Il a sermonné les walis,Daho Ould Kablia part en guerre contre la «République des plantons»

Il a sermonné les walis,Daho Ould Kablia part en guerre contre la «République des plantons»

La conférence de presse, de jeudi, du ministre de l’Intérieur, Daho Ould Kablia, tenue à l’issue de la réunion des walis qui s’est étalée sur deux jours, était très attendue. Le premier responsable du secteur a annoncé des mesures destinées à améliorer les relations entre les citoyens et l’Administration, tancé les walis pour être plus près des faits relevant des fonctionnaires placés sous leurs autorités.

Daho Ould Kablia a en outre, rassuré les jeunes qui exploitent illégalement des aires de stationnement et autres parkings sauvages et réaffirmé la fermeté de l’Etat contre le saccage des biens publics. Il est revenu sur le terrorisme et la situation dans la région du Sahel.

Ould Kablia en a marre de la République des plantons

Le ministre de l’Intérieur, Daho Ould Kablia, bien plus que les citoyens qui affrontent quotidiennement les dédales de l’Administration, a en assez de ce qu’il a appelé la «République des plantons» et a appelé à en finir avec ce phénomène dans lequel de simples agents gênent le bon fonctionnement des différents services de l’administration local. Le premier responsable du secteur a exhorté les walis à veiller quotidiennement au bon fonctionnement des différents services administratifs notamment ceux en relation avec les citoyens, les sommant « en tant que premiers responsables des wilayas, de surveiller et de contrôler les agents et cadres qui sont au bas de la pyramide et qui prétendent, à tous les coups, ne pas être au fait de la loi, des décisions et autres procédures ». Selon Daho Ould Kablia cette situation avait « généré une crise de confiance et le citoyen a emprunté des voies parallèles pour obtenir des prestations, ce qui a développé le phénomène de la corruption ». Le ministre en veut pour preuve la circonscription d’El Harrach où les personnels au guichet avaient été remplacés à trois reprises et dont plusieurs agents sont en prison. La même recommandation est faite aux walis pour la distribution des logements réalisés.

Le ministre a dit avoir instruit les walis d’établir un calendrier pour cette opération en procédant à une répartition des attributions, annonçant qu’ « il a donné une instruction au wali d’Alger de répartir les distributions des 1.900 logements prévus pour le mois de juin pour ne pas avoir sur les bras à distribuer à la fois tout ce nombre de logements ».

Pour le ministre il est « essentiel c’est qu’on arrive à ne plus voir de logements achevés et non distribués, c’est notre objectif car ces logements attirent les squatteurs, en plus des contestations qui entourent les opérations de leurs attributions », précisant la distribution de 60.000 logements publics locatifs au niveau national, se fera dans une grande proportion dans les délais déjà annoncés, à savoir avant le mois de Ramadhan. Dans ce cadre, il n’a pas écarté que ces attributions donneraient lieu à des pressions et des contestations ce qui se traduiront, selon lui, par un retard dans l’attribution d’un certain nombre de logements. Un retard qu’il justifie par le fait

qu’ « il y aurait tellement de pression sur ces attributions qui pourrait engendrer fatalement des problèmes et des retards », dans la distribution.

Haro sur les individus impliqués dans le saccage des biens

Sur les problèmes et les situations qui en découlent, le ministre a été clair et réaffirme la volonté de l’Etat d’en finir également avec ces problèmes qui deviennent récurrents

« Aucune tolérance n’est permise avec les individus impliqués dans le saccage des biens publics, précisant qu’ils seront poursuivis en justice, le cas échéant », a-t-il martelé, citant l’exemple des derniers incidents enregistrés dans la commune de Chemoura (Batna), qui a connu des actes de violence ayant provoqué l’incendie du siège de l’APC et des équipements du parc, ainsi que d’autres biens publics, en signe de protestation contre une opération de distribution de logements sociaux. Pour le ministre cet incident est « inacceptable », précisant

qu’ « aucune tolérance n’est permise en telles situations ». Il a estimé nécessaire l’ouverture d’une enquête et la prise des mesures nécessaires et affirmé que toutes les mesures proposées pour prendre en charge les revendications des citoyens, notamment celles relatives au logement et à l’emploi, feront objet de suivi de la part des cellules qui seront créées à cet effet au niveau des administrations compétentes. Il suggère que

« toutes les mesures suggérées aujourd’hui vont être transformées en directives avec des cellules de suivi aussi bien au niveau de l’administration centrale qu’au niveau des administrations locales », précisant toutefois que « certaines mesures proposées seront appliquées graduellement ». Il explique dans ce cadre qu’ « il y a des choses sur lesquelles nous allons progresser rapidement comme les mesures concernant l’état civil (documents) et d’autres qu’on va appliquer au fur et à mesure comme les mesures relatives à l’emploi et le logement, qui créent le malaise dans notre pays ».

