Il a été président dans une époque sensible,Chadli et l’équation islamo-berbériste

Il a été président dans une époque sensible,Chadli et l’équation islamo-berbériste

Le Premier ministre et des membres du gouvernement rendant un dernier hommage au défunt président

Le règne de Chadli a commencé par la montée des revendications identitaires et démocratiques. Il a fini par le chaos islamiste.

L’époque où Chadli Bendjedid était président de la République, a été marquée par deux événements politiques majeurs qui ont changé le cours de l’histoire de l’Algérie.

Le premier est survenu au début de son mandat et le second à la fin de son règne. Il s’agit bien entendu du Printemps berbère de 1980 et de l’avènement de l’islamisme radical en 1990.

L’époque de Chadli est ainsi marquée par la montée en puissance des Berbéristes démocrates et des islamistes.

Chadli, qui est arrivé à la présidence de la République au début de l’année 1979, a eu à faire face, une année plus tard, aux évènements de Kabylie, connus sous le nom de Printemps berbère. Tout a commencé par l’interdiction, le 10 mars 1980, d’une conférence que devait donner feu Mouloud Mammeri à l’Université de Tizi Ouzou sur la poésie kabyle ancienne. Le pouvoir de l’époque a cru bon d’empêcher cette conférence qui représentait, à ses yeux, une menace de troubles à l’ordre public.

Or, ce qui est devenu un danger pour l’ordre public était justement l’interdiction de la conférence.

Les événements se sont précipités, aboutissant à l’arrestation des 24 principaux acteurs dans la nuit du 20 avril.

Ces événements, réprimés dans le sang, sont une tache noire qui a souillé le règne de cet homme qui, malgré lui, a commencé à nourrir les mouvements islamistes dont les premiers actes barbares ne tardèrent pas à se perpétrer. Le 2 novembre 1982, Kamel Amzal, étudiant à l’Université d’Alger, a été tué par des islamistes à l’intérieur de la cité universitaire de Ben Aknoun. Coincés entre le marteau du pouvoir et l’enclume des islamistes, les défenseurs de la cause identitaire, des libertés, de la démocratie et des droits de l’homme n’ont pas laissé faire. Ils sont revenus en 1985 pour créer la Ligue algérienne pour la défense des droits de l’homme. Le parcours de Chadli à la tête de la République a pris une autre tache noire avec l’arrestation des créateurs de cette Ligue. Loin de désespérer, les islamistes, plus ou moins tolérés, continuaient à activer dans la clandestinité. En octobre 1988, le pays a sombré dans des émeutes générales dont les causes, les tenants et les aboutissants, restent à ce jour un mystère.

Ces émeutes ont poussé Chadli et les hommes qui l’entouraient à ouvrir une brèche pour la démocratie en constitutionnalisant le multipartisme, à la faveur de la Constitution de 1989.

Les militants des deux camps (démocrates et islamistes) ont accédé à la vie politique légale.

Sauf que les islamistes, qui ont exploité la détresse sociale des Algériens, ont raflé les assemblées locales à l’occasion des élections municipales de juin 1990, montrant ainsi leur intention de dévier la démocratie de sa trajectoire.

Ils ont alors décrété impie la démocratie et crié sur tous les toits «ni charte, ni Constitution, Dieu a dit, le Prophète a dit… etc.» Cette victoire aux élections locales a permis à l’ex-FIS de prendre plus d’assurance et d’affûter ses armes pour, quelques mois plus tard, remporter la majorité au premier tour des élections législatives de décembre 1991. Ce sacre islamiste et les menaces proférées contre la société ont conduit à l’interruption du processus électoral. Ce coup dur a entraîné la fin du règne de Chadli qui a conduit, le 4 janvier 1991, à la dissolution de l’Assemblée populaire nationale (APN), présidée à l’époque par Abdelaziz Belkhadem. Le président de la République a démissionné quelques jours plus tard, soit le 11 janvier 1991.