Affichant un profil d’homme d’Etat qui a pleinement réussi sa mission de Premier ministre, poste pour lequel il a été désigné à la mi-novembre 2008, Ahmed Ouyhia, qui était ce jeudi l’hôte des parlementaires de la chambre basse, semblait manifestement satisfait des réalisations accomplies par le gouvernement durant le précédent quinquennat.
«Les objectifs du précédent programme présidentiel ont été largement concrétisés», a-t-il souligné d’entrée dans la déclaration de politique générale du gouvernement.
La présentation par le Premier ministre de ce document devant les députés de l’APN, qui une fois n’est pas coutume, étaient nombreux à prendre part à ce rendez-vous, est «un devoir énoncé dans l’article 84 de la Constitution», a tenu à rappeler le Premier ministre.
«La déclaration de politique générale recouvre la jonction entre la fin du programme quinquennal, pour ne pas dire une décennie complète d’efforts, et le démarrage d’un programme d’investissements publics totalisant plus de 21 000 milliards de dinars, soit plus de 280 milliards de dinars pour les années 2010-2014», a-t-il ajouté.
Les objectifs attendus de la mise en application du futur programme quinquennal s’articulent autour de la consolidation des réformes et de l’approfondissement du développement humain, «mais aussi et surtout de faire accomplir au pays un saut qualitatif vers une économie solide et diversifiée», a tenu à préciser le Premier ministre.
Lutte antiterroriste, disparus et victimes de la tragédie nationale
Dans ces domaines, le constat établi par Ouyahia est éloquent. «Le terrorisme a été défait sur le terrain grâce à l’engagement exemplaire de l’ANP, des forces de sécurité et de citoyens volontaires», a souligné le Premier ministre.
Et d’ajouter que «le terrorisme fait désormais l’objet d’une condamnation unanime dans notre pays.
Il ne saurait prétendre à un quelconque alibi politique et se trouve aujourd’hui réduit à sa seule vocation criminelle. Les groupuscules criminels qui survivent n’ont aucun avenir». Ouyahia persiste et signe en mettant en avant la détermination de l’Algérie à éliminer les séquelles du terrorisme.
Evoquant les dispositions légales mises en application dans le cadre du processus de réconciliation nationale, Ahmed Ouyahia fera savoir que sur les 6478 dossiers de disparus, seuls 35 sont encore en voie de règlement avec les familles concernées. Sur 13 332 familles éprouvées par l’implication de l’un de leurs proches dans le terrorisme,
seuls 57 cas sont toujours en cours de traitement. Sur les 10 400 dossiers relatifs aux licenciements, seuls 23 demeurent en phase d’épurement, parmi les requérants ayant prouvé que la perte de leur emploi était liée aux événements de la tragédie nationale.
Le Premier ministre fera part en outre que le doublement des effectifs de la police et de la Gendarmerie nationale a concouru à faire reculer la criminalité de plus de 30% en quatre années.
Améliorer les conditions de vie du citoyen
Le Premier ministre rappellera que la crise du logement a été allégée avec plus d’un million d’unités livrées durant les cinq dernières années. Ouyahia n’omet pas de souligner l’accès du citoyen aux commodités de la vie moderne en mettant l’accent sur le taux d’électrification dépassant les 98% des foyers, un taux de 93% pour l’accès au réseau d’eau potable et un taux de 86% pour le raccordement au réseau d’assainissement.
Les efforts des pouvoirs publics tendant à réduire l’impact de la crise du logement s’inscrivent dans la durée, comme l’atteste cette ambition de réaliser 2 millions d’unités prévues dans le prochain quinquennat. Le Premier ministre citera par la suite les acquis réalisés dans le domaine de la santé publique,
en affirmant que le «nombre de lits d’hôpitaux pour mille habitants a presque doublé, que le nombre d’habitants par médecin spécialiste a été réduit de moitié, que le taux de mortalité infantile a reculé d’un tiers». Ahmed Ouyahia ne manquera pas de souligner les progrès, selon lui, «remarquables» réalisés dans les domaines de l’éducation et de l’enseignement supérieur.
Le déficit budgétaire et l’industrie comme maillon faible
Sans vouloir faire dans les discours de faux-fuyants, le Premier ministre fera savoir que l’Exécutif s’attend à un déficit budgétaire «marqué» à la fin de l’exercice 2010.
Cette situation résulte des besoins financiers que requiert le programme quinquennal 2010-2014, auxquels il faudra ajouter l’augmentation des dépenses engendrées par les nouveaux régimes indemnitaires, le recrutement massif dans la Fonction publique et la hausse des transferts sociaux s’élevant à plus de 1200 milliards de dinars en 2009.
Du coup et pour combler ce déficit, le Premier ministre a souligné que le fonds de régulation des recettes (FRR) «accueille une épargne publique stratégique qui accompagnera le financement du programme d’investissement de l’Etat».
Ouyahia précisera que le montant du FRR est passé de 1842 milliards de dinars en 2005 à 4316 milliards de dinars fin 2009. L’autre appui dont dispose le Trésor public pour assurer le financement du programme quinquennal 2010-2014, le remboursement de la dette publique interne, qui est ramenée à 800 milliards de dollars en 2009.
La dette extérieure représente, quant à elle, un montant qui est de l’ordre de 4 milliards de dollars, a affirmé le Premier ministre, précisant sur sa lancée que «tout emprunt extérieur demeure exclu».
Ahmed Ouyahia notera par ailleurs que le créneau de l’industrie nationale demeure le maillon faible de l’économie nationale avec un taux de contribution de près de 5% de la valeur ajoutée globale en 2009. Pour autant et selon Ahmed Ouyahia, «l’Algérie dispose d’une importante base industrielle ayant besoin de relance et de savoir-faire».
Cela dit, l’Exécutif ambitionne de revoir à la hausse la contribution de l’industrie à la valeur ajoutée globale pour atteindre les 10% à l’horizon 2014. Par ailleurs, le Premier ministre assure que les projets du métro et du tramway d’Alger seront livrés à partir de l’année prochaine.
D’autre part, tout en affirmant la souveraineté de l’Etat dans ses orientations économiques, notamment en matière d’investissement étranger, Ahmed Ouyahia a qualifié «d’alarmistes» les critiques émanant de certains opérateurs étrangers. «Les entreprises étrangères considéraient légitime de conserver l’Algérie au rang de marché très attractif, dès lors que ce dernier leur semblait acquis sans aucun effort.
Mieux, certains investisseurs étrangers qui ont prospéré sur le marché local ont d’abord été guidés par le gain spéculatif quitte à ignorer les autorités et la souveraineté de ce pays, ou à tenter d’en violer les lois impunément», a encore dénoncé le Premier ministre. De son avis, «l’Algérie est cruellement en manque de savoir-faire, de technologie, de management moderne et de partenaires à même d’ouvrir demain d’autres marchés à des productions en association».
Mise en garde contre les pratiques religieuses étrangères
Les propos du Premier ministre ne souffrent aucune équivoque : «Le gouvernement oppose la rigueur de la loi à toute tentative d’introduire dans notre pays des pratiques et des discours religieux étrangers à nos traditions ou de détourner la mosquée de sa vocation unificatrice», a fait savoir Ahmed Ouyahia, tout en rappelant que la liberté de culte sera toujours garantie par la loi.
Au regard de Ahmed Ouyahia, la promotion de l’Islam, religion de l’Etat est l’engagement résolu notamment à travers l’accroissement du nombre des mosquées, leur encadrement de plus en plus généralisé par les imams formés et recrutés par l’Etat ainsi que l’enseignement du Saint Coran.
Par Karim Aoudia