Il a annoncé l’approfondissement de la Réconciliation nationale : Jusqu’où ira Bouteflika ?

Il a annoncé l’approfondissement de la Réconciliation nationale : Jusqu’où ira Bouteflika ?

Le 4e mandat de Bouteflika sera vraisemblablement celui de la mise en œuvre d’un nouveau chapitre de la réconciliation nationale. Dans son discours d’investiture, le chef de l’État a soutenu que la réconciliation nationale reste sa priorité, sans révéler le contenu du nouveau projet qu’il compte mettre en œuvre, dix ans presque après l’adoption de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale.

Jusqu’où ira Bouteflika dans l’approfondissement de cette démarche phare de ses précédents mandats et qu’il remet en selle aujourd’hui ? Les quelques phrases prononcées lors de son discours d’investiture sur le sujet sont évasives et ne différèrent en rien de ce qu’il a toujours déclaré sur la question. “La main de l’Algérie demeure tendue à ses enfants égarés que j’appelle de nouveau à revenir dans leur foyer. La réconciliation nationale reste ma priorité, au nom du peuple qui l’a fait sienne. En même temps, la loi sanctionnera tout acte terroriste contre la sécurité des citoyens et des biens.” Alors, en quoi la réconciliation nationale version 2014 va-t-elle se distinguer de la concorde civile et de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale de 2005 ?

Le président de la Commission nationale consultative pour la protection des droits de l’Homme, Farouk Ksentini, s’attend “à de nouvelles mesures équivalentes à l’amnistie générale. Je pense qu’il n’y a pas d’autre issue à part la concrétisation de ce choix pour tourner définitivement la page de la tragédie nationale”, dit-il, en précisant qu’il s’agit là d’une hypothèse et de “sa propre lecture” du discours du président de la République.

Pourtant, il y a quelques semaines, en pleine campagne électorale, Ahmed Ouyahia a exclu l’option de promouvoir la réconciliation nationale en amnistie générale.

“Il n’y aura pas d’amnistie. L’État est allé le plus loin possible dans le pardon”, affirme-t-il. Des éléments de réponse peuvent être, éventuellement, contenus dans les doléances réitérées par le président de la cellule d’assistance judiciaire pour l’application des dispositions de la Charte pour la réconciliation nationale, à la veille du dernier scrutin présidentiel.

Son président, Merouane Azzi, a demandé au chef de l’État élu de réfléchir sur la nécessité d’élargir les dispositions de la charte et de prendre des mesures complémentaires.

Mr Merouane Azzi propose la création d’un secrétariat d’État, d’un ministère délégué ou d’une institution qui se chargeront de gérer les dossiers en suspens et de trancher sur le cas des militaires révoqués lors de la décennie noire, des personnes ayant passé plusieurs années en prison, puis acquittées, et des prisonniers jugés par des tribunaux spéciaux et militaires.Les mesures complémentaires de la charte devront, en outre, prendre en charge, selon lui, les dossiers des enfants nés dans les maquis et les industriels qui ont été touchés matériellement par le terrorisme.

Durant ses précédents mandats, Bouteflika a organisé deux référendums. Le premier, en 1999, sur la “concorde civile” . Le second, en 2005, a permis l’adoption d’une “Charte pour la paix et la réconciliation nationale”, offrant le “pardon” aux terroristes encore dans le maquis, en échange de leur reddition. Mais ces initiatives, qui n’ont pas été accompagnées par une recherche de la vérité sur les crimes commis, ont été rejetées par la majorité des familles des victimes. Le bilan de la réconciliation nationale est très controversé.

Si la possibilité de repentance offerte aux terroristes dans les différentes étapes du processus enclenché en 1999 n’a pas permis de mettre définitivement un terme au terrorisme, qui pourrait affirmer que l’amnistie générale, si elle venait comme le pense Farouk Ksentini à être promulguée, serait capable de le faire ?

“La main tendue” devrait avoir une durée déterminée et une fin, sinon la démarche risque d’avoir l’effet inverse.

N. H