouvez me reprocher et quelle est la somme d’argent que moi j’ai dilapidée ?, s’interroge le maire dans cette vidéo. Est-ce que j’ai signé un acte ? Un contrat ?.»
Le maire de Zéralda dépose alors une plainte le 28 mars 2011 contre Abdelli Lounes ainsi que son frère le procureur général de Blida «pour avoir pris à Zéralda plus d’une vingtaine d’appartements sociaux délivrés en 2005.» Ces attributions ont été rendues possibles grâce de fausses attestations de résidence, soutient Mouhib Khatib.
Ces logements, destinés aux habitants de la commune, ont été accaparés, selon le maire, par le procureur, son frère et leurs copains. Avec la complicité du procureur général de Chéraga qui, à l’époque (2003 et 2007), n’était autre que Abdelli Mohamed.
Des jeunes de Zéralda qui avaient osé élever des protestations contre ces pratiques ont été arrêtés et condamnés au tribunal de Chéraga, sur « ordre du procureur », affirme encore le maire.
Ce dernier aura tout de même réussi à fermer le cabaret, la salle des fêtes et le bar avec l’accord du wali d’Alger. «Mais ils n’ont jamais cessé de travailler, souffle le maire. Tu peux te plaindre à qui tu veux. Tout le monde mange. L’hôtel possède 23 chambres de passe. Une chambre fait 5, 6 passes par jour.»
Mouhib Khatib enfonce le clou contre le procureur général de Blida : «J’ai déposé 24 plaintes, le procureur les a toutes bloquées. De plaignant, je me suis retrouvé accusé. Des hommes et des femmes impliqués dans les magouilles liées au centre des Affaires ont témoigné contre moi. »
Prémonitoire, le président de l’APC affirme que le procureur est déterminé à le mettre en prison «parce que je le gène».
A l’heure où nous publions cet article, le maire de Zéralda se trouve toujours au tribunal de Hadjout.