À quelques exceptions près, tous ont fait le déplacement : beaucoup d’anciens compagnons d’armes, mais surtout des politiques et beaucoup d’ex-responsables.
Ali Kafi, l’ancien président du HCE, a été inhumé hier au Carré des martyrs du cimetière d’El-Alia, à Alger, en présence du président de la République, des présidents des deux Chambres du Parlement, des membres du gouvernement, des officiers supérieurs des corps constitués et du corps diplomatique accrédité à Alger. La dépouille du défunt fut, d’abord, exposée au Palais du peuple, avant d’être acheminée vers le cimetière d’El-Alia aux alentours de 14 heures.
L’oraison funèbre fut lue par le ministre des Moudjahidine, Mohamed-Chérif Abbas, qui a rappelé le parcours militant de l’homme et son rôle durant la Révolution, ainsi que son parcours diplomatique à l’Indépendance, son passage à la tête de l’ONM et son entrée au HCE, en tant que membre, ensuite en tant que président de ce comité.
Comme c’est de coutume, le cimetière d’El-Alia regroupe, en pareilles circonstances, tous les acteurs de la vie politique nationale. Une occasion pour les retrouvailles, mais surtout pour des palabres et autres conciliabules.
Pour l’enterrement d’Ali Kafi, tous, sauf quelques exceptions, ont fait le déplacement. Il y avait, certes, beaucoup d’anciens compagnons d’armes, mais il y avait surtout des politiques et beaucoup d’ex- responsables. Les anciens Premiers ministres étaient, presque tous, là, à commencer par Mouloud Hamrouche, Mokdad Sifi, Réda Malek, Belaïd Abdesselam et Ahmed Ouyahia. Beaucoup d’anciens ministres étaient également présents, à l’image d’Ahmed Taleb El-Ibrahimi, Mohamed-Chérif Kherroubi ou Abderrachid Boukerzaza. Plusieurs officiers supérieurs à la retraite étaient également présents, dont le plus en vue fut Khaled Nezzar. Côté partis politiques, les islamistes étaient présents en force : Abou Djerra Soltani, Abdallah Djaballah, mais aussi les partis de d’Alliance verte. Mais c’est le FLN, toujours sans chef, qui aura envoyé le gros de ses troupes : d’un côté Abderrahmane Belayat et Kassa Aïssi et de l’autre Goudjil, Mohamed-Seghir Kara et Boudjemaâ Haïchour. Le grand absent de ces funérailles fut Abdelaziz Belkhadem, qui n’aurait pas encore avalé son lâchage d’en haut. À l’inverse, Ahmed Ouyahia, qui avait été très marqué par son limogeage du gouvernement et qui était très esseulé lors des funérailles du président Chadli, semblait hier en superbe forme. Souriant, très sollicité, il passera la majeure partie de son temps à discuter avec l’autre exclu, Noureddine Yazid Zerhouni. Ouyahia était là, dans la première rangée, bien en vue, aux côtés de Zerhouni, histoire de dire qu’il était bel et bien là, alors que la rumeur le donnait en fuite à l’étranger, mais aussi pour lancer un message à qui de droit qu’en dépit de son départ du gouvernement et du RND, il n’était pas tout à fait mort politiquement.
D’ailleurs, au cimetière d’El-Alia, deux questions revenaient dans la quasi-totalité des discussions, y compris au sein des personnes réputées proches du président Bouteflika : ce dernier rempilera-t-il pour un quatrième mandat ? Et sur quoi va porter la révision constitutionnelle ? Autant dire que le flou est total et que le personnel politique algérien est en quête de repères, de signes avant-coureurs, pour se déterminer.
A. B.