Invité sur le plateau de Berbère Télévision lundi dernier, Mouloud Iboud a fait un constat amer de la situation que traverse la JSK ces dernières années. Ses vérités risquent de blesser certaines personnes, mais il prévient qu’il dit toujours ce qu’il pense. Dans l’intérêt de la JSK, il lance un appel en direction des supporters et des industriels pour venir en aide à son équipe de toujours. Le concernant, il se dit prêt à revenir pour peu que ses conditions soient acceptées par la direction actuelle.
«La fatigue n’est pas la seule cause de ce mauvais départ»
L’ex-capitaine emblématique de la JSK, Miloud Iboud, estime que le mauvais départ en championnat n’est pas dû seulement à la fatigue. Il avoue qu’il ne s’attendait pas à ce que l’équipe réalise un aussi mauvais parcours. «Certains disent que les joueurs sont fatigués suite à leur participation à la coupe de la CAF. Toutefois, j’estime qu’il y a d’autres raisons qui ont fait que l’équipe collectionne des contreperformances. En parlant de la fatigue, on constate que même quelques-uns de ceux qui n’ont pas joué la coupe de la CAF n’ont pas apporté le plus attendu d’eux», soulignera Iboud.
«La JSK est grande pour certaines recrues»
Connu pour son franc-parler, Iboud a confié que certaines nouvelles recrues n’ont pas le niveau pour jouer à la JSK. Il n’a pas voulu citer des noms pour éviter toute polémique. «La JSK est grande pour certains joueurs. Certaines nouvelles recrues n’ont pas le niveau pour porter le maillot de la JSK. D’autres, par contre, ont trouvé chaussures à leurs pieds», regrette-t-il.
«Lorsque tu recrutes 11 joueurs, tu dois libérer 11 joueurs»
Pour Iboud, l’une des raisons des résultats catastrophiques enregistrés cette saison par la JSK est l’instabilité de l’effectif. «Lorsque tu recrutes 11 joueurs, tu dois automatiquement libérer 11 joueurs pour ne pas dépasser le nombre de licences autorisées par la FAF. Cette instabilité influe sur l’équipe, d’autant que certains nouveaux joueurs n’ont pas le niveau pour jouer à la JSK.»
«Avant la JSK recrutait 2 à 4 bons joueurs seulement»
Connaissant l’histoire de la JSK comme sa poche, Iboud se rappelle encore de l’époque où elle écrasait tout sur son passage. «On recrutait 2 à 4 bons joueurs seulement. Mais maintenant on change d’équipe pratiquement chaque saison.»
«La force de la Jumbo-JET est due au travail et non pas au hasard»
Tous les amoureux des Canaris regrettent les années d’or de leur équipe, notamment la période Jumbo-JET. Iboud a expliqué la réussite de cette génération par le travail. «On s’entraînait trois fois par jour. La première séance à 7h, la seconde à 10h et la troisième à 16h. On avait tous les moyens de récupération à notre disposition. Même Rachid Natouri, un ancien professionnel, était venu une fois à Tizi Ouzou et il avait déclaré à Hanafi et à Khalef que même les clubs professionnels ne disposaient de ces moyens de récupération. La réussite de la Jumbo-jet n’était pas due au hasard, mais au travail.»
«Même Menad nous avait déclaré lorsqu’il était à Nîmes qu’il travaillait moins que quand il était à la JSK»
Afin de confirmer ses dires concernant la qualité du travail qu’effectuait la Jumbo-jet, Iboud a cité l’exemple de Menad qui leur avait déclaré une fois à son retour de Nîmes qu’il travaillait moins que lorsqu’il était à la JSK. «Après avoir signé à Nîmes, Menad avait profité de la trêve hivernal pour venir s’entraîner avec nous à Tizi Ouzou. Il nous avait déclaré que la charge de l’entraînement à Nîmes était inférieure à la nôtre. C’est vous dire qu’on travaillait beaucoup», a rappelé Iboud.
Les navettes entre Alger et Tizi sont la cause de la méforme des joueurs»
S’exprimant sur les allers-retours que font certains joueurs entre Alger et Tizi Ouzou, Iboud a clairement déclaré que ces navettes influent sur les joueurs. «L’entraîneur Rachid Belhout comptait déjà interdire aux joueurs habitant à Alger de rentrer chez eux après l’entraînement. Un joueur a besoin de récupérer après une séance d’entraînement, or celui qui fait le trajet entre Alger et Tizi Ouzou, surtout avec le barrage de Reghaïa, passera près de trois heures au volant. Cela est déconseillé aux joueurs.»
