Pour avoir préconisé comme issue à la crise multidimensionnelle que traverse le pays, au nom de son parti, une phase transitoire qui prorogerait le mandat présidentiel actuel de trois années supplémentaires, le président du FNA, Moussa Touati, aurait-il plié devant le chant des sirènes, l’allégeance s’entend. “Non !” s’écrit-il en s’estimant être un fervent opposant au système et que seul l’intérêt suprême de la nation motive sa démarche.
S’exprimant hier devant les militants et cadres de son parti de l’est du pays, conviés au centre culturel Malek-Haddad de Constantine pour une conférence régionale dite de sensibilisation, Moussa Touati a également abordé la crise qui secoue l’Assemblée nationale et qui a révélé de profondes controverses entre le gouvernement et le président de l’APN. Accablant les parlementaires qui “ont monnayé leurs sièges” et l’Assemblée en général, “née de la fraude électorale et du bourrage des urnes”, il tire également sur le gouvernement, “illégitime” à ses yeux, et coupable d’avoir orchestré la fronde contre le président de l’APN.
Pour lui, les députés, qui ont plébiscité une première fois Saïd Bouhadja, n’ont plus le droit de lui retirer leur confiance tant il est vrai qu’il n’existe aucune disposition légale qui le stipule et que ces derniers n’avancent aucune raison valable pour ce faire. “Je ne connais pas le président de l’APN pour prendre sa défense, mais je ne peux cautionner une machination de faux parlementaires qui ont acheté leurs sièges”, dira-t-il. Moussa Touati ne voit pas d’autre solution que la dissolution pure et simple de l’Assemblée.
Aussi, exhorte-t-il le président de la République d’user de ses prérogatives constitutionnelles pour mettre un terme à cette crise qui révèle, selon lui, “une grave déliquescence des mœurs politiques”. Et de renouveler son appel pour une phase transitoire de trois années durant laquelle, même le gouvernement qu’il vilipende pourra continuer sa mission, parallèlement à la prolongation du mandat présidentiel, à condition que cette étape soit consacrée à un dialogue
serein et aussi large que possible, lequel accoucherait d’une nouvelle Constitution, émanation de la volonté populaire.
Un appel que Moussa Touati justifie par l’insignifiance de la tenue de l’élection présidentielle en 2019, estimant que celle-ci n’apportera aucun changement et est susceptible d’aggraver la crise politique que traverse le pays parce que la classe politique n’est pas prête à aller vers cette échéance dans un climat aussi pesant et une défection populaire palpable, sachant que les citoyens ne croient plus ni aux élections, ni aux institutions de l’État, encore moins aux promesses des responsables.
Kamel Ghimouze