Ould Kablia, prévient qu’ « on ne peut pas satisfaire à la fois un million de demandeurs d’emploi, comme on ne peut pas satisfaire un million de demandeurs de logements ». Se disant optimiste, il suggère que « les directives relatives au service public, seront aussi appliquées progressivement », Daho Ould Kablia n’a pas manqué de rassurer les automobilistes qui font face au diktat des gardiens de parkings sauvages et autres aires de stationnements et du même coup il rassure les jeunes qui se sont autoproclamés gardiens de ces lieux.

Un décret pour l’activité de gardiennage des parkings

« Un projet de décret exécutif relatif à l’activité de gardiennage des parkings et des aires de stationnement est entre les mains du gouvernement et sera mis en application dans les prochains jours » a-t-il annoncé. Selon lui, « le projet de décret qui vise à réglementer et encadrer désormais l’activité de gardiennage des parkings a été soumis au secrétariat général du gouvernement pour être approuvé et sera mis en application dans les tout prochains jours ». Il note, par ailleurs qu’une « très longue enquête » a été menée au niveau de la wilaya d’Alger sur cette question, ce qui a permis de réunir les éléments d’élaboration du projet de décret. Le ministre est par ailleurs revenu sur , par les collectivités locales, des grands investissements privés, en rappelant que le dossier se fait dans le cadre de la stratégie industrielle nationale pour les projets à caractère stratégique notamment ceux relevant des secteurs de la pétrochimie, de l’industrie pharmaceutique et l’automobile. Le ministre a dit avoir instruit les responsables des collectivités locales pour faciliter aux porteurs de ces deux types de projets l’accès au foncier industriel.

L’Algérie fait tout pour sécuriser ses frontières

Sur un tout autre plan, le ministre de l’Intérieur a abordé le phénomène du terrorisme. Selon lui, « la nébuleuse terroriste dont l’existence remonte aux années 90, a perdu énormément de sa capacité de nuisance grâce aux efforts des services de sécurité ». Sur le même registre et s’agissant de la situation dans la région du Sahel, le ministre de l’Intérieur a indiqué que l’Algérie fait tout pour sécuriser ses frontières avec les pays voisins. Il précise dans ce cadre que des moyens humains et matériels importants ont été déployés pour renforcer la sécurité sur les frontières et interdire toute intrusion, a-t-il assuré, précisant que « ce qui se passe ailleurs nécessite également une coordination plus poussée avec les pays concernés (Mali, Niger, Mauritanie) ». Il a affirmé, à cet égard, que la position de l’Algérie a consisté à privilégier une concertation avec les pays voisins concernés par ce phénomène. « Nous ne pourrions admettre que des pays extra-régionaux mettent leur grain de sel dans cette affaire », a-t-il déclaré, ajoutant que s’ils (ces pays) interféraient ce

« serait une perte de souveraineté pour les pays du Sahel » . Pour le ministre, « Il n’est pas question qu’on demande l’intervention directe d’un pays extra-régional », suggérant que les pays extra-régionaux « peuvent nous aider par une assistance technique et logistique ou dans le domaine des renseignements ». Il souligne que « l’Etat algérien qui anime, coordonne et applique la politique de défense nationale ne peut pas permettre à d’autres pays de venir interférer dans ce qui est un acte de souveraineté pour lequel nous avons payé un lourd tribut ».

Enfin, le ministre est revenu sur l’affaire de l’église protestante de Béjaïa. Elle a été fermée, explique-t-il « car certains de ses locaux ont été ouverts sans autorisation, précisant que cette fermeture n’avait rien à voir avec les restrictions à l’exercice des cultes. Il a réfuté les allégations selon lesquelles l’église protestante agréée de Béjaïa aurait été interdite d’exercice de ses activités religieuses expliquant que certains de ses locaux ont été ouverts sans autorisation, excepté un seul local portant une enseigne l’identifiant. Il explique que « l’exercice des cultes en Algérie est régi par un cadre juridique clair », rappelant que les membres de l’église en question étaient autorisés à poursuivre leurs activités en attendant de recevoir l’autorisation nécessaire.

Par : Sadek Belhocine