Il a été dénoncé par les manifestants vendredi: La carte Brahimi grillée

Il a été dénoncé par les manifestants vendredi: La carte Brahimi grillée
brahimi

Au lendemain de l’audience que lui a accordée lundi 11 mars le chef de l’État revenu la veille d’un séjour médical en Suisse, l’ancien ministre des Affaires étrangères Lakhdar Brahimi s’est vite mis dans le bain en s’adonnant à une mission de bons offices qui ne dit pas son nom entre les jeunes “insurgés” et le président contesté.

Du mardi 12 mars au jeudi 14 mars, il a été l’invité de trois chaînes de télévision (ENTV, Djzaïria1 et Echourouk News) où il s’est employé, dans un délicat exercice de contorsionniste, à caresser dans le sens du poil la jeunesse qui bat le pavé depuis un mois pour faire partir son “ami” Bouteflika tout en prêchant les vertus du dialogue et, surtout, en jouant habilement sur le danger d’un vide institutionnel. “Les jeunes sortis dans les rues ont fait preuve d’un haut sens de responsabilité, forçant l’admiration de tous, tant à l’intérieur du pays qu’à l’étranger”, s’est épanché l’ancien ministre des Affaires étrangères du défunt président Chadli Bendjedid au sortir de l’audience présidentielle.

Le lendemain, dans un entretien accordé à l’ENTV, il assure que “le départ d’un régime ne peut se faire du jour au lendemain”. Pour mieux appuyer son argumentaire, il a agité le spectre de l’anarchie en convoquant, à l’occasion, le chaos irakien où “l’armée et toutes les institutions de l’État avaient été dissoutes” entraînant ainsi “un vide effarant en matière de gestion des affaires de la société dans ses moindres besoins”. De fil en aiguille, le vieux diplomate

a recommandé de la “pondération” dans la mise en place d’une nouvelle Constitution et l’organisation

LG Algérie

de l’élection présidentielle.

En décodé : les Algériens ont beaucoup à gagner en acceptant la feuille de route qui leur est proposée par le chef de l’État. Question : en qualité de quoi parle M. Brahimi ? Officiellement, Bouteflika ne l’a pas chargé d’une quelconque mission ou mandaté à parler en son nom. Même la présidence de la conférence nationale que compte organiser Bouteflika ne lui sera pas revenue, puisqu’il a lui-même démenti cette information en assurant qu’il n’avait “pas été désigné pour présider la conférence nationale à laquelle a appelé le président de la République, en tant que pas vers la nouvelle République”. Pourquoi alors M. Brahimi se fait-il porte-voix du président Bouteflika ? Ce dernier est, certes, son ami, mais cela ne suffit pas à l’autoriser à prêcher la cause présidentielle auprès des Algériens ou à faire de la réclame pour les projets politiques qu’il compte lancer.

Il y a des institutions (la Présidence et le Premier ministère) qui sont censées le faire. À vrai dire, Bouteflika et son entourage savent pertinemment qu’aucun responsable, au sein du gouvernement ou ailleurs, n’est assez crédible pour parler et se faire entendre par la jeunesse algérienne totalement réfractaire au discours officiel. D’où cette énième ruse de recourir à un vieux diplomate bénéficiant d’une certaine aura à l’international et, surtout, éloigné de la gestion des affaires du pays pour camper le rôle d’interface ou de porte-parole officieux d’un régime aux abois. Sauf qu’avec les manifestations de vendredi 15 mars, la carte Lakhdar Brahimi, décriée par les manifestants, est plus que jamais grillée.

Arab Chih