Il a annoncé le retrait officiel de son parti de l’alliance,Le cadeau empoisonné de Soltani

Il a annoncé le retrait officiel de son parti de l’alliance,Le cadeau empoisonné de Soltani
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Mais quel capital de crédibilité reste-t-il au MSP qui a tété aux mamelles du système pendant dix ans?

Maintenant qu’il n’y a plus rien à traire d’un système sevré, le MSP regagne sa niche naturelle.

Tel un couperet, la nouvelle du retrait du MSP de l’Alliance présidentielle est tombée hier. Ficelée depuis longtemps, le président du MSP, Bouguerra Soltani a préféré la servir fraîche aux Algériens comme un cadeau pour cette année 2012. Celui de faire rêver les Algériens d’un Etat islamique dans un emballage light estampillé Recep Tayyip Erdogan. Le cadeau n’est-il pas empoisonné? Les deux autres partenaires de l’Alliance, le FLN et le RND, ont minimisé la décision du parti islamiste.

La qualifiant d’abord de non-événement, le porte-parole du FLN, Kaci Aïssa a ensuite estimé que cette décision était «attendue et ne mérite pas de commentaire». Placide, le porte-parole du RND, Miloud Chorfi, a indiqué que le parti «regrette profondément le retrait de l’un des partis de l’Alliance présidentielle».

Cependant, a-t-il ajouté, la décision du MSP «est souveraine et nous la respectons». Toutefois, le RND ne considère pas que le départ du MSP soit véritablement une grande perte car il y a longtemps qu’il a montré la porte de sortie à M.Soltani. Mais pour les observateurs, ce retrait n’augure rien de bon au plan politique. Comme dégât collatéral des révoltes arabes, il y aura une redistribution des cartes et donc de nouveaux rapports de force. Cette situation conduira à l’émergence de nouvelles tendances qui vont bousculer celles qui ont régné jusque-là sans partage. Comme ce sera le cas pour le FLN et le RND lors des prochaines législatives. La crainte est d’autant plus justifiée que le spectre d’un vote sanction envers ces deux partis n’est pas à écarter et l’hypothèse est à prendre très au sérieux. Rompu au jeu de l’entrisme, grisé par l’arrivée des islamistes au pouvoir en Tunisie, au Maroc et en Egypte, le MSP espère donc rejoindre sa niche naturelle qui n’est autre que le terrain islamiste. Pour réintégrer la confrérie, le parti de Soltani doit exécuter certains préalables. Le premier de ces préalables consiste à trancher, sans anesthésie, dans le vif pour couper court avec «ses mauvaises fréquentations politiques». Cette alliance contre nature a cessé d’être une arme pour M.Soltani. Par une incroyable accélération de l’Histoire dans le Monde arabe, elle devient un boulet qui risque de noyer le MSP. Pour surfer sur la vague de l’islamisme, il faut s’en débarrasser s’il veut séduire l’électorat islamiste en jachère. Mais quel capital de crédibilité reste-t-il au MSP qui a tété aux mamelles du système pendants dix ans? Arrivera-t-il à séduire cet électorat islamiste à quatre mois des élections législatives? Dans son nouvel accoutrement d’opposant, Bouguerra Soltani croit fortement en ses chances maintenant qu’il n’y a plus rien à traire d’un système sevré. Lors de ses deux dernières sorties, le Président Bouteflika a signifié explicitement la fin des quotas dans les élections et a même menacé l’administration de poursuites judiciaires si cette dernière venait à truquer les élections qu’il veut désormais «propres et transparentes». Le grand mérite de la défunte Alliance est qu’elle a permis un certain équilibre de la scène politique d’une part et d’isoler les islamistes radicaux des modérés d’autre part. Cet équilibre vient de rompre et c’est la mouvance républicaine, démocratique qui vole en éclats. Les islamistes eux, ne seront que renforcés dans leur conviction d’instaurer un Etat théocratique. Le FLN qui s’est mis lui aussi à «brouter» dans la prairie islamiste arrivera-t-il à contenir la vague verte? Ce n’est pas si sûr surtout qu’il fait face à des problèmes de dissensions internes qui contestent la voie choisie par son secrétaire général, Abdelaziz Belkhadem. Restera alors, seul parmi les loups, le RND comme unique recours à la mouvance républicaine nationaliste et démocratique. Ahmed Ouyahia réussira-t-il là où toute la classe politique a échoué depuis l’ouverture démocratique? Le pari est grand et le duel s’annonce sans pitié entre un Belkhadem qui a de quoi séduire les islamistes et un Ouyahia capable de rassurer les démocrates. C’est ce qui s’appelle le «choc des ambitions».