Au 16e jour des événements en Libye, le colonel Kaddafi est une nouvelle fois monté au créneau en public lors d’une cérémonie à Tripoli. Il a pris la parole à l’occasion du 42e anniversaire de l’avènement de son régime, la Jamahiriya.
Il n’a pas fait ses adieux au peuple libyen, il n’a pas aussi reconnu la revendication des libyens et qu’il est temps de quitter le pouvoir après 42 ans. Mais Kaddafi a voulu devant ses partisans et en présence des médias étrangers donner une autre version des faits, contraire à celle rapportée par les medias et les chaînes satellitaires en plus des témoignages des réfugiés. Selon Kaddafi, il n’ y a pas de manifestations dans son pays et n’a pas donné l’ordre de massacrer les libyens, avant de déclarer la guerre «jusqu’au dernier homme et femme» en cas «d’invasion étrangère».
Le colonel Kaddafi a une nouvelle fois accusé le réseau Al-Qaïda d’être derrière les troubles qui secouent depuis deux semaines son pays.
Selon sa version, «les troubles ont commencé avec l’infiltration de cellules dormantes d’Al-Qaïda en Libye, qui se sont emparées des armes et ont attaqué les forces régulières».
En outre, il a relevé que des manifestations ont eu lieu, selon lui en Libye, pour «le soutenir», accusant les télévisions satellitaires «de ne pas les montrer».
Lors de son discours télévisé, le troisième depuis le début de l’insurrection, Kaddafi affirme qu’il n’exerce pas de véritable pouvoir en Libye.
En outre, il a souligné que les décisions de l’ONU contre son régime ont été prises sur la base «de fausses» informations diffusées par des agences. Il a appelé l’ONU à envoyer une commission d’enquête.
En tout cas, la probable solution militaire annoncée par les Etats-Unis pourrait jouer en faveur de Kaddafi. D’ailleurs, hier il a dénoncé ce qu’il a appelé «un complot étranger visant à accaparer le pétrole et les richesses libyens» mais «cela ne se produira jamais», selon lui. Il a ajouté que la production pétrolière en Libye est «au plus bas».
L’option d’une intervention militaire divise l’Otan
Toutefois, l’option d’une intervention militaire de l’Otan en Libye suscite des divisions en raison des «craintes de réactions dans le monde arabe», des «réticences à voir l’alliance élargir son champ d’influence et de la complexité de l’opération». Selon l’AFP, une réunion des ambassadeurs des 28 pays de l’organisation, programmée de longue date, se tient depuis hier à Bruxelles. Dans ce cadre, la session ordinaire des ministres arabes des Affaires étrangères a débuté hier au Caire pour examiner le projet de rejet de toute ingérence étrangère en Libye.
La France, s’est dit opposée à l’usage de la force. «Je pense que cela pourrait être extrêmement contre-productif», a affirmé le nouveau ministre français des Affaires étrangères Alain Juppé.
La Turquie, autre membre de l’Otan, refuse catégoriquement cette option. Moscou a, pour sa part, affiché son opposition accusant l’alliance atlantique, d’essayer de s’implanter dans cette région, sous couvert de vouloir pacifier la situation en Afrique du Nord. Selon le secrétaire à la Défense américain Robert Gates, la mise en place d’une zone aérienne d’exclusion serait «extraordinairement compliquée».
Des combats continuent à Brega
Sur le terrain, des médias rapportent que les combats continuent dans la ville de Brega. Selon l’AFP, les forces de Kaddafi sont entrées hier à Brega, jusqu’alors contrôlée par les insurgés, où se «déroulaient de violents combats, à 200 km au sud-ouest de Benghazi». Selon la même source, Aymane al-Moghrabi, un médecin qui participe au soutien médical des combattants à Ajdabiya, à 160 km au sud-ouest de Benghazi, a déclaré que «dans la nuit, les forces de Kaddafi ont attaqué l’aéroport de Brega où elles ont affronté les rebelles». Un travailleur de la raffinerie de Brega, joint par téléphone, a indiqué ne pas pouvoir quitter sa maison.
Il a été rapporté aussi que «l’aviation et les forces libyennes loyales au colonel Mouammar Kaddafi menaient mercredi une contre-offensive dans l’est de la Libye, contrôlée depuis plusieurs jours par les insurgés, alors que des navires de guerre américains approchaient des eaux de la Méditerranée». A ce propos, il a été indiqué qu’il y a eu des dizaines de morts.
«Deux personnes sont mortes dans les affrontements» alors que «les troupes pro-Kaddafi à Brega, ont pris les raffineries en main pendant quelques heures», a déclaré un autre témoin, faisant état, comme plusieurs autres, de «mercenaires tchadiens» parmi les forces pro-Kaddafi. Cependant, il est rapporté que Brega est désormais complètement sous le contrôle de la «Révolution». S’agissant des victimes de la situation chaotique en Libye, des ONG et des médias, ont donné un bilan d’entre 600 et 1000 personnes tuées dans les violences. Pour le cas des ressortissants algériens, le ministère des Affaires étrangères a annoncé que le bateau Tassili II a quitté hier le port libyen de Tripoli pour mettre le cap sur l’Algérie.