«La JSK ne fait plus peur et elle est devenue presque une équipe quelconque»
En comparant la JSK d’avant à celle d’aujourd’hui, Iboud a avoué que la JSK de ces dernières années ne fait plus peur. «Je dirais qu’elle est devenue presque une équipe quelconque. Elle ne fait plus peur. Avant elle était une équipe à battre et les autres équipes n’attendaient qu’à affronter la JSK. Tellement elle était forte, les autres équipes ne pensaient qu’à gagner contre la JSK. Mais maintenant ce n’est plus le cas puisqu’elle ne fait plus peur.»
«Les joueurs ne pensent qu’à l’argent et ils manquent de combativité»
Tout le monde sait que les anciens joueurs de la JSK jouaient par amour pour le club. Ils se donnaient à fond sur le terrain pour représenter dignement leur région. Iboud pense que les joueurs ne pensent qu’à l’argent. «C’est tout à fait normal que les joueurs songent à leur retraite, surtout lorsqu’ils voient dans quelles conditions étaient les anciens. Mais ils doivent être combatifs sur le terrain afin de mouiller leurs maillots. Il n’y a pas que l’argent qui compte en football, car ils doivent penser aussi aux supporters. En Europe, lorsqu’un joueur marque, il se dirige vers les fans tout en embrassant son maillot pour leur signifier qu’il le défend avec abnégation.»
«Il faut apprendre aux joueurs l’histoire de la JSK»
Etant un enfant de la JSK, Iboud regrette que les joueurs actuels ne connaissent même pas les anciennes gloires de leur équipe. «Le nif est une chose qu’on n’apprend pas à l’école. Il faut apprendre aux joueurs l’histoire de la JSK. Ils doivent savoir que c’est grâce à des joueurs qui mangeaient de la galette et de la tomate qu’ils touchent aujourd’hui des sommes colossales. Au Real Madrid ou au Barca, pour ne citer que ces deux clubs, les murs du tunnel séparant le terrain des vestiaires sont remplis de photos des anciens joueurs.»
«On craignait Abdelkader Khalef»
L’ancien défenseur de la JSK n’oubliera jamais le défunt Abdelkader Khalef. Il a affirmé que celui-ci avait une forte personnalité et que tous les joueurs le craignaient. «Il nous demandait à chaque fois de faire le maximum pour gagner nos matches.»
«C’est anormal de limoger un entraîneur après 4 matches»
Sans citer nommément Saïb, Iboud trouve que c’est anormal de limoger un entraîneur après 4 matches seulement. «Tu es qui pour changer un entraîneur après 4 matches ? Il faut lui donner du temps et à la fin de la saison il faut se réunir avec les membres du bureau pour prendre une décision concernant l’entraîneur. Lorsqu’on recrute un entraîneur, c’est comme un contrat de mariage. Même ta femme, tu ne peux pas savoir ce qu’elle aime et ce qu’elle déteste lors des premières semaines. L’instabilité des entraîneurs se répercute sur l’équipe, car chaque coach a sa propre conception», a-t-il déclaré avant d’ajouter que Saïb a fait les frais de cette instabilité.
«Ighil voulait jouer à la JSK avant de vouloir l’entraîner»
L’ancien capitaine des Jaune et Vert a fait une confidence de taille en affirmant au cours de l’emission «Addal Plus» que Meziane Ighil voulait jouer à la JSK dans les années 70. «Ighil voulait venir à la JSK en 1975 ou en 1976, mais ce n’était pas possible, car le NAHD avait aussi un grand président. Il aimait les joueurs de la JSK et c’était un bon ami à moi. Il l’est toujours d’ailleurs. Il voulait aussi entraîner la JSK depuis bien longtemps et je suis sûr qu’il fera du bon travail.»
«Il a une forte personnalité et un vécu sportif»
En parlant d’Ighil, Iboud l’a encensé en disant qu’il a une forte personnalité. «Il a du charisme et il parle français, kabyle et arabe. Il a tout fait dans sa vie. Il a joué au football, il a exercé le métier de journaliste, il a été entraîneur, DTS et président»
«Il a hérité d’une équipe sans âme»
Ayant pris l’équipe en main depuis la deuxième journée, Meziane Ighil fait de son mieux pour la remettre sur le bon pied. «Il a hérité d’une équipe sans âme. Il était déjà surpris de trouver l’équipe dans une telle situation. Il lui faudra du temps pour la remettre sur les rails.»
