Jusqu’à nos jours, l’écriture littéraire africaine ou noire, qu’elle soit d’expression française, anglaise, hispanique ou portugaise, reste méconnue du grand public arabe, malgré plus d’un demi-siècle après les indépendances des pays africains. C’est ainsi que la problématique de la littérature africaine est posée. D’ailleurs, si on pose la question « que sait-on sur la littérature africaine et ses précurseurs ? », rares sont ceux qui pourront y répondre. La raison donnée, toujours dans l’introduction, est liée à la période coloniale.
Comme rapporté par l’histoire, le continent africain a fait l’objet de partage entre les puissances du Vieux Continent. À cet effet, le colonialisme « a enchaîné et mis des barrières, rompant ainsi avec les cercles des échanges et de communication anciens entre le monde arabe et l’Afrique ».
De plus, est-il mentionné dans le livre, l’intellectuel arabe a aussi une part de responsabilité dans ce phénomène d’ignorance de l’écriture littéraire africaine.
Et c’est pour pallier à cet incident culturo-littéraire, que l’association El Beyt pour la culture et les arts, présidée par le journaliste et auteur Boubeker Zemmal, a édité, en collaboration avec le ministère de la Culture, un ouvrage faisant office d’anthologie sur la littérature. Cette anthologie, intitulée Alwan el adab el aswad (qu’on peut traduire par soit « les couleurs de la littérature noire », soit par « les courants de la littérature noire »), met en évidence les grands noms qui ont fait, et le font toujours – même si certains ne sont plus de ce monde, de la littérature africaine… Réalisé sous la direction de Driss Boukhari et paru dans la collection Zahr Al Adab, cet ouvrage, qui rassemble 25 auteurs africains et haïtiens, s’articule autour de trois chapitres avec, au début, une présentation – qui fait office de présentation – de l’histoire de la littérature noire contemporaine.
Une histoire qui remonte jusqu’aux cris lancés depuis les exploitations où travaillaient les esclaves d’Afrique « déportés » en Amérique jusqu’aux hymnes et sons de tamtam, annonciateurs de l’indépendance du continent-mère.
Viennent ensuite trois grands axes. Chacun aborde un espace particulier dans lequel l’écriture littéraire a pris forme. On peut citer : l’espace anglophone, l’espace francophone et en dernier l’espace portugais. Dans sa présentation de l’histoire de l’écriture littéraire noire, Idriss Boukhari met la lumière sur un point important qu’est l’influence.
À vrai dire, toujours selon l’auteur, « la littérature africaine a été beaucoup influencée par la tradition orale qui a ses racines au plus profond du continent (…) » (Présentation page 13). Et au fil de cet historique, très important et surtout très riche, le lecteur arrive à mieux comprendre le fonctionnement de la littérature ou plutôt de l’écriture littéraire dans ce continent.
Plus loin, on trouve une sorte de préface écrite par Geral Moore et dans laquelle il livre tous les éléments et de quelle tendance ils sont. On constate que l’élément social a eu un impact sur l’écriture littéraire africaine. Comprendre par là tout ce qu’a traversé ou vécu ce continent comme expériences.
Après, c’est le premier espace abordé, à savoir l’espace anglophone, où l’auteur nous livre les principales figures de proue de la littérature, qui ont marqué ce genre en Afrique, tels que Shinouhat Ashab, ou Amos Totouala et bien d’autres, tous ces auteurs ont, d’une manière ou d’une autre, contribué ou permis l’essor de l’écriture littéraire dans cet espace, à savoir les pays africains colonisés, à l’époque par la Grande-Bretagne.
Il en est de même pour le deuxième espace : l’espace francophone, où à travers la voix (ou plutôt les écrits) de Monroe Betty, Léopold Sédar Senghor ou autres Camara Laye et Chérif Osmane… c’est la vie au quotidien qui se reflète dans leurs œuvres, ce sont plusieurs sujets qui sont abordés avec un regard plus vrai, plus authentique et surtout plus réaliste.
On plonge dans la vie en Afrique, comme vécue par ses habitants. Pareil pour le dernier espace : l’espace d’expression portugaise, qui avec Augustinho Nweto ou J. Krafinha, c’est un regard sur une société qui transparaît dans ces œuvres ! Alwan el adab el aswad, une anthologie littéraire qui réhabilite l’écriture littéraire de tout un continent avec ses diversités et ses genres.
Une écriture très riche par ses influences et surtout dans ses traditions. Facile à lire et surtout très enrichissant, cet ouvrage est à conseiller aux amoureux de la littérature.