On le savait déjà et le congrès du RND qui s’est ouvert ce matin à l’hôtel Aurassi l’a confirmé. Abdelkader Bensalah a été intronisé nouveau secrétaire général du Rassemblement national démocratique, en remplacement d’Ahmed Ouyahia qui a démissionné de son poste le 3 janvier dernier « pour sauver le parti. »
Abdelkader Bensalah a été plébiscité aujourd’hui avant même l’ouverture des travaux du 4e congrès du Rassemblement national démocratique (RND). Avec quand même un précédent jamais vu dans aucun parti politique et encore moins été une culture politique. En ce sens que la forme n’était pas de mise, puisque c’est la commission de validation des mandats qui a proposé aux congressistes que le deuxième homme de l’Etat devienne officiellement le secrétaire général du parti après en avoir assuré l’intérim.
Une pratique nouvelle qui a étonné jusqu’aux différents invités à ce congrès représentants de quelques partis politiques et plusieurs hommes d’affaires. Tout le monde savait que Bensalah était le seul candidat depuis déjà plusieurs mois. II suffisait donc que le congrès lui réitère sa confiance après que le bilan financier et moral eurent été adoptés.
Notons par ailleurs, que le grand absent à ces assises était Ahmed Ouyahia qui avait fait part à Bensalah de sa volonté de ne pas se porter candidat au poste de secrétaire général. De plus il se trouve en ce moment même en Maurétanie, où il supervise le déroulement des élections législatives.
Toutefois, son ombre a plané sur la première journée du congrès. Notamment lorsque le fraîchement SG plébiscité lui a rendu hommage en louant ses mérites et le travail qu’il a accompli à la tête du parti pendant quatorze ans. A la citation de son nom, des ovations ont fusé dans la salle. Toute la salle s’est mise debout pour acclamer Ahmed Ouyahia. Ce qui dément la thèse selon laquelle que l’ex-premier responsable du RND en disgrâce, et que seuls les membres du conseil national ont voulu en découdre avec lui. Une situation qui dénote que la crise au sein du RND n’est pas encore finie et qu’elle pourrait surgir à n’importe quel moment.
D’autre part et dans un long discours, qui a ennuyé congressistes et invités, le nouveau SG du RND a décliné le programme de son parti et amorcé une sorte de bilan du président de la République. Un discours pour le moins inaudible, tant le boucan de la salle était important. Mais avant d’en donner lecture M. Bensalah a donné le là en indiquant que la presse l’accusait d’être avare en déclaration. Dès lors, et pour la circonstance, il a décidé d’être plus prolixe. Et il l’a été. Sauf que son intervention était empruntée de langue de bois à telle enseigne que les congressistes ont déserté la salle.
D’ailleurs, les commentaires allaient bon train au sujet du discours du deuxième homme de l’Etat. « Il n’y a aucune comparaison à faire avec Ouyahia. Ni sur le plan du charisme ni sur celui du maintien de la discipline », disaient ceux qui jugeaient l’intervention fastidieuse. « Quand Ouyahia prenait la parole dans un congrès ou au conseil national, c’était le silence religieux, de plus il a, contrairement à Bensalah, une voix qui porte. Ce qui forçait l’assistance à plus d’attention. En plus clair, il était imposant et savait s’imposer. »
Notons par ailleurs beaucoup de ceux qui avaient déserté les rangs du parti ou gelé leurs activités ont répondu présents et se sont vus désignés comme délégués. Y compris le général à la retraite Mohamed Betchine auquel revient l’idée même de la création du RND et dont la dernière apparition publique dans le parti remonte à 2004, lorsqu’il avait été invité à un meeting de campagne pour les présidentielle à Constantine. Ce qui a réjoui Bensalah qui n’a pas hésité à dire que c’était là le fruit du dialogue et l’abandon de la politique d’exclusion.
Les travaux du congrès se poursuivront demain pour la deuxième journée consécutive avec le vote des résolutions et la désignation des membres du conseil nationale « après consultation ». Suite à quoi le RND, comme l’a précisé Bensalah s’attèlera à préparer la prochaine échéance électorale, les présidentielles, en l’occurrence. Avec cette précision que contrairement à ses précédentes sorties médiatiques où il affichait le soutien indéfectible du parti pour un quatrième mandat à Abdelaziz Bouteflika, aujourd’hui, Bensalah s’est contenté de réaffirmer le soutien du parti au programme du président de la République. Et comme en politique, chaque mot a son pesant d’or, toutes les lectures sont possibles.
Faouzia Ababsa