Il n’était pas question, pour lui, de discuter des problèmes du parti, de ses structures, des sujets qui ne relèvent pas du “territoire de compétence” des parlementaires, mais plutôt de celui des mouhafedhs et de Hydra, c’est-à-dire la direction du parti.
Nouvelle démonstration de force du secrétaire général du FLN. Il a réuni hier la majorité des élus nationaux du parti… pour les écouter.
Il aura fallu attendre un long moment, bien après la levée de la séance de l’APN, pour que 37 sénateurs et 188 députés rejoignent l’hôtel El-Aurassi où devait se tenir la rencontre. Un moment de suspense qui, au départ, a semé le doute. Surtout qu’une trentaine de députés se sont levés dans l’hémicycle en signe de protestation contre les ingérences du secrétaire général dans le fonctionnement du groupe parlementaire du parti.
C’est donc devant une salle complètement acquise à sa cause, que Amar Saâdani a prononcé un bref discours dans lequel il invite les élus à parler, à critiquer ou à louer sa gestion, “en toute franchise”. “J’accepte tout ce qui viendra de vous”, leur dit-il. Et d’accuser alors la presse de faire dans la manipulation.

Il parle de certains titres qui ont fait couler beaucoup d’encre, selon lui, au sujet du groupe parlementaire, sur de prétendus problèmes internes, une pétition qui circule ou encore un vote de confiance. “Que Dieu leur pardonne”, dit Saâdani. “Que celui à qui on a enlevé ses prérogatives ou qui estime que je me suis immiscé dans son travail ou que je l’ai lésé vienne parler et le dire”, lance-t-il avant de réorienter encore son artillerie vers la première cible : “Certains journaux manipulateurs.”
Ces derniers mois, les rapports entre Saâdani et la presse se sont détériorés. Le secrétaire général du FLN dit respecter et défendre la liberté de la presse, mais ne rate pas une occasion de l’attaquer lorsqu’elle donne la parole à ses détracteurs.
Les bras et le cœur ouverts, Saâdani invite alors les élus présents à parler, à dire ce qu’ils veulent dire, évoquer leurs préoccupations. Mais dès la première intervention, le patron du FLN, renforcé dans sa position et en présence du président de l’Assemblée nationale à ses côtés, rectifie le tir et balise le champ des interventions pour le limiter au strict cadre de l’APN.
Il n’est pas question pour lui de discuter des problèmes du parti, de ses structures, des sujets qui ne relèvent pas de leur “territoire de compétence”, mais plutôt de celui des mouhafedhs et de Hydra, c’est-à-dire la direction du parti.
La majorité des parlementaires a salué son geste, le fait de les inviter à cette rencontre, de parler ouvertement alors que d’autres se sont contentés de rappeler les restrictions du règlement intérieur de l’Assemblée, les incohérences du groupe parlementaire. D’autres ont demandé à ce que le FLN, le parti majoritaire, soit à la tête de l’Exécutif. Des lieux communs.
Tout ce que voulait entendre Saâdani qui a fait des rencontres qu’il organise avec les cadres, les élus, les responsables locaux une jauge, pour démontrer son poids dans le parti comme réplique à ses adversaires qui jouent également sur le même terrain et le même tableau.
D. B