«Ighil a du courage et il a signifié à ses joueurs que personne n’est indispensable»
Commentant les mesures prises par Ighil depuis sa venue, Iboud déclare qu’Ighil a du courage. «En décidant de sanctionner les retardataires et ceux qui écopent gratuitement de cartons rouges, Ighil a mis tout le groupe sur un pied d’égalité. Il leur a signifié qu’aucun joueur ne peut gagner à lui seul un match. La JSK, à mon époque, avait joué sans moi, sans Fergani et sans Amara, mais elle gagnait ses rencontres», affirmera Iboud qui a tenu à ajouter que Khalef gérait le groupe avec une main de fer. «Lorsque nous étions joueurs, on bénéficiait seulement de deux paires de chaussures. L’une pour l’entraînement et l’autre pour la compétition. Un jour, un joueur dont je préfère taire le nom, est venu aux entraînements avec les chaussures de la compétition, Khalef lui avait intimé l’ordre d’aller chercher la paire des entraînements, mais il n’était pas revenu, il lui avait interdit de s’entraîner le lendemain avec le groupe en lui disant qu’il devait présenter d’abord ses excuses.»
«Si les responsables laissent Ighil travailler, on verra un autre visage de la JSK Meme s’il reconnaît que l’actuel coach a du pain sur la planche, Iboud recommande aux dirigeants de le laisser travailler. «Si on laisse Ighil travailler, on verra un autre visage de la JSK. Même sur le plan du jeu, l’équipe ne va pas s’améliorer beaucoup, il changera beaucoup de choses», estime-t-il.
«Je suis prêt à revenir sous conditions»
Mouloud Iboud n’écarte pas son retour à la JSK. C’est ce qu’il a déclaré hier sur le plateau de Berbère Télévision. «Je suis prêt à revenir, mais sous conditions. Le bureau de la JSK était à la nouvelle ville. Moi, j’habitais au-dessus, mais à aucun moment on a fait appel à moi. Ils avaient remporté des titres, mais ils ne m’avaient jamais invité. On dirait que je suis venu de Laghouat, alors que je suis un vrai enfant de la JSK. Mon seul problème avec la direction, c’était seulement le foot.»
«J’ai dit une fois à quelqu’un que les portes du club sont ouvertes, mais il y a des chiens comme vous»
Revenant sur la fameuse réunion tenue la veille du derby face à la JSMB, l’ex-capitaine de la JSK a affirmé qu’à la fin du dîner, le président Hannachi leur avait demandé de dire ce qu’ils avaient sur le cœur. «Toute l’assistance s’est retournée vers moi. J’ai pris le micro et après avoir dit ce que j’avais sur le cœur, il m’a envoyé un jeune pour me dire que les portes du club sont ouvertes et vous vous plaignez. Je lui ai répliqué que les portes du club sont certes ouvertes, mais il y a des chiens comme vous qui nous empêchent d’entrer.»
«La JSK a besoin de tous ses enfants»
Soucieux de l’avenir de son équipe de toujours, Iboud espère que les supporters finiront par revenir et que les industriels aideront le club. «La JSK a besoin de tous ses enfants. Il n’y a pas un Kabyle qui n’aime pas la JSK. Si je suis aujourd’hui à Berbère Télévision, c’est grâce à la JSK ; si je me suis soigné en France, c’est grâce à elle. C’est la JSK qui nous rassemblait tous avant.»
«J’ai peur de partir sans avoir servi la JSK»
Personne ne peut douter de l’amour d’Iboud pour la JSK. Il est l’un des rares joueurs à ne pas avoir changé de club. Il a porté son maillot pendant plusieurs années, mais il a failli quitter ce monde sans avoir servi son équipe de toujours. «J’ai peur de partir sans servir la JSK.»
M. A.
Son appel pour l’union
Avant de clore l’émission, Iboud a lancé un appel en direction de tous les supporters et des industriels pour aider l’équipe dans ces moments difficiles.
Son aveu sur un joueur
Lors de son intervention, Iboud a confié qu’un supporter s’est rapproché d’un joueur après une contreperformance pour lui dire que l’équipe n’était pas à la hauteur. Ce joueur lui a réplique que c’est Hannachi qui le paye et c’est à lui de lui demander des comptes.