Faisant partie du collectif des avocats désignés par le FLN, Ali Boumendjel est probablement celui qui a su le mieux défendre les intérêts des militants emprisonnés durant la guerre de Libération nationale.
Considéré comme un as du barreau qui a réussi, grâce à ses éloquentes plaidoiries, à sauver de l’échafaud des centaines de militants, Ali Boumendjel est probablement l’avocat qui a donné le plus de fil à retordre à l’administration coloniale durant la révolution. Mandaté par le FLN, cet intellectuel, amateur de peinture et de musique, s’était forgé un nom, en devenant la bête noire des tribunaux et des hommes politiques français. Intervenant à l’occasion de la Journée nationale des avocats célébrée, hier, sa nièce garde de lui le souvenir d’un éminent avocat qui a donné sa vie pour servir la révolution. «C’était un homme très cultivé, qui était passionné de peinture, de musique et de football qu’il avait pratiqué avant d’embrasser la carrière d’avocat Influencé fortement par Ahmed, son frère aîné, lui aussi avocat, Ali était un non-violent et un pacifiste qui avait un goût prononcé pour le droit et la justice. C’est pourquoi il a répondu sans hésiter à l’appel du FLN qui l’avait chargé d’assurer la défense des militants et combattants emprisonnés durant la guerre de Libération nationale», a-t-elle confié d’une voix teintée d’émotion. Se disant fière aussi de son père et de ses plaidoiries qui ont permis de sauver de nombreux Algériens de la guillotine, l’invitée du forum d’El Moudjahid a fait part d’un livre consacré à Ali Boumendjel. Intitulé Une histoire algérienne, l’affaire française, ce livre, a-t-elle indiqué, est un plaidoyer en faveur de la révolution algérienne et de ses héros qui ont été assassinés ou qui sont tombés au champ d’honneur. Le docteur Ameur Khila a essayé, pour sa part, de dresser un portrait d’Ali Boumendjel, en mettant en exergue son militantisme et son talent d’avocat hors pair, qui ont beaucoup aidé la révolution. Soulignant les mesures draconiennes imposées par la France coloniale pour embrasser la carrière d’avocat, il a précisé que ce n’est qu’à partir de 1914 que l’interdiction fut levée et que les Algériens furent admis à plaider. «Les premiers avocats, parmi lesquels Ali Boumendjel, Amar Bentoumi, Hadj Hammou, Mahmoud Zertal, furent désignés pour assurer la défense des membres de l’Organisation secrète qui avaient été arrêtés», a-t-il révélé. Devenus forts gênants, la France coloniale ne voulait plus de ces avocats. Certains, à l’image de Ali Boumendjel, étaient sur une liste rouge. «Contrairement à ce que les autorités françaises avaient déclaré à l’époque, Ali Boumendjel ne s’est pas donné la mort. Il a été précipité du cinquième étage d’un immeuble situé dans la commune d’El Biar et son bourreau c’est le colonel Bigeard», a-t-il divulgué. Prenant la parole, à son tour, le représentant des magistrats du Centre, maître Sellini a mis l’accent sur le 23 mars, une date historique, dit-il, parce qu’elle évoque un passé et une histoire que nous devons enseigner aux jeunes générations afin qu’elles s’inspirent des héros de la révolution et suivent leur exemple.