Le phénomène représente un danger pour l’économie et la production nationale. Depuis quelques années, l’informel a connu une expansion des plus inquiétantes. Des transactions qui se chiffrent à des milliards de dinars échappent à tout contrôle.
Ni les services du ministère du Commerce, ni ceux du fisc et encore moins les services de sécurité n’arrivent à endiguer une menace sur l’économie du pays. Hier, le ministère du Commerce a consacré une journée d’étude sur l’économie et le marché informel à Alger.
La journée a vu défiler à la tribune plusieurs experts, notamment des enseignants universitaires pour expliquer le phénomène et proposer les remèdes à un problème structurel. Amara Benyounès, ministre du Commerce, a révélé que le montant des transactions commerciales effectuées dans le réseau de l’informel est de 206,5 milliards de dinars.
Ce chiffre représente la valeur des transactions effectuées durant les quatre dernières années, soit une moyenne annuelle de 51,6 milliards de dinars. Même avec ce chiffre effarant, le ministre a estimé qu’il est “difficile de cerner avec exactitude l’ampleur de ce phénomène, au regard de sa nature occulte et de ses pratiques frauduleuses”.
Cela dit, le taux présenté par le ministère du Commerce peut s’avérer en deçà de la réalité. M. Benyounès a précisé que les résultats des enquêtes menées par les services compétents démontrent que l’informel affecte plusieurs branches d’activité, mais à des degrés différents. Il a cité les services, l’industrie de transformation, l’agriculture, le commerce extérieur et la distribution…
“Ce phénomène pourrait constituer, à terme, une menace sérieuse pour l’outil de production national”, a alerté le ministre, en mettant l’accent sur le fait que cette activité “a fini par s’incruster dans le décor ambiant de nos villes, villages, cités et quartiers”. “Son expansion actuelle obéit, de plus en plus, à des objectifs occultes et à des motivations de gain facile, d’enrichissement illicite et d’évasion fiscale”, a ajouté le ministre. Sur un autre registre, M. Benyounès a indiqué que ce type de commerce “est socialement utile”, du fait qu’il fait vivre des milliers de familles et emploie des milliers d’autres personnes, mais il comporte des risques sur le plan de la santé et de la sécurité du consommateur. Pour tenter de venir à bout de cette activité, le ministre a rappelé que les pouvoirs publics ont mobilisé une enveloppe financière de 12 milliards de dinars pour la réalisation et l’aménagement de marchés de proximité, une autre de 10 milliards de dinars pour la réalisation de marchés couverts. Il a aussi évoqué les facilités accordées et les abattements fiscaux aux nouveaux commerçants installés dans les marchés.
Pour les intervenants, on note la communication de Rachid Alliouche, enseignant chercheur à HEC d’Alger. Il a développé son intervention autour de la notion et les concepts de l’informel. Il a estimé que c’est un secteur difficilement saisissable statistiquement, même s’il est un gros employeur. Farid Alliouat, docteur en sciences de gestion, a traité, quant à lui, des retombées du commerce informel sur l’économie nationale.
Pour lui, le phénomène s’est accéléré depuis la crise de 1986 et les directives du FMI dans le cadre de l’ajustement structurel. Mme Kamila Ghidouche Aït Yahia a traité des circuits de distribution moderne comme solution aux circuits informels.
M.M