Il a appelé les dirigeants africains à ne pas changer les constitutions pour rester au pouvoir: Ban Ki-moon critique “la présidence à vie”

Il a appelé les dirigeants africains à ne pas changer les constitutions pour rester au pouvoir: Ban Ki-moon critique “la présidence à vie”
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La présidence à vie compromet tout espoir de sortie de crise et remet en cause toute perspective d’un développement politique, social et économique durable, a souligné le chef de l’ONU.

L’Afrique demeure le continent où il y a le plus grand nombre de dirigeants politiques qui détiennent le record de longévité au pouvoir. La maladie du pouvoir qui gangrène le continent a été au centre du discours prononcé samedi soir par le secrétaire général de l’Organisation des Nations unies (Onu), Ban Ki-moon, à l’ouverture du 26e Sommet ordinaire de l’Union africaine (UA) à Addis-Abeba, en Éthiopie.

Les dirigeants politiques des États africains ont été, en effet, épinglés par Ban Ki-moon qui a dénoncé leur volonté de s’accrocher au pouvoir, en dépit de l’opposition de leurs peuples et au détriment de la stabilité de leurs pays. C’est un réquisitoire sans appel qu’a fait le diplomate japonais devant une “assemblée africaine” qui venait d’élire à sa tête Idriss Deby Itno, le président qui dirige le Tchad depuis 1991, en remplacement de Robert Mugabe qui, lui, règne d’une main de fer sur le Zimbabwe depuis 28 ans.

Saisissant l’occasion de cette réunion continentale regroupant les chefs d’État africains, le SG de l’Onu a déclaré que “les dirigeants (africains, ndlr) ne devraient jamais utiliser des changements constitutionnels non démocratiques et des vides juridiques pour s’accrocher au pouvoir”. Ban Ki-moon n’est pas allé jusqu’à citer les présidents concernés par cette question, comme c’est le cas actuellement au Burundi, où le président Pierre Nkurunziza a brigué un troisième mandat, malgré une forte opposition à Bujumbura et le risque d’une guerre civile qui plane à l’horizon.

Dans un continent miné par les conflits armés et où 17 pays s’apprêtent à organiser des élections durant l’année 2016, la présidence à vie compromet tout espoir de sortie de crise et remet en cause toute perspective d’un développement politique, social et économique durable, a souligné le chef de l’Onu. “Nous avons tous vu les conséquences tragiques quand ils le font”, a-t-il dit. Les mauvais exemples, souvent tragiques, ne manquent pas. Si, au Burundi, Pierre Nkurunziza a réussi à se faire réélire, en changeant la Constitution grâce à l’appui de l’armée, en Centrafrique, l’ancien président François Bozizé a été chassé au prix d’un meurtrier putsch militaire qui a conduit son pays à la guerre civile et dont l’issue est toujours incertaine jusqu’à maintenant.

En République démocratique du Congo, le président Joseph Kabila n’a aucune intention de céder aux pressions internationales pour se maintenir au pouvoir, négligeant aussi la montée de tensions à Kinshasa contre son projet de révision constitutionnelle devant lui permettre de se représenter en 2017 pour un troisième mandat. Il y a quelques mois, le président des États-Unis, Barack Obama, s’est exprimé devant la même assemblée à propos de ce sujet. “Permettez-moi d’être franc avec vous (…) Les progrès démocratiques en Afrique sont en danger quand des dirigeants refusent de quitter le pouvoir à l’issue de leur mandat”, avait-il déclaré sans détour en juillet dernier au siège de l’Union africaine à Addis-Abeba.

“Personne ne devrait être président à vie”, a déclaré le président US devant l’Union africaine. “Je ne comprends pas pourquoi des gens veulent rester si longtemps au pouvoir, en particulier lorsqu’ils ont beaucoup d’argent ?”, s’est interrogé le président des États-Unis. “Quand un dirigeant essaie de changer les règles au milieu de la partie simplement pour rester en poste, il s’expose à l’instabilité et à la discorde”, a-t-il ajouté, citant explicitement le Burundi. En 2009, invité à s’exprimer devant le Parlement ghanéen, Barack Obama avait expliqué que “le développement dépend de la bonne gouvernance”. Dans l’intervalle, la situation s’est aggravée, et la force a souvent pris le dessus sur le dialogue politique dans la majorité des cas.