Le vent des révolutions arabes semble vouloir donner la part belle aux islamistes
Le président du Mouvement de la société pour la paix n’a pas de recette miracle pour faire aboutir son projet. Il compte surfer sur la vague verte qui donne l’impression de vouloir submerger le Maghreb.
La victoire d’Ennahda en Tunisie et celle qui se profile des islamistes libyens dont l’objectif est d’instaurer la Charia donnent des ailes aux islamistes algériens. Serviront-elles de détonateur à la formation politique de Bouguerra Soltani? Le Mouvement de la société pour la paix n’a cessé d’y laisser des plumes au fil des différents scrutins au point de se faire devancer par le FNA (Front national algérien) dans la course aux APC (Assemblées populaires communales) en 2007: 1578 pour le FNA et 1495 pour le MSP.
Sur quel réservoir électoral peut-il compter pour partir à la conquête du pouvoir en 2012? «Le MSP possède en prévision des prochaines élections législatives au moins 400.000 voix fixes», a déclaré le leader islamiste sur les ondes de la Radio nationale Chaîne1, dont il était l’invité dans le cadre de la nouvelle émission Akhtar min Midjhar (voir L’Expression du 30 octobre). Un bien maigre potentiel de voix si l’on prend en compte d’une part, le nombre d’inscrits qui s’élève à plus de 18 millions et les scores réalisés par le Mouvement de la société pour la paix, lors des dernières joutes électorales de 2007. 940.141 suffrages exprimés en sa faveur pour les APW (Assemblées populaires de wilayas) soit 15% des suffrages exprimés, 842.644 pour les APC, soit 10,69% des bulletins de vote validés, 9,71% des voix pour les législatives qui se sont traduits par 52 sièges. Ce qui l’impose comme troisième force politique du pays, largement devancé par ses deux rivaux mais néanmoins partenaires de l’Alliance présidentielle: le Front de libération nationale et le Rassemblement national démocratique. Deux partis qui ne lui feront aucun cadeau lors du prochain scrutin qui doit en principe se dérouler au mois de mai 2012. Les résultats du MSP ne peuvent s’interpréter que comme étant des contre-performances eu égard à ceux réalisés par la mouvance islamiste intégriste (l’ex-FIS dissous) qui avait raflé la mise lors des élections communales de 1990 (953 communes sur 1539 et 32 wilayas sur 48) et qui a frappé aux portes du pouvoir lors des élections législatives avortées de 1991 (188 sièges au premier tour). Un réservoir de voix inestimable que n’a pu capter ni le leader charismatique du MSP, feu Mahfoud Nahnah – qui a incarné la tendance islamiste soft et bon teint en Algérie et fait de l’entrisme sa stratégie d’accession au pouvoir – encore moins son successeur qui semble avoir dilapidé un capital de voix au cours d’un itinéraire fait de schismes au sein de sa famille politique (à l’instar du mouvement de redressement incarné par Abdelmadjid Menasra, un de ses ex-lieutenants) et de compromissions (participation aux différents Exécutifs, pratiquement sans interruption depuis les élections pluralistes présidentielles de 1999) qui ont brouillé la ligne politique du parti. Ce manque de discernement s’est traduit par une déperdition de voix qui a été notamment exploitée par la redoutable machine électorale du FLN emmené par son secrétaire général dont les «accointances» avec la mouvance islamiste sont devenues un secret de polichinelle (participation de Belkhadem à la conférence de Sant’Egidio…).
L’abstention a fini par faire le reste (65% pour les dernières législatives). Le décor ainsi planté ne laisse objectivement pas de marge de manoeuvre au leader du MSP pour espérer faire le plein de voix nécessaire pour dominer des élections nationales bien qu’elles se présentent sous un angle indécis. Le vent des révolutions arabes qui semble vouloir la part belle aux islamistes profitera-t-il à cette mouvance en Algérie? Bouguerra Soltani ne l’a pas attendu pour afficher ses intentions. «Vous savez, cette année-là (2012, Ndlr) coïncidera avec le 50e anniversaire de l´Indépendance du pays. Nous avons toujours prédit qu´il nous faut au moins un demi-siècle afin que la génération qui a libéré le pays transmette le flambeau à la génération de l´Indépendance. Nous avons coché cette date parce qu´elle coïncide avec le 50e anniversaire de l´indépendance du pays. Et nous représentons justement cette génération et ses préoccupations futures», avait confié le 29 août 2009 dans une interview fleuve accordée au quotidien arabophone Asharq el-Awsat le leader du MSP, qui s´est fixé comme objectif la conquête du pouvoir à travers les élections législatives de 2012. Bouguerra Soltani jouera cependant sa chance à fond. Pourtant, une nette impression se dégage. Cela ressemblera probablement à un nouvel échec. Aux urnes d’en apporter le démenti…