Djaballah veut renforcer l’application de l’Islam
Le Front pour la justice et le développement (FJD) plaide pour un régime semi-présidentiel.
Le président du Front pour la justice et le développement (FJD), Abdellah Djaballah, a indiqué que la Constitution algérienne doit subir une révision profonde et globale. Pour ne pas rester au stade de critiques, son parti a élaboré un projet de Constitution de 297 articles dont la référence est la proclamation du 1er Novembre 1954, visant l’instauration d’un Etat «souverain, démocratique et social dans le cadre des principes islamiques».
Ce projet a été présenté, hier, au Nadi El Moudjahid d’Alger, par M.Djaballah qui a estimé que toutes les Constitutions qu’a connues l’Algérie n’ont pas été fidèles aux principes de la proclamation du 1er Novembre.
Dans son projet, le FJD reste attaché aux constantes nationales. Cependant, il veut renforcer l’application de l’islam en proposant des articles inspirés du Coran. Sur ce chapitre, la Constitution du FJD édicte un article stipulant que «l’Islam est la religion d’Etat». Article qui existe dans l’actuelle Constitution.
L’article 3 du projet stipule: «L’Arabe est la langue nationale et officielle de l’Etat. Tamazight est langue nationale».
Avec cette proposition, le parti de Djaballah a pris position contre l’officialisation de la langue amazighe.
Interrogé à ce propos,M.Djaballah a refusé de répondre, se contentant de rappeler que son ancien parti a voté pour la reconnaissance de cette langue comme langue nationale en 2002.
Faut-il rappeler que la langue amazighe a été introduite dans la Constitution après des dizaines d’années de lutte et de sacrifices, sanctionnées par des centaines de morts et de blessés lors du printemps noir de 2001.
La population qui a fait le printemps noir et ceux qui luttent depuis des décennies pour tamazight réclament toujours l’officialisation de cette langue commune à toute l’Afrique du Nord.
Faut-il donc d’autres luttes, d’autres sacrifices et d’autres morts pour officialiser cette langue?Des observateurs estiment qu’une occasion en or se présente pour régler cette question identitaire à l’occasion de la prochaine révision de la Constitution. Dans son allocution, M.Djaballah a fait une confidence qui en dit long sur ce problème identitaire. Un ancien chef de gouvernement a dit à M.Djaballah, qu’il recevait alors qu’il était en exercice, que la langue arabe n’est pas une constante nationale.
Qui est donc ce chef de gouvernement? Pourquoi a-t-il fait la promotion de la langue arabe (tous les gouvernement qui se sont succédé depuis les années 1970 ont fait ainsi) qu’il ne considère pas comme étant une constante nationale? Comment a-t-il pu défendre une cause à laquelle il ne croit pas, d’autant plus que sur le plan de l’histoire, il a entièrement raison?
Concernant la nature du régime politique, le FJD propose un régime semi-présidentiel où les pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire seront réellement séparés.
Pour M.Djaballah, le régime actuel est super-présidentiel. «Le président de la République concentre tous les pouvoirs. Les pouvoirs législatifs et judiciaires ne sont en réalité que des fonctions législatives et judiciaires», a-t-il indiqué. Dans le projet du FJD, le président de la République n’aura pas le droit de légiférer par ordonnance, ne sera pas le premier magistrat du pays et il exercera le pouvoir exécutif avec le chef du gouvernement et quelques ministres.
Sur ce point, le projet de Constitution de ce parti chamboule toute l’architecture constitutionnelle actuelle.
Interrogé sur son éventuelle participation à la prochaine élection présidentielle, M.Djaballah a répondu qu’il n’était pas intéressé par ces échéances dans les conditions actuelles qui ne garantissent pas une élection libre et transparente. Il a ajouté qu’il ne souhaite pas que le chef de l’Etat se présente pour un autre mandat, rappelant qu’il s’est opposé à lui en 1999, 2004 et 2009.