Toujours la même promesse…
L’Etat se doit d’assurer l’essentiel au consommateur.
Chaque année c’est la même chanson qui revient comme un leitmotiv honni de tous. Benbada a, en effet, entamé lundi sa rengaine à propos de l’approvisionnement du marché national en produits de grande consommation pendant le mois de Ramadhan. Il sera assuré, a-t-il promis sur un air connu, «de manière suffisante».
Le ministre a avancé, comme de coutume, des promesses qui ressemblent curieusement à celles de 2011 et 2012, sous-tendues par des décisions et mesures destinées à «assurer un bon approvisionnement du marché national en plusieurs produits qui affichent déjà un niveau de disponibilité très satisfaisant» oubliant, toutefois, de relever la hausse sensible des prix affichés ces dernières semaines pour caracoler autour d’une fourchette qui oscille entre 5 à 10% d’augmentation.
Benbada se prononçait ainsi sur cette période cruciale lors d’une conférence de presse conjointe avec le ministre de l’Intérieur et des Collectivités locales, Daho Ould Kablia. Ses assurances interviennent à un peu moins de deux mois de ce fameux rendez-vous annuel de haute consommation. Ce laps de temps est certes plus ou moins confortable pour mettre en place un dispositif anti- spéculation.
«L’approvisionnement, serait suffisant en puisant, comme il le dit, dans les stocks issus d’importation de produits de première nécessité» pour fournir les marchés de proximité. Il a précisé que les stocks ont augmenté ces quatre derniers mois en citant 25% pour les huiles végétales, 27% pour la poudre de lait et 46% pour le sucre. Concernant cette dernière denrée, il est regrettable que la baisse enregistrée dans les marchés mondiaux n’ait pas été répercutée sur le prix du sucre en Algérie comme l’ordonne une économie de marché saine. Les prix échappent à tous les pays arabes et islamiques qui ne savent guère s’adapter à la loi universelle de l’offre et la demande.
Le ministre compte également sur la production nationale qui serait abondante, car coïncidant avec la pleine saison de récolte de produits agricoles frais, allant jusqu’à prédire que les prix de ces produits pourraient «se maintenir» à leur niveau actuel, voire même «baisser».
«Toutes les mesures ont été prises par le ministère de l’Agriculture pour assurer un bon approvisionnement du marché en lait pasteurisé, qui connaît une hausse de consommation pendant le mois de Ramadhan. Même les wilayas du Sud seront bien approvisionnées», a-t-il également soutenu.
Ces dérèglements annuels des marchés à pareille époque, ne sont pas du seul ressort du ministère du Commerce, mais aussi de plusieurs autres départements qui «ne jouent pas le jeu» franchement, comme les ministères de l’Intérieur, de l’Agriculture, des Transports, des Finances…et autres secteurs.
Etalant ses assurances, Benbada dira que pour ce qui est des céréales, la demande nationale sera satisfaite par les stocks issus de l’importation et de la production nationale qui s’annonce, d’ores et déjà, «très bonne». Concernant les viandes, les stocks constitués par la SGP Proda, estimés à 6000 tonnes de viande bovine congelée, «sont suffisants pour couvrir les besoins de consommation nationale», a-t-il encore assuré. En plus de l’importation de quantités importantes de viande bovine par la SGP Proda, le ministère de l’Agriculture a lancé un appel aux opérateurs pour l’importation de la viande ovine.
Ainsi «23 opérateurs ont déjà marqué leur disponibilité à importer cette viande d’Espagne et de la Nouvelle Zélande», a fait savoir Benbada, précisant que la SGP Proda a déjà acquis 12.000 têtes de moutons pour faire face à l’importante demande sur ce produit très prisé pendant le mois sacré.
Le ministre a fait savoir qu’il a été également décidé d’augmenter le nombre de points de vente de détail pour les produits de large consommation afin d’assurer leur disponibilité et éviter la pénurie qui contribue à la hausse des prix. Dans cette optique, il a rappelé que son département réalisera 285 marchés couverts dans le cadre du programme quinquennal du secteur, ce qui permettra, a-t-il dit, de répondre à 70% aux besoins en la matière.
L’initiative des marchés de solidarité lancée par la Centrale syndicale (Ugta), l’année dernière, est appelée aussi à s’élargir, a-t-il encore affirmé, soulignant que ses services ont pris attache avec des associations pour en augmenter le nombre.
Par ailleurs, Benbada a mis l’accent sur la nécessité de mener une campagne auprès des citoyens pour les sensibiliser sur l’importance de rationaliser leur consommation durant ce mois sacré.
Cependant, malgré toutes ces assurances qui rappellent la triste époque de la «langue de bois», l’Etat se doit d’assurer ce qui est essentiel comme la semoule, le sucre, l’huile, les légumes secs… Il y va de la crédibilité de l’Etat.