L’ex-organique de l’UGTA aurait été invité par le secrétariat de l’UGTA à choisir entre “une démission” et “une suspension”.
Aucune raison n’a été avancée justifiant la démission surprise du secrétaire général de l’Union de wilaya UGTA d’Alger, Salah Djenouhat, longtemps considéré comme l’homme fort de la Centrale syndicale. Une démission diversement appréciée par les syndicalistes dont certains la qualifient de “démission forcée” puisque l’ex-organique de l’UGTA aurait été invité par le secrétariat de l’UGTA à choisir entre “une démission” ou “une suspension”. Et c’est Sidi Saïd qui aurait insisté auprès de son “vieil ami” pour l’implorer de quitter son poste pour ne pas subir une “blessante” sanction, nous a affirmé hier une source syndicale.
Le secrétariat de l’UGTA a aussitôt désigné Louassa Noreddine, actuel secrétaire chargé des finances de la Centrale syndicale et ex-secrétaire de l’Union locale de Ben-Aknoun, pour Iui succéder en qualité d’intérimaire à la tête de l’Union de wilaya d’Alger. Un autre coup porté à l’endroit de Djenouhat considérant que le nouveau responsable de l’Union de wilaya n’est autre que son concurrent, celui qui lui a “volé” le siège qu’il occupait à la Centrale syndicale.
De son côté, Djenouhat a adressé aux sections syndicales de la wilaya d’Alger une lettre dans laquelle il les remercie pour leur solidarité et leur soutien durant les multiples mandats qu’il a exercés à la tête de l’Union de wilaya.
Selon nos informations, il se pourrait qu’il existe “d’autres raisons” ayant amené Sidi Saïd à se séparer de son ancien camarade. Mais la déduction la plus probable demeure, selon des syndicalistes, les élections controversées d’Algérie Poste dont la conduite et les modalités de choix des délégués pour la conférence nationale du 29 octobre n’auraient pas plu aux membres du secrétariat de l’UGTA.
Ces élections ont été dénoncées aussi bien par des syndicalistes d’Algérie Poste que par le département organique de la Centrale syndicale. “Ces élections ne sont que la goutte d’eau qui a fait déborder le vase car le conflit entre Djenouhat et Sidi Saïd couve depuis plusieurs années”, affirme un syndicaliste d’Alger. Plus précisément à mars 2008, date de la tenue du 11e congrès de l’UGTA, lorsque Djenouhat, considéré comme “le faiseur des rois”, voulait introduire une disposition statutaire visant la création d’un poste de “vice-secrétaire général de l’UGTA” qu’il convoitait, témoigne un syndicaliste. “Sidi Saïd avait qualifié cette proposition de coup de poignard dans le dos, mais il n’a pas tenu rancune bien qu’il ait été très affecté”, ajoute notre interlocuteur. Depuis cette date, et diminué par le manque de soutien de Sidi Saïd, Djenouhat entame une “descente aux enfers” et va perdre le poste d’organique à l’UGTA puis celui de membre du bureau national du RND. “Ses amis qu’il a lui-même façonnés et ramenés au secrétariat de l’UGTA, dont certains y sont toujours, l’ont lâché, et ce sont eux qui ont fait pression sur Sidi Saïd”, affirme une source syndicale. Un autre syndicaliste regrette qu’au niveau de l’Union de wilaya d’Alger, hormis la zone de Rouiba et le port d’Alger, le syndicalisme était totalement absent dans la région algéroise.
De nombreux cadres syndicaux feront les frais du démantèlement des puissantes fédérations syndicales, pour des calculs électoraux, et qui faisaient la force de l’organisation.
S’ensuivent un immobilisme et une cadence jamais constatés dans la vie de l’organisation créée par Aïssat Idir. Une situation qui va contraindre de nombreux syndicalistes formés durant de longues années à l’UGTA à fuir l’organisation pour créer des syndicats autonomes qui vont, par la suite, damer le pion à l’UGTA. “Qui sème le vent récolte la tempête”, indique un syndicaliste, qui ajoute que ces décisions contre-productives, devenues aujourd’hui une règle, ont été menées… avec l’aval de Sidi Saïd et d’autres membres du secrétariat.
M. T.