Il a pourtant eu son heure de gloire,L’horloge de notre cinéma s’est arrêtée

Il a pourtant eu son heure de gloire,L’horloge de notre cinéma s’est arrêtée
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Aller au cinéma autrefois était considéré comme un véritable événement. On s’habillait en conséquence comme pour une invitation.

Tout a été dit ou presque sur l’état de notre secteur cinématographique et, par ricochet, sur celui des salles de cinéma. Mais pourquoi en sommes-nous arrivés là ?



Un bref rappel historique permettrait peut-être d’envisager quelques solutions.

Après la nationalisation, dans l’euphorie de tous les espaces de projection au lendemain de l’Indépendance, les salles sont passées directement à une gestion socialiste et bureaucratique d’abord au niveau du ministère de tutelle, ensuite des communes, auxquelles elles étaient rattachées jusqu’en 1980, grâce à la vigilance des travailleurs dont beaucoup ont passé toute leur carrière dans cette profession.

Ces salles sont restées parfaitement conservées avec leur mobilier et leur fauteuil d’avant-guerre et affichaient pratiquement «complet» chaque soir à 21h. Le rituel était immuable. Comme il y a 50 ans. Les spectateurs avaient droit à un documentaire, puis à un dessin animé ou aux actualités, ensuite venait l’entracte. C’était un intermède de 10 minutes durant lequel on pouvait sortir se dégourdir les jambes ou choisir de rester sur place pour déguster un esquimau.

Enfin, une sonnerie retentissait, rappelant aux spectateurs qui se seraient oubliés, que le film était sur le point de commencer. Il faut préciser aux jeunes qui n’ont pas connu cette époque que le cinéma, surtout les samedis soir, était une occasion de sortie en famille ou en couple. On s’habillait en conséquence comme pour une invitation. Il faut leur rappeler aussi que les films proposés aux clients, étaient visionnés en même temps que les spectateurs de n’importe quelle ville de France. Signalons pour la forme que certains balcons, dans quelques grandes salles, étaient pourvus de mezzanines, une espèce de large fauteuil particulier réservé à une clientèle de choix.

C’est dès que l’Etat a décidé de céder ces salles au privé pour décharger les communes que les choses ont commencé à se gâter.

Néanmoins, il faut se garder de jeter la pierre aux gérants privés qu’on accuse aujourd’hui de tous les maux.

La plupart d’entre eux, aux termes de leur location, ont investi, créé des emplois, renouvelé en partie le mobilier, peint, ravalé les façades extérieures. Seulement voilà, l’Etat n’a rien changé à ses habitudes. Sur chaque billet d’entrée, l’on continuait à prélever entre 60 et 70% d’impôt, suivant la capacité d’accueil et l’emplacement de la salle. Il ne restait donc aux nouveaux gestionnaires que 30% à 40% sur chaque billet vendu.

Après le payement des salaires, de l’eau, de l’électricité et de la location des films et comme leurs salles n’affichaient jamais «complet», tous les soirs de la semaine, ils étaient obligés de mettre la main à la poche à chaque fin de mois. D’où l’échec total de cette cession.

Et forcément, les salles sont tombées en décrépitude. Les spectateurs se sont fait de plus en plus rares et les bons films figuraient de moins en moins à l’affiche. C’est ainsi que la mort de ces cathédrales du spectacle a été programmée.