Il a demandé au parti Istiqlal de ne pas quitter le gouvernement ,Mohammed VI sauve la tête de Benkirane

Il a demandé au parti Istiqlal de ne pas quitter le gouvernement ,Mohammed VI sauve la tête de Benkirane
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En visite privée à l’étranger, le souverain marocain a exhorté le chef du parti Istiqlal de maintenir ses ministres au gouvernement afin d’épargner au Maroc une crise politique, dont il se serait bien passé en cette période de difficultés économiques et de pressions internationales sur le conflit du Sahara occidental.

Sachant pertinemment qu’un retrait du gouvernement Benkirane de son principal allié, le parti Istiqlal, est synonyme d’un grand remaniement, voire même l’organisation d’élections législatives anticipées, Mohammed VI a rapidement pris le taureau par les cornes pour éviter à son pays une crise politique. De l’étranger où il se trouve en visite privée, le souverain chérifien a appelé au téléphone Hamid Chabat, le patron de l’Istiqlal, le principal allié des islamistes au pouvoir au Maroc, pour l’exhorter à rester au gouvernement. C’est ce qu’a indiqué hier le porte-parole du parti, dont le conseil national de l’Istiqlal avait décidé samedi du retrait du gouvernement dirigé par les islamistes du PJD. Adil Benhamza, le porte-parole du parti, a déclaré à l’agence AFP que le roi a contacté par téléphone le chef de l’Istiqlal, Hamid Chabat, dans la nuit de samedi à dimanche, pour l’“exhorter à maintenir nos ministres au sein du gouvernement”. Affirmant que “pour l’heure, notre décision n’a pas été retirée”, la même source a ajouté : “Nous allons demander à nos ministres de gérer les affaires courantes dans l’attente du retour du roi”, qui se trouve actuellement en voyage privé à l’étranger. Dans un communiqué publié à l’issue de l’entretien téléphonique entre M. Chabat et le roi, l’Istiqlal a signalé que son comité exécutif, chargé de mettre en œuvre la décision de retrait du gouvernement, avait pris acte de ce “développement extrêmement important”. Le document souligne que le parti, qui détient plusieurs portefeuilles dont ceux de l’Economie et de l’Education, “adhère totalement à la volonté royale de garantir les conditions de stabilité et de servir les intérêts supérieurs de la nation”. L’Istiqlal, deuxième force à la chambre des représentants avec 60 députés, a justifié sa décision de quitter le gouvernement, en évoquant une incapacité du Premier ministre islamiste, Abdelilah Benkirane, à prendre “en considération la gravité de la situation économique et sociale”. Ceci étant, l’Istiqlal, principal allié du PJD (Parti justice et développement), a annoncé samedi son retrait du gouvernement. Après un an et demi de pouvoir, les défis se sont compliqués pour le gouvernement islamiste de Benkirane. De fait, la rue ne le ménage plus depuis pratiquement qu’il a épuisé ses 100 premiers jours de grâce. Un coup dur donc pour les islamistes qui ont rêvé d’un parcours identique à celui de leurs homologues turcs de l’AKP qui en sont à leur troisième législature. Benkirane n’a-t-il pas déclaré à multiples occasions que son PJD serait pour le Maghreb ce que l’AKP est pour le pays d’Atatürk, la locomotive de l’islamisme politique dans la région ? La défection de l’Istiqlal est lourde de significations et de conséquences. C’est beaucoup plus que la deuxième force au sein de la coalition emmenée par les islamistes. L’Istiqlal est surtout une clef de voûte du Makhzen, le système royal marocain. Le porte-parole de l’Istiqlal, Adil Benhamza, a précisé qu’une note a été transmise au roi Mohammed VI pour expliquer les raisons qui ont poussé le parti à prendre une telle décision : plusieurs erreurs concernant la gestion de problèmes stratégiques du pays ! Du cousu main de la part du parti historique de l’indépendance marocaine.



L’Istiqlal assure aussi la présidence du Parlement avec 60 sièges sur 395 à la première chambre. Le conseil national du PJD devra choisir entre deux scénarios possibles, inscrits dans la Constitution : formation d’une nouvelle majorité ou législatives anticipées. Et s’il n’arrive pas à trancher, le dossier sera transmis au Majles Echoura du parti. Mais, dans tous les cas de figure, Mohammed VI a son mot à dire : le Palais royal est resté maître des jeux. La démocratie concédée sous le poids de la rue au moment où les “printemps arabes” atteignaient leur apogée, étant tout juste procédurière, comme partout ailleurs dans la région.

L’idéal pour Benkirane est dans la formation d’une nouvelle majorité, car, dans l’autre perspective, la tenue d’élections législatives anticipées, les islamistes marocains ne sont pas du tout assurés de rééditer l’exploit de 2011. Une année de pouvoir a dévoilé leurs limites et celles que leur a assigné le Palais royal. Et, surtout, leur ambition de gouverner qu’au nom de l’islam pour notamment réduire l’opposition à une peau de chagrin et garder le pouvoir a été mise à nu.

M. Tigrine/D. Bouatta