La poussée des islamistes dans les pays arabes qui ont connu cette année des révoltes, dont la Tunisie, la Libye, l’Egypte et même le Maroc, donne des idées au président de MSP, Boudjerra Soltani. Ainsi, ce dernier croit à une éventuelle victoire de son parti lors des prochaines législatives.
Dans ce cadre, l’héritier de Nahnah a dit mardi dernier : «Nous allons remporter les prochaines élections, et nous sommes sûrs de cela, car il est temps qu’un parti islamiste prenne les commandes en Algérie».
On ne sait pas comment M.Soltani a fait ses calculs sauf s’il croit vraiment à l’aspect de la contagion ou bien a-t-il été rassuré par le président d’Ennahdha de la Tunisie, M. Ghannouchi avec qui il a eu de longs entretiens lors de sa visite en Algérie. Alors que la réalisation de cette ambition n’est pas évidente dans un pays qui a vécu une décennie noire.
L’invité de l’émission, «Liqaâ El Youm» diffusée par la chaîne qatarie «El Jazeera», semble choisir son camp qui est «la maison des islamistes» et pourtant celle-ci est plus que jamais dispersée à cause des conflits internes. D’ailleurs, même le MSP a vu la naissance d’un mouvement appelé «El Taghyir» initié par les opposants de Soltani dont le leader n’est autre que Abdelmadjid Menasra sans oublier la naissance de nouvelles formations islamistes, à l’instar du parti de Abdallah Djaballah et celui de l’ex-SG d’El Islah, Djamel Benabdesslam.
Autre déclaration de M.Soltani, cette fois-ci au sujet de l’alliance présidentielle. Selon ces propos, «c’est la fin de l’Alliance présidentielle» avant d’ajouter : «Cela fait douze ans que nous sommes consolidés autour d’une Alliance, pour des raisons diverses, entre autres, pour sauvegarder l’Algérie qui avait connu une période très difficile avec le phénomène du terrorisme, mais aujourd’hui, cette Alliance a pris fin». Cependant, le MSP n’a pas déclaré le divorce avec ses alliés mais il critique ce cadre tout en siégeant toujours dans un gouvernement composé par les partis de l’alliance. Donc, la direction du MSP veut le «beurre et l’argent de beurre» comme on dit dans ce genre de situation.
Créée le 16 février 2004, avec essentiellement pour but la mise en œuvre du programme du Président Bouteflika, l’Alliance présidentielle composée du FLN, du RND et du MSP est devenue un corps sans âme et avec la fièvre des législatives, c’est la séparation en silence.
Au niveau de l’Assemblée populaire nationale, le divorce du MSP avec cette alliance est déjà consommé. Puisque ce parti avait boycotté la session de vote relative à l’adoption du projet de loi portant code de la commune. Sept mois après, ce parti s’est abstenu de voter trois projets de loi qui s’inscrivent dans le cadre des réformes politiques (projet de loi portant code électoral, la représentation des femmes aux assemblées élues et celui portant sur l’incompatibilité du mandat parlementaire).
Des projets de loi qui ont subi des amendements de fond initiés par le FLN avec la complicité et le soutien de parti du RND qui a joué le jeu à la dernière minute pour assurer la validation des textes en question.
Il faut dire que les enjeux des prochaines législatives sont énormes car c’est la prochaine législature qui validera l’amendement du texte fondamental de la République ; en plus, le Premier ministre pourrait être désigné par la majorité sans oublier les perspectives de la présidentielle. D’ailleurs, il y a des mois, M.Soltani n’a pas caché ses ambitions pour prendre le chemin d’El Mouradia.
Du côté de ses «alliés», ces derniers ont entamé leur pré- campagne électorale. Celle-ci a obligé M.Ouyahia à consacrer ses week-ends pour aller vers la base de son parti et éviter toute surprise lors des prochaines élections.
Du côté du FLN, Abdelaziz Belkhadem présenté par certains observateurs comme
«islamiste modéré» dirigeant un parti «nationaliste» , ne ménage aucun effort pour attirer des islamistes malgré les redresseurs qui menacent de présenter des listes indépendantes lors des prochaines élections. Dans sa relation avec le RND, le jeu n’est pas encore clair, les deux partis se soutiennent à l’APN mais dans sa sortie médiatique à la coupole, Belkhadem avait accusé le RND d’être l’auteur d’un complot contre le FLN, sans le citer. A ce propos, il a imputé «l’échec de ceux qui se prétendaient démocrates en 1988 à se débarrasser des symboles de la Révolution du fait qu’ils ne disposent ni de base militante ni de crédibilité historique». Il a fait remarquer que cette fois-ci «ceux qui sont considérés comme appartenant au courant démocratique et nationaliste ont été chargés de mener cette mission contre le parti du FLN».
Par Nacera Chenafi