Le gouverneur de la Banque d’Algérie (BA) a eu droit aujourd’hui en séance plénière de l’APN à un véritable réquisitoire de la part des députés intervenants sur le rapport annuel (2013) qu’il a présenté.
Autant dire qu’il n’a pas tellement convaincu l’assistance. En témoignent les tirs croisés qu’il a essuyés de la part des élus, toutes obédiences politiques confondues. Il a été reproché, en premier lieu, à Mohamed Laksaci de ne pas prendre en considération les recommandations formulées par les représentants du peuple à propos des précédents bilans annuels. « Vous n’avez rien apporté de nouveau que l’on sache déjà et qu’on lit quotidiennement dans la presse à propos de la situation économique. Souvent, ce sont les organismes étrangers spécialisés dans l’économie et la finance qui nous informent sur la situation économique du pays ».
La stabilité financière du pays défendue par le gouverneur de la BA a été remise en cause par certains intervenants qui ont estimé que la réalité contredit la tranquillité qu’il affiche. Il s’est même trouvé des députés qui lui ont demandé sous quelle autorité était placée la Banque d’Algérie, tout en sachant pertinemment qu’elle est indépendante et du pouvoir exécutif et du pouvoir législatif. Il est nommé par le président de la République et il n’a de comptes à rendre qu’à lui.
D’autres députés ont exprimé leurs craintes quant à la chute brutale des cours du pétrole et ses conséquences sur l’économie nationale, en l’absence d’investissements productifs et créateurs de richesses. Pour eux, il y a urgence ce d’autant que les réserves de change du pays ne couvrent pas plus de 35 mois d’importations et que les activités hors hydrocarbures représentent seulement 4% de l’ensemble.
Laksaci a été également interpelé pour fournir à l’Assemblée le bilan de 2008 à 2013 sur les facilitations, exonérations d’impôts et baisse des tarifs douaniers ( ce qui représentent une perte de 60 milliards de dinars pour le Trésor public) accordés au secteur privé qui a bénéficié de 51,4% du total des crédits.
Abordant les importations des matières premières, les intervenants ont déclaré ne pas s’expliquer que la baisse des prix de l’huile (18%) et du sucre (14%) sur le marché mondial ne se soit pas répercutée sur les prix localement. « Qu’elle est la valeur ajoutée enregistrée par ces entreprises importatrices de ces deux produits ? », se sont-ils interrogés.
Le premier responsable du gendarme des banques a été interpellé également sur la non-tenue de ses engagements quant à l’ouverture des bureaux de change et l’augmentation de l’allocation touristique. Un non-respect qui « engendre l’encouragement du marché informel de la devise », a estimé un intervenant. Les débats s’achèvent cet après-midi, suite à quoi le gouverneur de la Banque d’Algérie aura la lourde tâche de tenter de convaincre l’hémicycle clairsemé.
Il est à signaler par ailleurs que seule une cinquantaine de députés ont pris part à cette rencontre annuelle avec le gouverneur de la Banque d’Algérie.
Faouzia Ababsa