“L’Algérie dispose encore d’une marge de manœuvre pour continuer de soutenir les prix du carburant.”
Après le silence observé pendant les deux premiers mois suivant sa désignation à la tête du ministère des Finances, Abderrahmane Benkhelfa commence à occuper le terrain. À mesure que le ministre s’accommode à sa nouvelle fonction, troquant ainsi son discours de consultant financier, prônant l’orthodoxie des institutions de Bretton Woods et appelant de ses tripes à ramener les transferts sociaux en Algérie à un seuil raisonnable, contre celui lénifiant de ses prédécesseurs.
Dans un entretien accordé à l’APS, Abderrahmane Benkhelfa, qui a commencé à tirer la sonnette quant à l’impossibilité de soutenir le modèle économique basé sur les subventions au moment où le pétrole caracolait à plus de 100 dollars le baril, a, en effet, déclaré que “l’Algérie dispose encore d’une marge de manœuvre pour continuer de soutenir les prix du carburant”. “Pour le moment, l’abandon des subventions au carburant n’est pas à l’ordre du jour”, a-t-il indiqué, estimant que “malgré la chute des prix du pétrole, l’Algérie a les moyens pour faire face à ce choc”. Le ministre des Finances a ajouté que “l’Algérie n’en est pas au stade d’adopter une politique d’austérité ou d’arrêter les subventions”. Il a également expliqué que “cette situation résulte en particulier de la démarche du gouvernement ayant abouti au paiement anticipé de la dette extérieure et à la constitution d’une épargne conséquente”. Et de conclure : “La politique sociale de l’Algérie est, pour le moment, maintenue grâce à la politique anticipatrice du gouvernement.” Selon lui, le gouvernement mise plutôt sur la sensibilisation des citoyens pour veiller à gaspiller moins. “Nous allons continuer à dépenser mais nous devons veiller à gaspiller moins (…). Nous devons arrêter de gaspiller tous ces produits et ressources qui sont soutenus par l’État : sucre, huile, farine, électricité et carburant (…). Si tous les Algériens s’inscrivent dans cette logique, l’État va économiser des ressources importantes dans son budget qui est déjà alourdi par les transferts sociaux”, a-t-il souligné. Il mise aussi sur l’inclusion du secteur informel dans la sphère économique formelle et donc sur l’amélioration des recouvrements fiscaux. Dans ce contexte, le ministre a précisé que le programme de conformité volontaire prévu par la loi de finances complémentaire pour 2015, qui vise à amener les entrepreneurs du secteur informel à s’identifier auprès de l’administration fiscale et à déclarer leur argent caché moyennant le paiement d’une sorte d’amende de 7%, devrait être mis en œuvre dès le 15 août prochain. Et d’annoncer une campagne de communication devant être menée par les banques pour convaincre les déposants éligibles au programme. “Les banques vont mener un travail de proximité pour inciter les détenteurs de capitaux informels à déposer leur argent dans la sphère bancaire dans une totale discrétion et sécurité”, a-t-il dit.
L. H.