En arrivant hier à l’aéroport Ben-Gourion de Tel-Aviv, le président américain a fait voler en éclats les derniers espoirs des Palestiniens de voir ses promesses d’œuvrer pour la solution des deux Etats, Israël et Palestine, se concrétiser pour que la paix se réalise au Proche-Orient.
“Notre alliance est éternelle”, a lancé Barack Obama en direction de ses hôtes israéliens, avant d’ajouter que les Etats-Unis étaient “fiers d’être le plus fort allié d’Israël”. Clair, net et précis ! Le locataire du bureau ovale de la Maison-Blanche a confirmé que Washington a bel et bien changé de camp depuis longtemps, et ce n’est pas maintenant qu’un changement pourrait se produire sur cette question. “La paix doit arriver en Terre sainte. Nous ne perdrons jamais de vue la paix entre Israël et ses voisins”, a déclaré Barack Obama dans une brève allocution sur le tarmac, sans toutefois préciser les conditions de cette paix. Très content de cette prise de position, qui conforte l’Etat hébreu dans sa politique expansionniste et colonialiste, le Premier ministre israélien a remercié le président américain de défendre sans équivoque le droit d’Israël à exister (…) et pour avoir courageusement défendu ce droit devant les Nations unies”, en référence à son opposition à l’accession de la Palestine au statut d’Etat à l’ONU. “Dans un Moyen-Orient instable et incertain, la nécessité de notre alliance est plus importante que jamais. C’est la clé pour parvenir à la paix stable et sûre à laquelle le peuple d’Israël aspire”, a-t-il ajouté. Shimon Peres a également salué le “soutien inébranlable” d’Obama à Israël. Réalistes et conscients de cette triste réalité, les Palestiniens ne se font pas d’illusions, à l’image du négociateur Nabil Chaath, qui a appelé le président américain à cesser de prôner une reprise des négociations de paix avec Israël pour passer aux actes, dans une tribune publiée hier par le quotidien israélien Haaretz. Le fait que les dirigeants palestiniens observent un quasi-mutisme officiel sur la première visite d’Obama en tant que président en Israël et dans les Territoires palestiniens, illustre parfaitement leur totale déception. “Beaucoup de vies palestiniennes et de capital politique auraient pu être épargnés ces quatre dernières années si le président Obama avait montré sa détermination à favoriser des négociations sur une solution à deux Etats”, estime Nabil Chaath, regrettant qu’il n’ait pas persévéré sur la voie tracée lors de son discours du Caire en 2009. “Malheureusement, le président Obama ne sera pas en mesure de visiter la Palestine plus de quelques heures”, souligne-t-il. “La ségrégation raciale, y compris dans les transports publics, a été une période sombre de l’histoire des Etats-Unis. Cela se passe aujourd’hui en Palestine”, écrit également ce vétéran des pourparlers de paix avec Israël. Il a ajouté que “le président Obama est invité à constater cette réalité et comprendre que la fenêtre d’opportunité est en train de se fermer. Nous n’avons pas besoin de 20 autres années de négociations pour changer cette réalité. Ce qu’il nous faut, ce sont des décisions fermes et courageuses avant qu’il ne soit trop tard”. “La solution à deux Etats ne fait pas partie du programme du gouvernement israélien, et c’est une des raisons fondamentales pour lesquelles les négociations ont échoué”, a-t-il fait remarquer. “Plutôt que des appels à la reprise d’un ‘’processus de paix’’ vide de sens, nous attendons des actes véritables sur le terrain. Ces actes devraient conduire à mettre fin à l’impunité du gouvernement israélien et à prendre les mesures politiques nécessaires”, ajoute-t-il. Nabil Chaath a conclu en estimant que “l’avenir de millions de Palestiniens et d’Israéliens ainsi que du reste des peuples de la région dépend de la volonté de l’administration américaine à pousser à la justice et à la paix”.
M T