Accompagné par des cadres de la DGSN, le général-major M. Abdelghani Hamel a rencontré les représentants de la société civile d’In-Salah, hostiles au gaz de schiste.
Le très attendu émissaire de la présidence de la République a finalement atterri, hier dans la matinée, dans un avion spécial, à l’aéroport d’In-Salah. À la surprise générale, c’est le DGSN, le général-major Abdelghani Hamel, qui a été dépêché par El-Mouradia en tant que “représentant personnel” du chef de l’État, Abdelaziz Bouteflika. Il est certes connu pour figurer parmi le cercle restreint des proches du Président, mais, de par sa fonction de premier responsable de la police, il n’est forcément pas le mieux indiqué pour assumer la mission pour le moins délicate, qu’est celle de dialoguer avec les représentants du front antigaz de schiste. Accompagné par des cadres de la DGSN, M. Hamel a rencontré les représentants de la société civile d’In-Salah, hostiles au gaz de schiste, dans le salon d’honneur de l’aéroport, et ce, en présence d’un guide d’une zaouia influente dans la région. L’émissaire de la présidence de la République était également accompagné par les représentants de la chaîne Canal Algérie de l’Entv qui a, jusque-là, brillé par son silence, ayant tout bonnement ignoré ce mouvement citoyen qui défraye la chronique depuis le 1er janvier.
Ils étaient exactement 18 représentants sur les 22 constituant le collectif citoyen antigaz de schiste à se rendre à l’aéroport, dépassant ainsi largement la liste limitée à seulement 8 personnes, initialement recommandée par la délégation présidentielle. Hormis les cadres locaux des corps de sécurité, aucun élu local ou national, ni de responsables locaux, pas même le chef de daïra ou le maire, n’étaient conviés à cette rencontre qui a été, en outre, interdite aux représentants de la presse nationale.
L’avion spécial, de la compagnie Tassili, transportant la délégation d’Alger, a atterri sur le tarmac de l’aéroport d’In-Salah vers 10 heures. La rencontre entre les deux parties (la délégation de la Présidence présidée par M. Hamel et les 18 membres du collectif citoyen), a duré un peu plus de deux heures. Selon le compte rendu qui nous a été fait à l’issue de la rencontre par certains participants, le général Hamel s’est contenté d’écouter et d’enregistrer les doléances exprimées par ses hôtes, tout en s’engageant à les remettre en “main propre” au chef de l’État qui l’a personnellement délégué.
Hamel : “Une décision sera prise dans les plus brefs délais” “Franchement, il a été très réceptif et attentif même s’il n’était porteur d’aucune décision concrète comme ne le souhaitions. Pour notre part, nous lui avons signifié clairement que l’arrêt du projet d’exploration ou d’exploitation du gaz de schiste reste la seule décision qui peut nous pousser à renoncer à notre mouvement de protestation”, déclare Mohamed Azzaoui, un des leaders du front antigaz de schiste d’In-Salah, non sans qualifier le discours du DGSN de “positif et porteur d’espoir”. Selon lui, dans le discours de M. Hamel il se profilait, en effet, une lueur d’espoir qui dit qu’une “décision positive sera à 80% prise par les pouvoirs publics”. Même son de cloche chez son “compagnon de guerre”, Abdelhamid Slimani qui, lui, porte ce pourcentage à “90%”. “D’après ce qu’on a entendu de la bouche du général Hamel, je peux vous dire, et j’en suis persuadé, qu’à 90% c’est la décision d’arrêter l’exploitation du gaz de schiste qui sera prise par le président Bouteflika dans les tous prochains jours”, nous a-t-il affirmé. M. Hamel, rapportent encore les deux représentants du collectif citoyen, s’est montré en outre “compréhensif et sensible” à la revendication citoyenne de renoncer à l’exploitation du gaz de schiste, non sans leur promettre qu’il rendra personnellement publique “dans les plus brefs délais”, la décision qui sera prise par le chef de l’État. D’après les informations distillées aux représentants d’In-Salah par son “envoyé spécial”, le président Bouteflika ne trouverait aucun inconvénient à décider d’annuler le projet d’exploitation du gaz de schiste si cela s’avère nécessaire.
Le wali attendu pour annoncer l’arrêt du puits d’Ahnet
Cette décision, avons-nous appris d’une source bien informée, serait annoncée au plus tard “demain matin”. Elle sera faite, précise notre source, par le wali de Tamanrasset, Mahmoud Djemaâ attendu dans la soirée d’hier à In-Salah. Notre source, très proche de la personnalité qui a été l’intermédiaire direct entre les hautes autorités du pays et les représentants des citoyens d’In-Salah, est même affirmative concernant la fermeture du puits de Dar El-Hamra dans la région d’Ahnet, (à 25 km de la ville d’In-Salah), qui, selon elle, serait déjà décidée par le président de la République et qu’il ne reste plus que son annonce officielle par le wali “soit ce soir, (hier, ndlr) ou demain dans la matinée”.
Une chose est sûre, le chef de sûreté de wilaya est déjà, depuis hier, à In-Salah.
Ce qui ne peut que consolider l’information concernant la venue du wali. Cela d’autant plus que nous avons eu écho d’une réunion restreinte tenue dans l’après-midi d’hier, à l’hôtel Tidikelt, entre lui et le chef de daïra, Abdelkader Moulay.
Avant cela, faut-il le souligner, certains représentants, les plus influents, ont été rappelés à l’aéroport dans l’après-midi d’hier, pour saluer le départ de Hamel. Ils ont été, à l’occasion, interviewés par le journaliste du média public Canal Algérie. Selon notre source, l’objectif de leur rappel à l’aéroport était de leur faire part de l’annonce, par le général Hamel lui-même, avant qu’il ne préfère céder cette tâche au wali de Tamanrasset qui serait déjà sur le point de prendre l’avion pour In-Salah.
Pendant ce cafouillage officiel, aucune information officielle n’est parvenue aux représentants du collectif citoyen, encore moins aux citoyens qui occupent toujours la place de la résistance qui fait face au siège de la daïra. “Effectivement, nous avons été appelés à rejoindre l’aéroport que je viens tout juste de quitter, mais, encore une fois, aucune décision ne nous a été communiquée. Nous étions là seulement pour saluer le départ du général Hamel, et parallèlement nous avons été interviewés pour la première fois par la télévision nationale”, nous apprend par téléphone, vers 17h30, Mohamed Azzaoui.
Ce dernier nous a confirmé que le mouvement de protestation se poursuivra tant qu’aucune décision officielle d’arrêter le forage d’Ahnet n’est rendu publique.
F. A