Aux citoyens qui avaient bloqué son cortège, le Premier ministre a répondu par des promesses de solution à court terme, en invitant le wali à s’ouvrir au dialogue en accordant des audiences à chaque citoyen qui en exprimerait le souhait.
Lors de sa visite de travail et d’inspection dans la wilaya de Souk-Ahras, hier, le Premier ministre, qui était accompagné d’une importante délégation ministérielle, a eu à mesurer le niveau de mécontentement des populations de cette région frontalière.
Des citoyens en colère de Souk-Ahras, première étape de cette sortie, ont, en effet, tenu à exprimer leur ras-le-bol de leurs pénibles conditions de vie, dénonçant dans la foulée le mépris qu’opposeraient les autorités locales à leurs attentes, prenant surtout à partie le wali local. Ces habitants venus des cités périphériques, dont des femmes, que les services de sécurité ont eu d’ailleurs beaucoup de mal à contenir, ont bloqué le cortège et exigé de prendre langue avec Abdelmalek Sellal afin de lui exposer les problèmes de logement et d’emploi qu’ils rencontrent. Des demandes auxquelles le Premier ministre a répondu, avec le tact qu’on lui connaît, par des promesses de solution à court terme, tout en invitant le wali visé à s’ouvrir au dialogue sans plus tarder en accordant des audiences à chaque citoyen qui en exprimerait le souhait. S’agissant notamment des postulants au logement de type LPL, un segment qui a pu bénéficier d’un quota de 4 260 unités, sur les 9 500 inscrits dans le cadre du programme quinquennal 2010/2014 et dont 1 460 sont déjà en cours de réalisation, le Premier ministre a assuré les contestataires de la poursuite sans relâche du programme retenu jusqu’à sa livraison aux citoyens. D’autres demandeurs d’emploi tout aussi virulents que ceux rencontrés dans la ville chef-lieu de wilaya ont interpellé quelques heures plus tard, mais à Taoura cette fois, Sellal et le ministre de l’Enseignement supérieur pour réclamer que les postes encore vacants au sein de l’institut agronomique de cette localité soient comblés. Là encore, le Premier ministre a su se montrer rassurant pour calmer les jeunes manifestants et a demandé à Harraoubia en personne de prendre des mesures concrètes sans plus tarder et ainsi éviter la protesta qui couvait. Le cortège avait entre-temps pu s’enquérir de l’état d’avancement des projets socioéconomiques en cours de réalisation à Sedrata, la plus importante des 10 daïras que compte cette wilaya. Dans cette ville, M. Sellal et ses ministres ont visité le projet en cours de réalisation du marché de proximité Batimétal et a assisté à la remise des décisions d’affectation des stands à des jeunes bénéficiaires. Comme ils ont inspecté la ferme-pilote Tidjani-Laïd, une exploitation agricole individuelle spécialisée dans la culture fourragère et l’élevage de bovins performante mais qui manque cruellement de main-d’œuvre qualifiée.
Devant cette situation, il a demandé au ministre du secteur de faire en sorte qu’un centre de formation agricole soit ouvert dans la région pour pallier cette lacune.

La délégation ministérielle a ensuite procédé à l’inspection des travaux de construction du barrage Oued-Djedra dans la commune de Taoura qui viennent d’être lancés par l’entreprise publique Cosider et celui du barrage d’Oued Mellegue, une infrastructure destinée à alimenter notamment le futur complexe d’engrais phosphatés Ferphos, d’Oued Keberit, un mégaprojet industriel stratégique, à même de générer des milliers d’emplois, à la fin 2015, assure-t-on.
En marge de la tournée marathon qu’il a effectué à travers la wilaya, le Premier ministre a rencontré les représentants de la société civile, qui ont tenu, pour leur part, à lui souhaiter la bienvenue tout en le félicitant d’avoir pris l’initiative de se déplacer en pays profond. Sellal, qui connaît personnellement cette ville, où il dit avoir de nombreux amis, a de prime abord, souligné qu’il n’est pas sans savoir le retard qu’accuse cette région martyre en matière de développement.
Comme il l’a fait auparavant dans d’autres wilayas depuis le début de l’année, le Premier ministre a prié l’assistance de se faire son porte-parole auprès des populations pour qu’elles sachent que le gouvernement et lui-même font tout ce qu’ils peuvent pour redresser la situation et faire de l‘Algérie un pays moderne et fort. “L’Algérie est sur la bonne voie et nous n’avons aucune raison de craindre l’avenir, nous en voulons pour preuve l’admiration que nous portent beaucoup de pays et des plus avancés”, dira-t-il, regrettant toutefois que le pays soit affecté par une crise de confiance sans précèdent, alors même qu’il regorge de richesses naturelles. Et d’ajouter : “Nul n’ignore que la corruption autant que la haine et la rancœur qui nourrissent certains sont les freins à toute velléité d’essor de la société, autant de raisons qui doivent nous inciter à combattre ces fléaux dévastateurs.” Il devait conclure en affirmant que dans le cadre de sa mission à la tête du gouvernement, il fera tout ce qui est possible pour que s’ouvre maintenant une ère de prospérité.
A.